Synopsis

Lawrence Shannon un prêtre en proie avec des démons internes (alcoolisme et pulsions sexuelles) a quitté le sacerdoce après un scandale dans son église. Il s’est reconverti dans le tourisme catholique. Au Mexique, il anime des voyages pour vieilles américaines bigotes sur le thème « Le monde de Dieu vu par un homme de Dieu ». Mais pendant ce séjour il ne cesse d’être harcelé par Charlotte une adolescente chaperonnée par l’hystérique Madame Fellowes. Un soir lors d’une étape il est surpris par celle-ci en compagnie de Charlotte dans sa chambre. Le lendemain madame Fellowes envoie un télégramme à la compagnie d’excursions qui embauche Shannon afin qu’il soit licencié. Shannon prend les commandes du bus et comme un fou secouant tout son petit monde il se réfugie chez Maxine Faulk qui tient un hôtel…

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CRITIQUE

Extraordinaire adaptation d’une pièce de Tenessee Williams.

L’intelligence de John Huston fait merveille. Avec son scénariste Anthony Veiller il se plonge avec délectation dans son cher Mexique et par de nombreuses scènes d’extérieurs, il évite le piège du théâtre filmé. Son film est vif  comme les iguanes qui y sont pourchassés. De plus son casting est parfait.

Chaque acteur joue à la perfection sa frustration sexuelle.
Richard Burton celle du prêtre qui succombe aux tentations et se retrouve facilement de la position agenouillé à celle de couché.
Ava Gardner celle d’une veuve qui se satisfait avec deux jeunes éphèbes mexicains.
Deborah Kerr celle d’un quasi désert de sexualité mais qui l’assume et s’en contente.
Sue Lyon mineure qui utilise le sexe pour manipuler les hommes qui la sortiront de situations indésirées. Enfin Grayson Hall dont le personnage tient le sexe en sainte horreur mais dont le manque transforme en hystérique pathologique.

Si l’homme est faible et persécuté, les femmes sont des tentatrices patentées, ou des antidotes à toutes relations. On peut donc s’interroger sur la valeur morale de l’œuvre de Tenessee Williams.

Bien entendu John Huston se rit de tout ce petit monde frustré. Et ses portraits sont  plutôt croquignolets. Outre la maîtrise de John Huston avec ses acteurs et ses extérieurs mexicains, le film est vêtu d’un magnifique noir et blanc signé du photographe Gabriel Figueroa.
Les actrices et Richard Burton sont bien servis avec un tel travail sur l’image.

Sur la fin le film se fait plus bavard. Mais le duo Kerr/Burton nous fait passer la pilule sans soucis.

A voir donc pour la réalisation extraordinaire d’un des maîtres hollywoodien qui a accumulé les chefs d’œuvres et pour l’interprétation sidérante des acteurs, eux mêmes en proie sur le tournage à des tensions et un isolement mettant à l’épreuve leur santé psychologique.

Benjamin Frankel parvient à mettre en musique la folie des sentiments des personnages entre exaltation et abattement.

 

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LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Maxine rejetée par Shannon en proie à une biture sèche (manque d’alcool), se réfugie à la plage avec les deux boys mexicains qui lâchent leur maracas. Les trois l’eau jusqu’à la taille se lancent dans une sensuelle et torride danse. John Huston filme le tabou de l’amour à trois.

L’ANECDOTE

Tourner avec ces stars plus Elizabeth Taylor qui accompagnait son mari Richard Burton dans un lieu sauvage et retiré, le tournage risquait de tourner au vinaigre avec tous ces ego à contenter.
John Huston un peu dans la peau du dompteur dans la fosse aux lions, décide de dédramatiser le tournage en offrant un mini pistolet en or à chacune de ses stars plus un à Liz Taylor. Dans chaque pistolets cinq balles chacune gravée du nom des autres acteurs. Le tournage sans être idyllique fut apaisé.

NOTE : 17/20

Video & Photo

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