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Synopsis

Années 1970, La Madonne juchée sur le toit de la cathédrale de Milan est dynamitée. Emoi à l’assemblée des députés à Rome. La gauche anti-famille, anti-religieuse et anti-ordre est montrée du doigt. Mais c’est un certain député de droite Tritoni ancien bersaglier, qui est à la tête de de cet attentat. Il s’est mis en tête de fomenter un coup d’Etat. Il fait le tour de ses connaissances politiciennes et militaires pour mettre en place un nouveau régime…

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CRITIQUE

Mario Monicelli (1915-2010) et ses deux scénaristes le duo magnifique Age & Scarpelli se basent sur les deux tentatives de coup d’Etat qu’a connu l’Italie. La première appelée « Piano Solo » qui profitait d’un défilé militaire à Rome pour maintenir les troupes en ville et faire pression pour changer le gouvernement et incarcérer tous « les fauteurs de troubles » fichés.

La seconde appelée « Golpe Borghese » (du nom de l’instigateur : le Prince Junio Valerio Borghese).
Coup d’Etat militaro-policier et d’extrême droite qui devait avoir lieu dans la nuit du 7 au 8 décembre 1970. Baptisé du charmant nom de code « Notte Tora Tora » par les mutins.

Il semble que Borghese et ses complices furent en fait les marionnettes du pouvoir tenu par la Démocratie Chrétienne (DC) qui trouvait par un coup d’Etat sévèrement réprimé, une façon de faire appliquer des lois répressives en ce début des années de plomb.
Se voyant ainsi le dindon de la farce, Borghese annule tout au soir du coup d’Etat alors que la distribution des armes de poing a déjà commencé.
Ce n’est que bien des mois plus tard que les italiens apprendront ce à quoi ils ont échappé.

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« Nous voulons les colonels » par son titre fait quant à lui allusion au régime politique grec qui a connu un coup d’Etat militaire en 1967.

Voici donc le terreau sur lequel les trois scénaristes vont s’appliquer à massacrer les partis politiques de ces années terribles pour l’Italie. Mais aussi et surtout cette bande bras cassés qui s’est mis en tête de renverser le pouvoir, leur amateurisme, leur bêtise crasse, leur machisme suranné et leur naïveté pitoyable.

Les scénaristes multiplient les références aux deux tentatives de coup d’Etat. Soit par les noms des personnages très voisins des véritables noms des comploteurs. Soit par les lieux comme la salle de ring transformée en QG, et qui était un lieu de prédilection de Borghese pour se réunir avec ses complices.

En cela le film est une grosse farce avec des accents de comédie à l’italienne et non l’inverse. Avec interprétation digne de la commedia dell’arte.
Ce qui est formidable dans le film c’est le contraste de la voix off qui prend des accents journalistiques et redramatise le film. Mais aussi le fait qu’ils aient écrit une mise en œuvre « de coup d’Etat » assez réaliste quoique menée par des incapables.

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Car si Mario Monicelli et ses deux comparses se moquent des néo fascistes et des militaires italiens des années 1970, ils rappellent (et de façon plus sérieuse) aux italiens que la dictature peut aussi venir par les hommes politiques tentés de faire passer en force ce que l’opposition, les syndicats et la jeunesse très remuants en cette période, bloquent par des manifestations plus ou moins pacifiques au grand dam du ministère de l’intérieur. Et profiter d’une tentative de coup d’Etat pour en faire un (en douce) par un durcissement des lois.

Un mot pour dire du bien d’un des « Monstres » de la comédie à l’italienne… Ugo Tognazzi (1922-1990), dès qu’il a de la matière scénaristique qui parvient toujours à donner à ses personnages une caractérisation marquante. Ici une démarche avec des pas un petit peu trop grands qui ajoutent du ridicule tout en lui donnant une détermination.

La ritournelle électronique composée par Carlo Rustichelli peut heurter lors du générique de début, mais au final elle s’insère parfaitement dans le récit. Par son aspect primesautier et entêtant elle rappelle les musiques militaires souvent peu élaborées et la crétinerie des protagonistes.

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LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

La scène finale où tout est dit. Tritoni à le terrasse d’un café de Rome dans une rue déserte, vend clefs en main des soulèvements à des africains avides de pouvoir. Deux policiers l’interrompent car les nouvelles lois empêchent tout rassemblement public de plus de trois personnes. Magistral.

L’ANECDOTE

Le film est un échec public. Le spectateur italien ne s’intéresse pas au sujet du film. Et le ton de la farce ne convainc pas.

NOTE : 15/20

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