Synopsis

Turin milieu des années 1970, Garrone, un architecte mal élevé et goujat est retrouvé mort chez lui. Il fréquentait la haute société turinoise, bien que celle-ci le méprisa. L’arme du crime est un phallus en pierre, asséné sur son crâne. Sur les hauteurs de Turin, Anna Carla Dosio, femme d’industriel qui s’ennuie a écrit à son ami Massimo Campi qu’elle ne supportait plus cet individu et qu’il fallait débarrasser la ville de ce gêneur. Cette lettre arrive dans les mains du commissaire Santamaria fraîchement nommé à Turin, par les ex employés de maison sardes de Dosio virés la veille de l’assassinat…

CRITIQUE

Disons les choses nettement. Ce n’est pas le meilleur film de Luigi Comencini.

Mais il est quand même de grande tenue. Le portrait de la haute bourgeoisie qui habite les collines au-dessus de la ville est assez saisissant. On sent que pour eux descendre au cœur de la ville pour les mondanités, les sorties culturelles ou les soirées au restaurant, relève de l’aventure, voir de l’encanaillement.

La bourgeoisie raffole du marché au puce du Balon où l’on peut côtoyer la lie de la cité et ses congénères.
Car on s’y emmerde sur les hauteurs turinoises. Pour passer le temps on se plaint des ouvriers ou des employés de maison. Et l’on mégote sur la façon de prononcer « Boston » ou « Taxi ».  L’enquête policière qui leur tombe dessus est une aubaine pour passer le temps à la veille d’un été qui promet d’être chaud et très ennuyeux.

Il ne faut pas s’attendre à une enquête menée tambour battant façon films polizziotteschi avec coups de feu à gogo et poursuites en voiture dans les rues de Turin.
Luigi Comencini et les deux scénaristes Age & Scarpelli très férus de littérature policière font plutôt dans le style Agatha Christie. C’est aussi le roman du duo Fruttero e Lucentini qui impose au scénario un film policier avec un commissaire très spectateur du monde qui l’entoure. Et un ton très sarcastique et mordant.

Il manque au film un personnage important dans le roman, c’est la ville de Turin espèce d’ogre corrompu qui broie les âmes.
Sans toutefois piétiner les plates bandes de la comédie à l’italienne dont Comencini, Age et Scarpelli sont parmi les plus grands auteurs, le ton du film est toutefois assez féroce.

Marcello Mastroianni entre dans le costume de ce flic originaire de Rome et qui observe les mœurs turinoise d’un œil goguenard et en même temps qui sait remettre d’une pichenette orale les suspects à leur place quels qu’ils soient.
Jacqueline Bisset est quant à elle bien entendu sublime de beauté, mais aussi grandiose en tant qu’actrice. L’ennui lui sied à ravir.
Enfin Pino Caruso en commissaire désabusé est remarquable.

La musique d’Ennio Morricone qui à l’écoute sans les images ne semble pas très inspirée, donne tout son sens avec les images. On y ressent cette lassitude, cette chaleur estivale qui écrase la ville, et aussi le désenchantement de la vie bourgeoise turinoise.

 

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Le commissaire De Palma originaire de Sicile demande à un policier les résultats sur la recherche d’un sac de plage avec une étoile de mer. Celui-ci répond qu’ils n’ont rien trouvé sur une centaine de boutique. Réponse désabusée (avec accent sicilien) du commissaire : « La polizia chiede aiuto, la polizia ha le mani legate, la polizia non puo sparare, la polizia non trova mai un cazzo » Ceci est une énumération de titres de 3 célèbres films poliziotteschis, dont les titres évoquent les supposées « failles » des hommes de loi face à la violence des années de plomb. Le dernier « La police n’est pas foutu de trouver quoi que ce soit » est une invention ironique de titre.

L’ANECDOTE

L’année précédente Luigi Comencini avait tourné « Mon dieu comment suis-je tombée si bas…? » (« Mio Dio come sono caduta in basso?« ) (1974) un des fleurons de la comédie à l’italienne.

NOTE : 15/20

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