Synopsis
Fin de l’hiver 1975, le commandant du Jauréguiberry escorteur d’escadre remplit une ultime mission avant que le bateau ne soit réformé et qu’un cancer ne finisse par le vaincre. Il porte assistance technique et médicale aux chalutiers en activité du côté de Terre Neuve. Le médecin de bord se met à évoquer une légende de la marine française pendant la guerre d’Indochine un certain lieutenant Willsdorff dit « Crabe Tambour », toujours accompagné d’un chat noir et dont la vie militaire fut mouvementée. Il s’avère que le commandant, et le chef mécanicien l’ont aussi connu…
CRITIQUE
Je me trouve devant un film qui m’a donné des sensations contradictoires.
Tout d’abord un film sur la Marine nationale son code de l’honneur et ses hommes qui l’interprètent de leur mieux.
Un film sur l’amitié virile et la solitude de ces hommes prisonniers de leur bateau, sur la mer plus ou moins bienveillante avec eux. Des hommes qui ont connu la seconde guerre mondiale puis la douloureuse décolonisation durant laquelle ils eurent à avaler de grosses couleuvres sans broncher ou presque.
Presque car quelques uns ont refusé la perte des colonies et furent à deux doigts de mettre la France en guerre civile. Parmi eux ce « Crabe tambour » qui a donné beaucoup pour sa patrie (notamment quelques mois d’emprisonnement chez les viets-congs). Cependant Pierre Schoendoerffer qui a connu les affres de la guerre d’Indochine et la débâcle de Dien Bien Phu en tant que journaliste, adapte son roman homonyme d’après la vie de Pierre Guillaume et grand prix de l’Académie Française d’une façon assez sèche et paradoxalement contemplative.
Sèche car les faits historiques ne sont pas développés, et contemplative car les plans sans dialogues sont nombreux et l’escorteur voguant sur une mer hostile est montré durant de longues minutes. Pierre Schoendoerffer ne donne pas assez au personnage du Crabe tambour toute l’aura nécessaire au personnage.
Ainsi ses motivations pour rejoindre le général Salan et les militaires qui s’opposent au général de Gaulle dans des actions illégales sont un peu obscures. Certes on les subodore à condition de s’être intéressé un tantinet à l’Histoire de France contemporaine.
Mais dans le cas contraire le film ne peut que rebuter.
Et je me demande en ces années 2010 où les guerres d’Indochine et d’Algérie sont bien lointaines pour la jeunesse de ces années, quelle compréhension ils pourraient retirer du visionnage de ce film.
Cela dit Jean Rochefort est impérial en commandant malade qui vogue vers un ultime rendez-vous avec un fantôme.
Claude Rich est éblouissant en médecin pris de (fausse) nostalgie.
Jacques Dufilho en fidèle de son commandant mais néanmoins jouant avec une certaine ambiguïté tient là un de ses meilleurs rôles.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Le chef mécanicien un peu pompette raconte comment des bretons pris de crise mystique et voyant des signes dans le ciel leur indiquant le chemin à suivre ne cessaient d’aller et venir. Il suivaient les avions qui faisaient Paris-New York, New York-Paris.
L’ANECDOTE
Le film reçoit 3 César : Meilleur acteur pour Jean Rochefort, meilleur acteur dans un second rôle pour Jacques Dufilho, et meilleure photographie pour Raoul Coutard.