
MAIN BASSE SUR LA VILLE
- Alberto Conocchia, Angelo d'Alessandro, Carlo Fermariello, Dante Di Pinto, Guido Alberti, Marcello Cannavale, Rod Steiger, Salvo Randone, Terenzio Cordova, Vincenzo Metafora
- Francesco Rosi
- Drame, Enquête journalistique, Mafia, Politique
- 1963
- Le mani sulla città
- Italie
- Enzo Forcella, Enzo Provenzale, Francesco Rosi, Raffaelle La Capria
- Piero Piccioni
Synopsis
Naples, années 1960, la spéculation immobilière tourne à plein régime. Lors de la construction d’un immeuble dans un vieux quartier de Naples, un immeuble mitoyen s’effondre faisant morts et blessés. Le promoteur des travaux est le fils du conseiller municipal Edoardo Nottola. Ce dernier devient la cible de l’opposition de gauche du conseil municipal représenté par le très remuant De Vita. Le conseiller communiste parvient à exiger la création d’une commission d’enquête pour étudier les circonstances de l’accident. Dans son collimateur la corruption de la majorité Démocrate Chrétienne (DC) appuyée par le centre vis-à-vis de Nottola…
CRITIQUE
Film éminemment politique et anti mafieux.
Francesco Rosi est napolitain et se fait du souci sur le développement anarchique de sa ville rendant des terrains agricoles constructibles, faisant des destructions (sans la moindre précaution pour les riverains) de vieux quartiers où vivent les gens modestes pour y construire des immeubles modernes et tout confort qui jettent ces catégories sociales hors de la ville.
Francesco Rosi et ses scénaristes Raffaelle La Capria et Enzo Forcella dissèquent les facteurs de corruption au sein de la vie politique napolitaine et par extension italienne.
Mais les férus de politique italienne (et napolitaine) reconnaîtront que le film de Francesco Rosi dénonce clairement l’administration de la ville du temps du maire Achille Lauro (1887-1982). Celui-ci fut maire une première fois de 1952 à 1957 puis 10 mois en 1961.
Achille Lauro, richissime armateur, voyait la gestion de la mairie comme une manne financière. Une autre façon de faire des affaires.
Et c’est par l’immobilier qu’il trouvera les moyens d’y parvenir. Naples dévastée en grande partie par les bombardements a besoin de nouveaux logements.
Lauro qui ne peut pas vraiment agir sur la ville déjà existante, décide d’étendre la ville sur des terres agricoles achetées par la mairie puis revendues au prix fort aux promoteurs affidés à la Camorra.
Les scènes au sein du conseil municipal sont extraordinaires de réalisme.
Le film de fiction sonne comme un reportage. Francesco Rosi s’appuie sur l’extraordinaire puissance de jeu de Rod Steiger grand adepte de la méthode de l’Actor’s Studio mais aussi et surtout sur l’incroyable interprétation du conseiller municipal communiste Carlo Fermariello dans son unique rôle de cinéma.
Francesco Rosi est un réalisateur qui s’interroge sur le devenir d’une société italienne étranglée par un parti politique la Démocratie Chrétienne (DC) omnipotent et corrompu. Thème qui reviendra souvent dans sa filmographie.
Il faut noter un travail très important sur les dialogues mais aussi sur le noms des personnages qui renvoient à leur « fonction » dans le film.
La musique de Piero Piccioni est plutôt discrète et peu mélodique.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Un nouveau maire vient d’être élu, les tractations entre partis et personnalités tiraillées par le cas Nottola vont bon train. Edifiant!
L’ANECDOTE
Le film reçoit le Lion d’or à la Mostra de Venise en 1963.