Synopsis

Année 1915, le jeune milanais Giovanni Busacca, un peu voyou passe le contrôle médical qui le déclarera apte ou non à devenir soldat pour l’armée italienne qui vient d’entrer en guerre contre l’Autriche. Il s’adresse à un aide infirmier, Oreste Jacovacci de Rome et moyennant finance lui demande d’appuyer sa demande de réforme. Bien entendu Oreste Jacovacci, n’en fait rien. Le soldat Busacca se retrouve donc enrôlé. En tant qu’anarchiste et lecteur assidu de Bakounine, il refuse le système militaire et joue les tire-au-flanc. Lors du transfert sur le front il remet la main sur le soldat Jacovacci. Pour eux ce sera un long périple absurde et violent d’où ils ne pourront s’extirper malgré leur volonté commune de désertion…

CRITIQUE

Mario Monicelli (1915-2010) met en image une histoire amenée par le grand scénariste Luciano Vincenzoni à l’écriture de laquelle collaborent les deux compères Agenore « Age » Incrocci (1919-2005) et Furio Scarpelli (1919-2010) et le réalisateur.

Tous quatre mettent au point un scénario magistral pour narrer les tribulations de deux anti héros de la première guerre mondiale. L’un un peu escroc et grande gueule, l’autre veule et fainéant. Tous deux interprétants les ordres comme bon leur semble et surtout comme il leur convient.

La réalisation de Mario Monicelli excelle par son mélange de scènes quasi documentaires (notamment les plans larges de mouvements de troupes et de batailles, ou en l’absence des deux héros) alliées à des scènes de comedia dell’arte. Ainsi l’on ne perd jamais de vue la brutalité de la guerre, ses absurdités et ses contresens. L’introduction de la comédie ne nuit pas au récit.

De plus elle est servie par deux immenses acteurs l’un déjà très ancré dans la comédie (Alberto Sordi) l’autre plutôt tragédien mais qui vient de se découvrir un talent comique (Vittorio Gassman) grâce au précédent opus de Mario Monicelli « Le pigeon« .
Le reste de la distribution est de très grande qualité. Romollo Valli et Bernard Blier en tête. On peut regretter que le rôle de Silvana Mangano soit un peu sacrifié.

Mario Monicelli s’amuse à faire se rencontrer des italiens de toutes les régions et de confronter les dialectes, ce qui donne des scènes savoureuses. Mais il fallait aussi une belle femme pour attirer le spectateur. On ne pourra s’empêcher de faire le rapprochement entre ce film et celui de Stanley Kubrick sorti deux ans auparavant « Les sentiers de la gloire » (« Path of glory« ) (1957): Deux visions d’une même guerre, deux traitements différents, mais un même constat antimilitariste et anti-belliqueux. Deux grands films de l’histoire du cinéma.

Le film recevra en partage le lion d’or de la Mostra de Venise ex-aequo avec le film « Le général Della Rovere » de Roberto Rosselini, malgré une critique mitigée. Cependant le succès public sera effectif.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Giovanni et Oreste sont pris par les autrichiens qui les soupçonnent d’espionnage. Les voici confrontés à la pleutrerie ou à l’héroïsme…

L’ANECDOTE

Avec « La grande guerre » la carrière de Bernard Blier (1916-1989) en Italie est lancée. Il tournera plus de trente films dans ce pays. Dont quelques uns de Mario Monicelli, « Les camarades » (« I compagni« ) (1963), « Mes chers amis » (« Amici miei« ) (1975), « Pourvu que ce soit une fille » (« Speriamo che sia femmina« ) (1986) avec lequel il nouera une profonde amitié.

NOTE : 18/20

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