Synopsis

Banlieue de Milan début des années 1970, Lulù Massa est ouvrier à L’usine B.A.N. Tous les matins et tous les soirs, lui et ses collègues sont accueillis par les syndicats étudiants qui les exhortent à cesser le travail et commencer la révolte ouvrière qui mènera à la révolution prolétarienne. Comme ses collègues il travaille à la pièce: chacun fabrique une pièce de son côté mais quelle que soit la quantité produite le salaire est le même. C’est un forcené du travail, son rendement est le meilleur de l’entreprise qui se base sur lui pour pousser les autres ouvriers à suivre la même cadence. Ces derniers détestent Lulù car à cause de lui, ils sont harcelés par la direction qui veut plus de productivité. De plus Lulù se vante de ses exploits de stakhanoviste. Son rendement facile: il pense à un cul chaque fois qu’il fabrique une pièce, plus il en fabrique et plus il imagine de culs! Mais chez lui il néglige sa femme et son fils car il rentre fatigué du boulot et s’endort devant la télé. Un jour harcelé par ses collègues alors qu’il manipule une pièce dans une machine il perd un doigt. C’est le prétexte que cherchait les syndicats ouvriers pour faire grève…

CRITIQUE

Avant toute chose il faut savoir que Elio Petri a été communiste, il a notamment collaboré comme critique de cinéma pour le quotidien du Parti communiste italien « L’unità ». Et si après 1956 il quitte le parti, il n’en reste pas moins un homme de gauche.
Il en est de même pour Ugo Pirro scénariste de gauche et Gian Maria Volontè acteur proche du parti communiste qui au début des années 1970 a décidé de ne plus participer qu’à des films ayant un message engagé politiquement à gauche!
Ceci étant dit préoccupons nous du film.

Il s’ouvre sur une musique martiale comme tout hymne communiste, mais aussi pour amener le spectateur à la préoccupation de la cadence de travail des ouvriers qui entrent dans leur usine. Ennio Morricone y introduit des bruits qui font penser aux bruits des machines outils sur lesquels s’échinent ces hommes que l’on paye juste assez pour qu’ils puissent survivre et ne penser qu’à retourner le lendemain au boulot.

Elio Petri et son scénariste qui font un constat amer de la condition ouvrière en appellent-ils pour autant à la révolution prolétarienne? Non, car celle-ci réclamée par les étudiants du film qui ne savent rien de la vie ouvrière, semble vouée à l’échec. Car à la question qui se pose « Comment fait-on sans une classe bourgeoise dirigeante? », les réponses ne se bousculent pas au portail de l’usine.

Elio Petri et Ugo Pirro semblent plus favorables à un syndicalisme profondément prolétarien mais qui négocie pied à pied les avancées sociales pour les ouvriers. En cela ils contredisent les « Brigades Rouges » qui ont basculé du côté des étudiants et finiront dans une lutte armée qu’ils ne sauront plus contrôler.

Elio Petri voudrait que les ouvriers aillent au paradis mais le fait de passer de la fabrication à la pièce, à la fabrication à la chaîne est-il le bon chemin?
La folie guette les ouvriers. Le paradis serait-il l’asile de fous? Les questions semblent sans réponse. Elio Petri filme les ouvriers sur leur poste de travail et dans leur foyer comme peu de films l’ont fait. Beau réalisme.

Gian Maria Volontè en ouvrier tout d’abord stakhanoviste exalté qui, après la perte de son doigt prend conscience que jamais la direction de l’usine ne fera quoique ce soit pour lui, alors qu’il est l’élément le plus « rentable », se révolte puis tombe en dépression. Il est d’un expressionnisme ahurissant.
Salvo Randone en ancien ouvrier frappé de folie douce est magistral.
Mariangela Melato femme de l’ouvrier duquel elle finit par se séparer reçoit 1 David di Donatello spécial pour ce rôlrueducine.com-davide-di-donatelloe et celui du film de Lina Wertmüller « Mimi, métallo blessé dans son honneur » (« Mimi, metallurgico ferito nell’onore« ).

Quant à la musique du maestro Ennio Morricone c’est une merveille.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Suite à son licenciement après une manifestation aux portes de l’usine Lulù que sa femme a quitté et qui se retrouve seul au milieu d’objets laids et inutiles tombe en dépression. Il finit par massacrer une poupée de son fils représentant Picsou. Du grand Gian Maria Volontè.

rueducine.com-palme-d-orL’ANECDOTE

Grande année pour Gian Maria Volontè qui voit au Festival de Cannes de 1972 deux des films où il a participé « L’affaire Mattei » de Francesco Rosi et « La classe ouvrière va au paradis » recevoir la palme d’or ex-æquo.

Il reçoit une mention spéciale (qui n’est pas le prix d’interprétation, donné cette année là à Jean Yanne pour le film « Nous ne vieillirons pas ensemble » de Maurice Pialat)

« La classe ouvrière va au paradis » reçoit le David di Donatello du meilleur film italien.rueducine.com-davide-di-donatellorueducine.com-nastro-d-argento

Mariangela Melato et Salvo Randone reçoivent le Nastro d’Argento (prix de la critique) chacun dans sa catégorie.

NOTE : 15/20

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