rueducine.com-jacques-rivetteLe tollé de la sortie du film « La religieuse » (1966) que Jacques Rivette préfère appeler « Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot » va rendre le réalisateur célèbre en France. En effet avant tournage le scénario est déjà refusé par  la commission de pré-censure (il fallait l’inventer celle-la!). Le tournage sur les vicissitudes d’une jeune femme mise au couvent de force par sa famille, et qui se rebellera contre l’autorité d’une mère abbesse sadique puis envoyée dans un autre couvent pour y subir les assauts de désirs de sa nouvelle supérieure, se déroule tant bien que mal. Quelques bâtons dans les roues empêchent le réalisateur de tourner dans les lieux choisis.
Associations catholiques (bien plus puissantes que de nos jours car largement relayées par les politiques gaullistes) et sœurs en leur couvent s’émeuvent très tôt de ce tournage. Une lettre de la présidente de l’Union des Supérieures écrit une missive au ministre de l’information (eh oui!) Alain Peyrefitte qui n’a pas que brillé par ses décisions. Et répond à celle-ci en lui promettant de mettre tout son poids pour que le film ne nuisent pas aux religieuses.
Le film passe en commission de censure en mars 1966, il est autorisé de sortie pour un public de 18 ans et plus. Et c’est Yvon Bourges devenu secrétaire d’Etat à l’information qui interdit purement et simplement de sa propre initiative toute sortie au film.
Le scandale éclate.
Jean-Luc Godard, ami de Jacques Rivette (ils ont collaboré ensemble aux « Cahiers du cinéma » et font partie tous deux de ce mouvement qui révolutionnera (en partie) le cinéma français et qui se nomme la « Nouvelle Vague ») interpelle directement le ministre de la culture (Godard dit « Kultur« ) André Malraux.
Emoi chez les intellectuels mais aussi ce la part de certains catholiques qui prennent fait et cause pour le film. Le producteur Georges de Beauregard qui soutient la Nouvelle Vague et son avocat maître Georges Kiejman affrontent la décision sur le plan judiciaire.
En 1967 le tribunal de justice annule le décret de Yvon Bourges. Le film peut sortir en salles toujours pour un public de plus de 18 ans. Le nouveau ministre de l’information  Georges Gorse lui octroie un certificat d’exploitation.
Le film sort à Paris dans 5 salles et est un succès (relatif).
Enfin en 1975 le Conseil d’Etat invalide la censure. Le film est tout public.

Jacques Rivette avec Claude Chabrol et Jean-Luc Godard est un des piliers de la Nouvelle Vague. Il restera assez fidèle à ce cinéma d’expérimentation.

Son cinéma ne s’adressait pas à un grand public mais à un public cinéphile.

La plupart de ses films ont des longueurs largement supérieures au standard 90-110 minutes.   « L’amour fou » 250 minutes. son record « Out 1 : Noli me tangere » dure 12 heures 48 minutes.

On se souvient surtout de « La belle noiseuse » (1991) (240 minutes) avec Michel Piccoli, Jane Birkin et Emmanuelle Béart Grand prix du jury au festival de Cannes.  et son diptyque « Jeanne la pucelle : les batailles » et « Jeanne la pucelle : les prisons » de 1994 avec Sandrine Bonnaire.rueducine.com-jacques-rivette (2)

 

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