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Synopsis

1969, l’Italie est secouée par des mouvements contestataires ouvriers qui paralysent en partie le pays. Les affrontements entre groupuscules de gauches anarchistes ou communistes et forces de l’ordre sont légions. Lors d’un de ses affrontements un policier décède. La tentation autoritaire apparaît au sein du gouvernement et à la présidence de la république italienne. Mais le très modéré et influent ministre des affaires étrangères ex Président du conseil du gouvernement précédent, Aldo Moro évite d’en passer par les lois d’exceptions. Pendant ce temps une cellule anarchiste dirigée par un certain Giuseppe Pinelli s’interroge sur les façons de suivre la lutte. Des bombes de faibles puissances dans les trains italiens explosent. Pas moins de 14 depuis quelques mois. Jusqu’à ce 12 décembre 1969 à 16h37 où une bombe explose à la banque nationale de l’agriculture faisant 14 morts et des dizaines de blessés. D’autres bombes sont découvertes à Milan et Rome. Dans les deux villes une enquête est menée…

CRITIQUE

Amis de la politique italienne (et des coups tordus) bienvenus!

Marco Tullio Giordana depuis 1995 et « Pasolini, mort d’un poète » (« Pasolini, un delitto italiano« ) sonde l’Italie ses beautés et ses failles.  Notamment sur le plan politique.
Avec ce film il explore les arcanes de la stratégie de tension qui vont mener aux « années de plomb » (inaugurés par cet attentat de la Piazza Fontana), ainsi que cette crainte palpable d’un coup d’Etat néo-fasciste à l’image de celui perpétré en Grèce le 21 avril 1967.

On y voit des groupuscules de gauches infiltrés par la police mais aussi par les services secrets dont certains membres sont en cheville avec l’extrême droite italienne et manipulent les uns et les autres pour mettre à la tête de l’Etat un gouvernement autoritaire qui restreindrait les droits des citoyens.

L’extrême droite commet des attentats et sème une perception d’insécurité, laissant de faux tracts sur les lieux pour accuser l’extrême gauche. La police et les services secrets eux aussi infiltrés par l’extrême droite sont trop heureux d’exhiber de prétendus coupables. L’extrême gauche rétorque à ces injustices par des actes de violences sur la police et la justice et ainsi va le cercle infernal qui doit mener à un Etat avec une poigne de fer.

Tout ceci est fort bien démontré dans le film.
Mais le film va plus loin et dénonce l’influence des Etats-unis par l’intermédiaire de L’OTAN (il faut savoir que les Etats Unis possèdent une demi douzaine de bases militaires en Italie) dans le cadre de sa politique anti-communiste. En effet une des grandes frayeurs américaine est le basculement de l’Italie (qui possède le parti communiste le plus puissant de l’Europe occidentale) de l’autre côté du rideau de fer.

Le film est très académique dans sa réalisation et son montage et en disant cela je fais un compliment.
Les événements montrés à l’écran sont suffisamment complexes, et les personnages suffisamment nombreux. Le réalisateur a donc bien compris qu’il n’était pas nécessaire de s’emberlificoter dans un montage savant ou dans des mouvements de caméras agités qui pourraient perdre le spectateur.

La distribution est de grande qualité.
Valerio Mastandrea et Pierfrancesco Favino sont tout à fait bons. Un petit bémol pour Fabrizio Gifuni qui interprète Aldo Moro peut-être un peu écrasé par le rôle.

La reconstitution par les costumes et les décors de la fin des années 1960 est remarquable.
Bravo a Francesca Livia Sarti pour les costumes et Giancarlo Basili pour les décors. Tout cela est admirablement photographié par Roberto Forza. Les gris et les noirs sont superbes.

La musique de Franco Piersanti, hélas introuvable sur cd, est un bijou de musique sans mélodie.

Le film accumule les prix nationaux et internationaux.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Le commissaire de police va voir un membre de sa famille haut gradé dans l’armée qui lui fait la démonstration que l’explosif utilisé est d’origine militaire, et a de grandes chances de provenir d’un stock clandestin de l’OTAN.

L’ANECDOTE

Marco Tullio Giordana, milanais, était dans un tram à quelques centaines de mètres lors de l’attentat. Il a ressenti les secousses de l’explosion de la bombe. Il s’est rendu sur place et a pu constater par lui-même l’horreur et les dégâts.

NOTE : 16/20

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