rueducine.com-roger-haninNé Roger Jacob Lévy né dans la Casbah d’Alger de parents d’origine juive. Il subit d’ailleurs la ségrégation des lois de Vichy qui l’empêchent d’aller à son école, mais réintégré au bout de quelques mois son père étant invalide de guerre. A la sortie du lycée il débute des études de pharmacie qu’il poursuit en 1948 à Paris. Là un ami lui propose de la figuration au théâtre, expérience qui va l’enchanter et il s’inscrira au cours Simon où on lui fait comprendre qu’il va falloir perdre son accent pied-noir. Le résultat ne sera que partiel.
Il jouera quelques petits rôles au théâtre puis dans les années 1950 le cinéma va faire appel à sa carrure pour jouer les gros bras dans les polars. Il prend le nom de sa mère (Hanin) comme nom de scène. Il monte les échelons passant de figurant à second rôle.

« La môme vert de gris » (1953) de Bernard Borderie avec Eddie Constantine, « Gas-oil » (1955) de Gilles Grangier avec Jean Gabin, »Les salauds vont en enfer » (1955) de Robert Hossein sur un scénario de Frédéric Dard, « Le désordre et la nuit« (1958) de Gilles Grangier toujours avec Jean Gabin.
En 1959 il succède à Lino Ventura dans le rôle du « gorille ». « La valse du gorille » de Bernard Borderie lui donnera un de ses premiers grands rôles au cinéma.
Il épouse en 1959 en seconde noces Christine Gouze-Rénal soeur de Danielle Mitterrand. Et deviendra ainsi en 1981 « le beauf » comme le surnommera l’hebdomadaire satirique « Le Canard Enchaîné ».
En 1960 le jeune réalisateur co-créateur de la Nouvelle Vague Jean-Luc Godard invite Roger Hanin à jouer un rôle dans ce qui sera le film le plus emblématique du mouvement « A bout de souffle » (1960) avec Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg. Luchino Visconti fait appel à lui pour son chef d’oeuvre « Rocco et ses frères » (« Rocco e i suoi fratelli« ) avec Alain Delon et Annie Girardot. Il retrouve son rôle populaire « Le gorille a mordu l’archevêque« * (1962) de Maurice Labro, puis un retour à Cinecittà pour « La marche sur Rome » (« La marcia su Roma« ) (1962) de Dino Risi un des bijoux de la comédie à l’italienne dans laquelle il côtoie Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi.
Mais sa filmographie a du mal à quitter les rôles d’espion cogneur et au front bas. « Le hibou chasse la nuit » (1964) de Werner klinger « Le tigre aime la chair fraîche« * (1964) de Claude Chabrol « Corrida pour un espion » (1965) de Maurice Labro, « Marie-Chantal contre Dr. Kha » (1965) de Claude Chabrol, « Le tigre se parfume à la dynamite« * (1965) de Claude Chabrol  « Carré de dames pour un as » (1966) de Jacques Poitrenaud, « Le tigre sort sans sa mère » (1966) de Mario Maffei « Le solitaire passe à l’attaque » (1966) de Ralph Habib, « Le chacal traque les filles » (1967) de Jean-Michel Rankovitch etc… Roger Hanin cogne dur et drague fort! Mais tout cela ne vole pas très haut.
D’ailleurs avec la Nouvelle Vague et le cinéma d’auteur remis au goût du jour, ce genre de cinéma disparaît tout comme les salles de cinéma de quartier qui offraient deux films pour une séance où les séries B y trouvaient une place de choix.
Les années 1970 seront moins prolifique pour Roger Hanin. Même s’il tourne (énorme curiosité) dans un western de Daniel Mann « La poursuite sauvage » (1972). Sentant le moment venu de se reconvertir, il met en scène des scénarios qu’il écrit. Il l’avait déjà fait sous le pseudonyme de Antoine Flachot (films marqués d’un *).
Il écrit et met en scène en 1974 « Le protecteur » et en 1975 « Le faux-cul » dans ses films, polar sérieux et polar de comédie il ne se donne pas le premier rôle. Les films ne font pas un tabac mais restent rentables.
En 1978 une comédie financière grinçante signée Jacques Rouffio, « Le sucre » fait un gros succès. Il retrouve son accent pied-noir prononcé et joue un banquier véreux.
Un autre natif de l’Algérie plus jeune d’une génération que lui, Alexandre Arcady, lui propose (un peu par défaut et sous la pression de Marthe Villalonga) d’interpréter Albert Narboni patriarche juif pied-noir qui fuit avec sa famille la guerre en Algérie. C’est « Le coup de sirocco » (1979). Entre Alexandre Arcady et Roger Hanin c’est la belle entente.
Ils tourneront ensemble 4 autres films. A commencer par « Le grand pardon » (1981) fresque sur une famille mafieuse juive pied-noire harcelée par un flic teigneux et manipulée par un truand au dents longues. Un polar qui a reçu un immense succès lors de sa sortie. Toute une jeune génération d’acteurs pointe le bout de son nez dans ce film.
Il tournera aussi « Le grand carnaval » (1983) un film pas très réussi sur la vie dans une petite ville d’Algérie en 1942 qui doit accueillir l’armée américaine. Avec Philippe Noiret et une partie de la distribution du « Grand pardon« . Suivront « Dernier été à Tanger » (1987) et enfin « Le grand pardon II » (1992) une reprise catastrophique de la saga des Bettoun.
Entre temps il réalise un film sur un fait divers réel : la défenestration après tabassage d’un arabe du train Bordeaux-Vintimille. « Train d’enfer » (1985) est un film qui trouve son public et à l’époque relance le débat sur le racisme en France. Débat toujours pas clos en nos années 2010.
L’année suivante il réalise « La rumba » (1986) film sur la pègre parisienne dans les années 1930 qui lutte contre la Cagoule et l’extrême droite. Lino Ventura y fait sa dernière apparition au cinéma.
En 1989 il retrouve Jacques Rouffio pour le film « L’orchestre rouge » (1989). Il y tient le rôle du général Berzine chef des services secrets et supérieur de Leopold Trepper chef d’orchestre de l’orchestre rouge.
Son dernier film de cinéma « Soleil » (1997) il le réalise. Ce film se rapproche beaucoup de son enfance. Sophia Loren interprète une mère courage qui élève ses enfants.
Mais Roger Hanin aura véritablement connu la gloire à la télévision.
Tout d’abord dans un téléfilm en deux parties « Au bon beurre » d’après un roman de Jean Dutourd sur un couple d’épicier qui font du marché noir durant l’occupation. le diptyque  bat des records d’audience en 1981.
Puis à partir de 1989 jusqu’en 2007 il est le héros récurrent d’une série policière « Navarro ». Et de 2007 à 2009 « Brigade Navarro ». La première série est un énorme carton d’audience. Dont la longévité est unique en France.

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