Synopsis

Dominique Bourguignon est un jeune détrousseur qui sévit dans Paris. Il travaille pour le roi des gueux Malichot dont le refuge est la cour des miracles. Ce jour-là avec son petit frère il assiste à une exécution publique. Dominique pressent que telle sera sa fin. Quand le soir il rentre au repère de Malichot pour remettre ce qu’il a rapiné, il se heurte au roi des gueux. Celui-ci demande à ses troupes d’arrêter Dominique et son frère. Tous deux s’enfuient. Dominique trouve refuge dans une taverne où un sergent recruteur discute avec deux hommes nommés La Taupe et La Douceur. Dominique n’a plus le choix. Pour se mettre sous la protection de l’armée, il s’enrôle. Suivi de La Taupe et La Douceur…

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CRITIQUE

L’intérêt du film de Philippe de Broca est qu’au fur et à mesure que le film avance, il se bonifie. Effectivement il est paradoxal de s’apercevoir que plus le film tend vers la tragédie plus il est passionnant.

Est-ce la marque de Charles Spaak qui supplante celle de Daniel Boulanger et Philippe de Broca? Je le subodore mais je serais dans l’incapacité de l’affirmer.

A mon goût l’aspect comédie a pas mal vieilli aujourd’hui. Et l’on peut regretter que l’aspect historique de la véritable geste du malandrin Cartouche qui a sévi sous la régence de Philippe d’Orléans et du cardinal Dubois ait été sacrifiée. Il n’en reste pas moins un des plus grands films de cape et épée produit en France.

Philippe de Broca donne de l’ambition à son oeuvre et comme il le montrera dans le futur ces plus beaux instants sont ceux qui font appel à la poésie et à l’onirisme.

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La dernière demi-heure de ce « Cartouche » est somptueuse. La bataille finale n’a plus rien du comique des précédentes, et le romantisme du couple Cartouche/Vénus est a un sommet rarement atteint dans le cinéma français. Tout est mis à contribution pour y parvenir: des décors (le carrosse surchargé de dorures plongeant dans un lac la nuit est une fulgurance poétique) en passant par la musique (ou flûte et orchestre se répondent puis montent crescendo).

Bien sûr Jean-Paul Belmondo est impeccable, assurant le spectacle avec son physique taillé pour ce genre de films d’aventures. Bien sûr Claudia Cardinale et Odile Versois sont sublimes, et bien sûr Jean Rochefort est extraordinaire.

Seul Jess Hahn et son accent américain détonne dans ce film. Mais il assure le côté musclé de la comédie utilisant tous les objets lourds à sa portée pour se battre.

Georges Delerue signe une bande originale magnifique. Je pense qu’il reprendra quelques bases de cette B.O. pour le film « Le mépris » (1963) de Jean-Luc Godard.

 

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LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

L’enfouissement du corps de Vénus la nuit, dans un lac, la dépouille dans un somptueux carrosse, vêtue de sa robe rouge et couverte de bijoux dérobés pendant un bal chez celui qui le pourchasse. Un des grands moments du cinéma français.

L’ANECDOTE

Premier succès populaire pour Jean-Paul Belmondo et pour son réalisateur qui se contentaient jusqu’à présent de succès dits « d’estime ». Plus de trois millions d’entrées en France. La collaboration Philippe de Broca/Jean-Paul Belmondo ne tardera pas à fructifier : 2 ans plus tard sort « L’homme de Rio » (1964).

NOTE : 15/20

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1 Comments

  1. Mad Will 13 septembre 2021

    "Est-ce la marque de Charles Spaak qui supplante celle de Daniel Boulanger et Philippe de Broca? Je le subodore, mais je serais dans l’incapacité de l’affirmer." A priori ce serait plutôt l’inverse, de Broca et Boulanger (interviews données par lui) d’après ce que j'ai pu lire ont apporté ce caractère tragique au scénario plutôt classique. Quand on voit Le roi de coeur signé de Broca, on reconnaît la même vision douce amère sur la guerre et la vie.