Synopsis

Cherbourg, au soir de la Saint Sylvestre, le notaire Jérôme Martinaud en costume de soirée, entre dans le bureau de l’inspecteur Antoine Gallien. Tôt le matin, il a appelé la police après avoir trouvé le corps d’une fillette violée et étranglée dans un bois non loin d’un terrain communal. Huit jours auparavant une fillette avait été trouvée morte dans les mêmes circonstances au bord d’une plage non loin de la ville. L’inspecteur Gallien est secondé par l’inspecteur Belmont qui tape à la machine le procès verbal…

CRITIQUE

Le film qui révéla Claude Miller (1942-2012) au grand public.

Superbe confrontation entre un inspecteur de police opiniâtre et un notable dont le statut de témoin glisse peu à peu vers celui de suspect au long de la nuit.

Le film bénéficie de plusieurs atouts : Un scénario magistral, une mise en scène exemplaire et enfin une distribution magnifique très inspirée.

Claude Miller a fait deux films « La meilleure façon de marcher » (1976) et « Dites-lui que je l’aime » (1977) deux films qui n’ont pas trouvé une résonnance auprès du grand public. Une société de production lui propose le projet de « Garde à vue« .

Il accepte donc de tourner ce film de commande qu’a développé Michel Audiard touché par la thématique de l’enfant absent. Michel Audiard a délaissé le film « Le professionnel » de Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo laissant la main à son fils Jacques Audiard. Michel Audiard trouve dans ce drame bourgeois un écho à sa propre vie, à son propre désespoir. Si les Martinaud n’ont pas eu d’enfant, Michel Audiard a perdu un de son fils aîné dans un accident. Michel Serrault aussi a perdu une fille dans un accident. Il sera l’interprète qui représentera Michel Audiard dans leurs projets suivants.

Face à la gageure du huis-clos il s’embarque dans un énorme travail en amont sur la mise en scène et le cadrage. Ce qui fait que le film propose des plans variés sur ses dialogues à trois (Gallien-Belmont-Martinaud, puis Gallien-Adami-Martinaud) sans tomber dans les plans absurdes de plongée et contre-plongée appuyés dans lesquels il aurait facilement pu trouver de fausses solutions.
Le film est fluide dans sa mise en scène. Personnellement je pense même qu’il aurait pu éviter les plans des corps des filles, du phare et du couloir dans la maison des Martinaud. Et conserver ceux de la petite Camille avec Martinaud.

Le clou du spectacle reste dans l’interprétation générale.
Le choix inédit du tête à tête entre Lino Ventura et Michel Serrault. C’est le film qui révèle Michel Serrault dans un rôle dramatique. Pourtant l’année précédente dans le film « Pile ou face » (1980) de Robert Enrico il avait déjà fait montre d’un grand talent dramatique, là aussi dans un polar dans lequel il interprétait un personnage ambigu face à un flic interprété par Philippe Noiret.
Lino Ventura conscient que Michel Serrault fait une performance ne se laisse pas écraser pour autant.
Guy Marchand en flic imbécile (déjà excellent dans le même registre dans « Coup de torchon » (1981) de Bertrand Tavernier) confirme que c’est un rôle qui lui va à merveille.
Enfin Romy Schneider fait une apparition sensationnelle.

rueducine.com-cesarCe film reçoit 4 Césars meilleur acteur pour Michel Serrault, meilleur scénario pour Claude Miller et Jean Herman, meilleur acteur dans un second rôle pour Guy Marchand et meilleur montage pour Albert Jurgenson.

La musique de Georges Delerue à l’orgue de barbarie qui rappelle les comptines enfantines interpelle le spectateur.

 

Ce film est recensé dans la page : LE FILM POLICIER ET LE THRILLER FRANÇAIS DE 1945 à 2015.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Martinaud s’adresse à Belmont alors que l’inspecteur Gallien a été appelé par son supérieur à la sous préfecture pour faire un point sur l’enquête. Martinaud fait le bilan de leurs échanges et notamment du point marqué par Gallien à propos de la corne de brume. L’inspecteur Gallien a quitté la pièce en soulignant le mensonge de Martinaud qui lui affirme s’être baladé du côté du phare un soir de brouillard sans avoir noté la corne de brume. C’est le moment où le spectateur balance de la non culpabilité à la culpabilité du notaire.
Michel Serrault époustouflant.

L’ANECDOTE

Un remake américain a été tourné « Under suspicion » de Stephen Hopkins. Bien en deçà de son modèle.

NOTE : 17/20

 

 

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