Synopsis
Joseph Klein jeune journaliste de gauche décide de faire un reportage sur un homme d’affaires qui représente la nouvelle génération de capitaliste. Il jette son dévolu sur un certain Michel Ganiant dont l’ascension semble irrésistible et qui prépare un gros coup. Celui-ci tout d’abord refuse. Ce qui n’empêche pas Joseph Klein de le harceler jusqu’au où le journaliste est témoin avec son cameraman et son preneur de son d’un incident dans un parking d’un colère de Ganiant vis-à-vis d’un collaborateur. Conscient que ces images pourraient lui être préjudiciables à un moment critique de sa carrière, Ganiant consent à ce que le journaliste le suive au quotidien…
CRITIQUE
Film qui sous la forme d’un faux reportage fait penser à un genre de Bernard Tapie du début XXIème siècle.
Celui-ci jongle avec les entreprises. Non pas pour ce qu’elles produisent mais pour ce qu’elles lui permettent d’obtenir comme pouvoir financier. Le réalisateur a compilé toutes les turpitudes et vulgarités de nos tycoons focalisés sur un seul personnage.
Parfois le trait est gros voire grossier, mais je peux dire que j’ai souvent ri à ce catalogue à la Prévert des ignominies de ce parvenu, ainsi qu’aux réactions du journaliste que tente de manipuler l’homme d’affaires.
Le scénario force le trait, on est ici dans un exercice de caricature, il sait aussi parfois saisir des moments de mesquineries, il est de plus malin et offre une fin réussie chose rare dans les comédies françaises.
On peut aussi souligner les efforts de Stéphane Kazadjian pour mettre à la portée de tous les flux financiers de la bourse par de petites animations sympas.
La réalisation se fait caméra à l’épaule mais sans tremblements intempestifs ce qui permet au spectateur de suivre le film sans écarquiller les yeux comme cela devient un peu trop coutumier dans le cinéma moderne.
Je suis en général assez dubitatif sur les performances de François-Xavier Demaison sur grand écran. Je dois dire que cette fois-ci il m’a plutôt convaincu en beauf en costume cravate. Il parvient très bien à être un affairiste ambigu que l’on aime détester, et un père de famille quasi parfait qui est parfois touchant.
Laurent Lafitte qui depuis 2010 obtient des grands rôles au cinéma est lui aussi très bon.
Laurence Arné en blonde plus amoureuse de l’argent que de sa famille et qui ne sait que faire de ses dix doigts est elle aussi dans le bon ton de la comédie.
Quant à Guy Bedos il fait un savoureux banquier coutumier des coups tordus.
La musique de Arnaud Gauthier reste anecdotique.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Le banquier Frank-David Boulanger vient rendre visite à son jeune poulain Michel Ganiant. Il ne se laisse pas démonter par le présence des caméras et met gentiment mais fermement le journaliste et ses deux techniciens à la porte. Bonne scène réaliste.
L’ANECDOTE
Troisième film du réalisateur qui se détache des relations amoureuses de ses précédents opus pour s’intéresser, suite à la crise des subprimes de 2008 puis à la crise financière qui en a découlé, au monde de l’entreprise. Afin de contrecarrer la dichotomie qui s’était installée dans la mentalité des journalistes et de l’opinion: Les boursicoteurs sont les méchants profiteurs et les grands patrons du CAC 40 les gentils créateurs d’emplois.