Synopsis

Sparta petite bourgade du Mississippi, au milieu de la nuit, alors qu’un noir attend son train, le policier Sam Wood de patrouille, tombe sur le cadavre de Philip Colbert. De suite il appelle son chef Bill Gillespie qui prend les choses en main. Gillespie demande à Wood de ramasser toutes les personnes qui traînent à cette heure. Sam Wood ne manque pas de ramener manu-militari le noir qui était à la gare. Le voici accusé du meurtre de Colbert mais quand Virgil Tibbs leur annonce preuve à l’appui qu’il est de la police de Philadelphie (Pennsylvannie), le monde leur tombe sur la tête. Ils font face à un noir plus instruit qu’eux, plus qualifié (il est expert en homicide) et à la demande de la police de Philadelphie, c’est lui qui va mener l’enquête sur cet industriel de Chicago mort dans les rues de Sparta…

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CRITIQUE

Le film est intéressant car il se situe deux-trois années après 1964 année charnière où la cause pour les noirs menée par Martin Luther King est entrain de basculer en faveur des droits civiques, la fin de la ségrégation et le droit de vote pour la minorité afro américaine.
Mais la signature des droits civiques le 2 juillet 1964 par le président Lyndon Johnson n’éradiquent pas du jour au lendemain les préjugés racistes.
Ceux-ci demeureront encore longtemps. Et cinquante ans plus tard (2014) a Ferguson (Missouri) l’assassinat d’un jeune noir ,Michael Brown suivi d’émeutes dans une ville aux tensions raciales avérées.
Une enquête fédérale mettra à jour en 2015 les agissements racistes de la police de Ferguson qui poussera Thomas Jackson chef de la police de la ville à la démission.

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Tout cela pour dire qu’en 1967 l’inertie de 3 siècles d’esclavages puis de ségrégation dans les états du sud des Etats-Unis, ne vont pas être balayés en trois années.

Le film de Norman Jewison montre deux mondes toujours en désaccord.

Le nord du pays qui s’est ouvert tant bien que mal aux noirs, à tel point que ceux-ci parviennent à avoir des postes à responsabilité. Comme ce Virgil Tibbs à la police de Philadelphie, auquel son chef donne toute sa confiance pour mener une enquête extérieure. Et le sud où les noirs sont encore ramasseurs de coton, serveurs chez les propriétaires blancs, et accessoirement bouc émissaires dans les affaires de meurtres ou bien de défouloirs des petits blancs rassis dans leur misère quasi équivalente à celle des noirs.

Le film doit beaucoup à la confrontation des deux personnages Tibbs et Gillespie.
Leur relation est plus complexe dans le film que l’on aurait pu croire. En effet Gillespie n’éprouve pas une haine envers Tibbs. Lui même ne se sent pas à sa place à Sparta. Ses subordonnés ne lui obéissent que difficilement. Il trouve donc en Tibbs un allié. Le problème est que Tibbs l’écrase par sa culture, son expertise en matière criminelle. Gillespie n’est donc plus le maître du jeu.

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rueducine.com-oscar1Rod Steiger a amplement mérité l’Oscar pour ce rôle. Il conserve son ambiguïté jusqu’au bout. Et même si à la fin il serre la main à Tibbs avec franchise et reconnaissance pour le travail effectué, il n’en est pas moins soulagé de ne plus l’avoir dans les pattes.

Sidney Poitier avec ce film et par ses positions politiques (il soutient Martin Luther King) se trouve le porte parole de la communauté noire et d’une partie des blancs favorables à l’évolution du pays vers l’égalité entre blancs et noirs.
Dans son rôle il ne faillit pas. Et la gifle qu’il rend à un blanc sera le point d’orgue symbolique du film. Dans cette scène il est remarquable. (Peu importe que l’acteur s’en attribue la genèse contre son réalisateur qui affirme que la gifle rendue était déjà écrite).

Norman Jewison filme efficacement. Pas de scènes inutiles. Le film est sec et sans fioritures. Oscar du meilleur film mérité. Le film est couronné aux Oscar pour son montage et son scénario adapté d’un roman.

La musique de Quincy Jones est superbe. Peut-être un peu trop discrète. Ray Charles chante la chanson du générique qui sera un tube.

 

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LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

La scène de la gifle. Dans une serre où sont cultivés des orchidées, Tibbs interroge Endicott un riche propriétaire de terres agricoles, quand l’inspecteur insinue qu’il pourrait l’assassin de Colbert. Endicott gifle Tibbs qui lui rend la gifle. Du jamais vu en ces terres, ou derrière les verrières de la serre, les noirs triment pour une misère à la cueillette du coton.

L’ANECDOTE

Le film connaîtra deux suites des aventures du détective Tibbs « Appelez-moi Monsieur Tibbs » (« They call me mister Tibbs » (1970) de Gordon Douglas et « L’organisation » (« The organization« ) (1971) de Don Medford. Dans ces deux films Tibbs travaille pour la police de San Francisco et non celle de Philadelphie.

NOTE : 16/20

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