Synopsis

Soirée de la Saint Sylvestre à la fin des années 1950, tandis que le conducteur de rame de métro quitte sa famille pour aller prendre son poste, Lello un jeune pickpocket compte profiter des bals pour se remplir les poches en délestant celle des romains qui iront fêter le nouvel an. Mais il a besoin d’un complice. Un de ses amis lui propose un certain Infortunio, spécialiste de l’arnaque à l’assurance sans le sou. A Cinecittà, Tortorella une figurante qui croit en son avenir d’actrice, se fait inviter par un groupe d’inconnus qui redoutent de se retrouver 13 à table. Mais arrivée avec 5 minutes de retard, ces derniers qui ont entre temps trouvé une autre personne sont partis sans l’attendre. Umberto, Lello et Gioia se retrouvent dans une salle bondée. La nuit sera longue et fastidieuse pour ces trois là…

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CRITIQUE

Le scénario du film est tiré de deux nouvelles du romancier Alberto Moravia « Ladri in chiesa » et « Le risate di Gioia » dont le film gardera le titre. Le film transpose l’époque de l’immédiate après guerre à la fin des années 1950.
Ce sont le duo Age & Scarpelli aidés par la scénariste Suso Cecchi D’Amico qui s’attellent à la tâche et plutôt avec brio.

Deux ans après « Le pigeon » (« I soliti ignoti« ) (1958) et un an après « La grande guerre » (« La grande guerra« ) deux chefs d’œuvres de la comédie à l’italienne, Mario Monicelli remet les pieds dans les plats avec l’histoire de ce trio d’italiens déclassés vivant d’expédients dans une Italie qui au mieux les ignore, au pire les méprise.

Les scénaristes ne leur épargne aucune humiliation durant cette terrible Saint Sylvestre, mais les personnages malgré toutes les avanies qu’ils vont subir gardent intact leur honneur, leur optimisme et leur soif de vivre.
Pour eux demain sera toujours meilleur, même si dans la seconde d’après ils doivent à nouveau chuter durement. Ils sont usés par une vie impitoyable mais jamais abattus.
A la première lueur d’embellie ils se jettent dessus même si ce n’était qu’un leurre.

De plus tous les coups bas entre eux sont permis. Chacun joue sa partition en fonction de ses intérêts qu’ils soient financiers ou personnels. Plusieurs fois le trio se disloque et se reforme durant le film.

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Les dialogues sont savoureux, souvent audacieux dans cette Italie catholique avec les sous entendus à caractère sexuels où ces cris de « Miracle! » en pleine église pour tenter de justifier un vol d’objet liturgique.

Anna Magnani en femme mainte fois bafouée durant cette soirée est sensationnelle. Elle apporte une humanité incroyable à son personnage,  tout en lui maintenant sa dignité même dans les pires moments.

Totò qui en est à sa septième et ultime collaboration avec Mario Monicelli parmi lesquelles le grandiose « Gendarmes et voleurs » (« Guardie e ladri« ), est un peu en retrait. Il a cependant de sublimes scènes.
Comme celle où avec Anna Magnani il raconte leurs exploits à Cinecittà. Ou la scène finale douce-amère sur les bords du fleuve au mois d’août.

Enfin Ben Gazzara malgré la barrière de la langue tire son épingle du jeu et sert son odieux personnages avec une belle dextérité.
La musique de Lelio Luttazzi n’est pas inoubliable. Nous sommes loin des compositions d’ Alessandro Cicognini qui sévissait à l’époque.

 

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LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Tortorella s’aperçoit que les personnes qui l’ont invité à leur réveillon ne l’ont fait que pour ne pas être 13 à table, leur renvoie l’invitation dans une avalanche d’invective. La Magnani sublime de dignité blessée.

L’ANECDOTE

Anna Magnani toute auréolée d’un Oscar, d’un Golden Globe et d’un BAFTA en 1956 pour « La rose tatouée » (« The rose tattoo« ) de Daniel Mann et de deux David di Donatello et 5 Nastri d’argento, n’était pas pour la venue de Totò dans la distribution,  jugeant que l’acteur avec son passé de comique de farces n’élèverait pas le film. Il a fallu la raisonner… amicalement.
C’est aussi la Magnani qui a imposé Ben Gazzara acteur américain d’origine italienne qu’elle a connu à Hollywood.

NOTE : 15/20

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