Synopsis

Le Nouvel Hollywood naît de la conjonction de plusieurs faits. Les premiers et les plus importants sont les assassinats du président John Fitzgerald Kennedy en 1963 et de son frère Bobby en 1968 qui sonnent le glas sur les illusions du rêve américain, et fait prendre conscience que c’est la violence qui détermine l’avenir du pays.
Il faut aussi compter sur la montée en puissance du « flower power », la plongée de l’Amérique dans la guerre du Vietnam et très vite les premiers corps qui rentrent au pays.
Tout cela sur fond d’une crise du cinéma américain dans les années 1960 face à la télévision qui devient le média préféré des américains, et un manque de renouvellement des dirigeants à Hollywood qui pour la plupart sont assis sur leur siège depuis l’avènement du muet et suivent des vieilles recettes qui n’intéressent plus le public.
Les studios sont en quasi cessation de paiement.

De plus la fin du code Hays (sorte d’auto-censure des majors que les réalisateurs se feront un plaisir de détourner d’une façon ou d’une autre tout au long des années 1934 à 1966) ouvre de plus grandes libertés dans la mise en image de la violence et de la sexualité.

En désespoir de cause les studios se tournent vers de nouveaux réalisateurs. Certains sont acteurs, d’autres britanniques, d’autres enfin des universitaires américains. Cette génération contrairement aux précédentes est cinéphile et notamment influencée par la « Nouvelle Vague » qui a en partie bouleversé le cinéma français.

Ils ne se font pas prier pour prendre le pouvoir sur le scénario et le final cut (montage final du film) qui appartenaient aux studios.

Trois films lancent le mouvement « Bonnie & Clyde » (1967) de Arthur Penn, « Le lauréat » (« The graduate« ) « Le plongeon » (« The swimmer« ) (1968) de Frank Perry (et Sydney Pollack non crédité).

Les personnages des films ont des failles, parfois leurs motivations sont peu définies, et la fin des films sont souvent ouvertes et parfois énigmatiques. Les histoires deviennent complexes, et l’action est de plus en plus reléguée au profit de la psychologie.

Le mouvement offre au public américain les films paranoïaques les plus intéressants. « A cause d’un assassinat » (« The Parallax view) » (1974) d’Alan J. Pakula, « Les 3 jours du Condor » (« Three days of the Condor« ) (1975) de Sydney Pollack, « Taxi driver » (1976) de Martin Scorsese.

C’est le western de Michael Cimino « La porte du Paradis » (« Heaven’s gate« ) (1980) et le fracas de son échec qui mettent fin à ce mouvement. En effet Michael Cimino embarqué par son propre aveuglement perfectionniste accumule les retards et les caprices couteux. Et son western tentaculaire (5h25 pour le tout premier montage destiné aux décideurs du studio United Artists) sera un échec public et critique malgré les divers montages proposés, les divers points de vue envisagés. son coût de production de plus de 40 millions de dollars (pour 7.5 millions de budget initial) n’en rapportera qu’un peu plus de 3,4 millions. Le studio est à vendre. Il sera racheté par Kirk Kerkorian.

L’Amérique des « winners » de Ronald Reagan revient en force.  Et les studios sont repris en mains  par des comptables qui récupèrent le final cut en fonction de tests sur des panels de spectateurs auprès desquels les films sont projetés et notés. Le piratage de nos jours ayant à nouveau changé la donne.

Le Nouvel Hollywood s’intéresse beaucoup aux marginaux, aux déclassés mis sur le bas côté du rêve américain. D’où peut-être un grand nombre de road-movies qui illustreront cette nouvelle vision de l’Amérique.

Cependant le Nouvel Hollywood est plus une prise de pouvoir des réalisateurs sur le système financier et productif que du contenu de leurs films.
Le Nouvel Hollywood ouvre aussi des passerelles permettant à des acteurs ou des scénaristes de devenir réalisateurs ce qui se faisait très rarement auparavant et beaucoup moins après.

Les réalisateurs importants de ce mouvement sont : Mike Nichols « Catch-22 » (1970), Robert Altman « M.A.S.H. » (1972), Peter Bogdanovich « La dernière séance » (« The last picture show ») (1971), Jerry Schatzberg « L’épouvantail » (« Scarecrow« ) (1973), Michael Cimino « Voyage au bout de l’enfer » (« The deer hunter« ) (1978), Martin Scorsese « Taxi driver » (1976), Hal Ashby « La dernière corvée » (« The last detail« ) (1973), Sydney Pollack « Jeremiah Johnson » (1971) George Lucas « American graffiti » (1973), Roman Polanski « Chinatown » (1974), Francis Ford Coppola « Conversation secrète » (« The conversation« ) (1974) et Terrence Malick « La balade sauvage » (« Badlands« ) (1975).
On peut aussi y ajouter Woody Allen « Annie Hall » un peu à part dans le système et dans les thèmes.

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