Maïtena Doumenach est née à Soulac sur Mer mais les racines de sa famille paternelle sont ariégeoise. A l’âge de 3 ans la fillette subit plusieurs viols de la part d’un voisin. La jeunesse de la petite Maïtena est très perturbée par les privations de la guerre, l’emprisonnement du père en Allemagne, et les exils en France dite « libre ». A la fin de la guerre et au retour du père après une passage par Valenciennes, la famille s’installe à Paris.
L’adolescente pense d’abord à entrer en religion, mais elle se ravise car au Lycée Jean de Lafontaine elle suit des cours de théâtre qui provoquent en elle un déclic pour l’art de l’interprétation.

En 1959 elle accompagne sa sœur à Cannes de la radio Europe 1, mais c’est elle qui se fait repérer par le metteur en scène de théâtre Raymond Rouleau. Elle prend le pseudonyme de Marie Laforêt et écume les castings. Après un projet avorté de Louis Malle, elle décroche le rôle entourée d’Alain Delon et Maurice Ronet de « Plein soleil » (1960) de René Clément.
Dés son premier film l’actrice devient tête d’affiche. Un exploit!
Mais l’année suivante elle tourne dans le premier film de l’obscur Marcel Moussy « Saint Tropez blues » qui ne reste pas dans les mémoires. Cependant elle enregistre sa première chanson au titre éponyme. Elle tourne aussi avec Jean-Gabriel Albicocco un documentariste qui a tourné en 1959 « Une petite fille qui s’appelle Marie Laforêt » dans le long métrage « La fille aux yeux d’or » (1961). Adaptation libre d’une nouvelle d’Honoré de Balzac. Le titre du film deviendra le surnom de l’actrice, elle épousera Jean-Gabriel Albicocco et le film recevra le Lion d’argent à La Mostra de Venise.

Autant le dire tout de suite peu de grands films pour une grosse trentaine de films tournés.
Cependant elle tourne pour Michel Deville « A cause, à cause d’une femme » (1963) Edouard Molinaro « La chasse à l’homme » (1964) pour Valerio Zurlini « Des filles pour l’armée » (« Le soldatesse« ) (1965), pour Claude Chabrol « Marie-Chantal contre Dr Khâ » (1965), Georges Lautner « Flic ou voyou » (1979), Denys Granier-Deferre « Que les gros salaires lèvent le doigt » (1982) Henri Verneuil « Les morfalous » (1984), Jean-Pierre Mocky « Le pactole » (1985), Fernando Solanas « Tangos l’exil de Gardel » (« El exilio de Gardel : Tangos« ) (1985), Gérard Mordillat (« Fucking Fernand« ) (1987).

Fin des années 1960 et années 1970 elle se consacre surtout à la chanson. Elle enchaîne les tubes en France mais aussi en Italie et en Espagne en adaptant les chansons dans chaque langue. Elle ne s’adosse pas à la mode yéyé et lance même quelques piques contre ses consœurs du mouvement à la mode dans les années 1960.

En 1999, 2000 puis 2008 elle triomphe au théâtre dans la pièce « Master class » où elle interprète Maria Callas.

Son ultime film est « Les bureaux de Dieu » (2008) de Claire Simon

Marie Laforêt utilisait beaucoup l’auto-dénigrement et souffrait de manque de confiance en ses talents. Elle était aussi dotée d’un humour incisif, elle ne maniait pas la langue de bois et pouvait avoir un franc parler qui pouvait en refroidir plus d’un. Surtout dans le milieu du cinéma français, où les pressions sur les actrices par les producteurs et les réalisateurs omnipotents dans les années 1960-1980 sont monnaie courante.
D’où sûrement une carrière en deçà de ses potentialités.

Marie Laforêt est la mère de la réalisatrice Lisa Azuelos.