Synopsis

Mougins (aux environs de Nice) année 1991, Omar Raddad joue au casino et perd. Il est jardinier chez madame Marchal et quelques autres propriétaires de Mougins. Rentré chez lui la gendarmerie débarque dans son appartement et l’emmènent pour interrogatoire. On le soupçonne du meurtre de Madame Marchal. Une femme riche, un peu originale. Il est d’autant plus soupçonné que la victime avant de mourir a écrit sur le mur de la remise où on l’a trouvée avec son propre sang « Omar m’a tuer« . Omar Raddad a bien des difficultés à acclamer son innocence face aux indices du meurtres et d’autant qu’il parle très mal  le français. Un écrivain reconnu, qui écrit au Figaro littéraire s’interroge sur la culpabilité de ce marocain un facilement tombé dans les mailles des filets de la police et de la justice, son éditeur l’encourage à partir à Nice faire une enquête façon Truman Capote…

rueducine.com-omar-m-a-tué-photo (5)

CRITIQUE

Le fait divers est déjà navrant : une femme de 65 ans est retrouvée torturée de 15 coups d’un objet pointu puis frappée de plusieurs coups de chevrons et décédée dans le sous-sol servant de chaufferie et de cave à vin de sa villa de Mougins.

Plus navrant encore l’est l’enquête policière qui semble foncer tête baissée vers un coupable apparemment désigné par la victime. Apparemment seulement car en réfléchissant très vite sur les possibilités d’une femme sachant parfaitement écrire le français, plongée dans le noir complet et contrainte de mettre son doigt à maintes reprises sur ses plaies sanguinolentes pour écrire sur le mur la fameuse désignation « Omar m’a tuer » sans chevaucher son écriture relève de l’impossibilité évidente.
Qui plus est sur les vêtement, et les chaussures de l’incriminé n’apparaissent aucune trace de sang de la victime, alors qu’ils n’ont subi aucun lavage.
Mais le plus atterrant est l’acharnement policier et judiciaire qu’a subi Omar Raddad. Tenant le coupable idéal ceux-ci n’élargissent pas suffisamment le champ des possibilités. Sans parler d’une méthode de conservation des pièces à convictions très peu minutieuse, des éléments sont perdus, le corps de la victime incinéré à la va-vite après une autopsie incomplète et très aléatoire sur l’heure du décès de la victime qui au gré des nécessités fluctue de 24 heures.
Une énormité!

rueducine.com-omar-m-a-tué-photo (6)
Le juge d’instruction qui semble n’instruire qu’à charge laisse pantois le spectateur (et éventuel futur justiciable) qui n’a pas vraiment envie de se trouver devant un tel personnage retors.

Roschdy Zem a été magnanime avec le personnage de Jean-Paul Renard juge d’instruction à Nice. En effet il aurait pu rajouter à la fin de son film que ce monsieur avait été mis à la retraite anticipée pour manquement à ses devoirs.

Le procureur Eric de Montgolfier lui reprochera entre autres en 1999 d’avoir des « comportements problématiques » en ayant des relations extra-professionnelles et imprudentes avec une personne qu’il a condamné. De fréquenter le mafieux et franc-maçon calabrais Marcel Allieis. Mais aussi la fréquentation amicale de Michel Mouillot ex-maire de Cannes condamné à 6 ans de prison pour corruption, prise illégale d’intérêts, abus de biens sociaux, faux et usage de faux qu’il tutoie et embrasse avec chaleur.
Michel Mouillot est le fondateur de la Grande Loge Nationale de France (pléonasme) , à la quelle appartient le juge Jean-Paul Renard. Ce dernier tripatouille dans les casiers judiciaires de la police pour la Loge.
Il est accusé d’avoir des relations de proximité avec des figures du « milieu » mais aussi avec des élus soumis à  des procédures judiciaires délicates, ainsi que d’effectuer des interventions illégales dans les affaires en cours, et d’officier en tant que juge d’instruction dans un dossier impliquant un ami. Rien que ça!

Reste à charge le fait qu’Omar Raddad jouait aux machines à sous sans en informer sa femme, qu’il avait plusieurs fois demandé des avances sur salaires à ses employeurs et semblait aux abois financièrement.

rueducine.com-omar-m-a-tué-photo (4)
Roschdy Zem met tout cela en image.

Prend évidemment parti pour Omar Raddad par l’intermédiaire d’un écrivain Pierre-Emmanuel Vaugrenard (dans la vie Jean-Marie Rouart) qui reprend certains éléments de l’enquête et pointe les dysfonctionnement de la police et de la justice dans cette affaire.

Denis Poldalydès est comme un poisson dans l’eau dans ce rôle de bobo (Bourgeois-bohème) parisien jusqu’au bout des ongles, mais qui est persuadé, d’entrée de jeu, que le jardinier de Mougins est un coupable de façade. C’est ce personnage qui met le doit la où ça fait mal et démonte l’enquête policière et l’instruction judiciaire.

Le réalisateur possède un scénario solide basé sur une histoire criminelle intrigante et non résolue ce qui capte l’attention du spectateur. Il contient aussi des scènes en prison qui sont frappantes sur les conditions de vie des détenus en France quels que soient les faits commis. Et d’autant plus si l’on est innocent…

De plus Roschdy Zem fait appel à Sami Bouajila déjà grandiose dans « Indigènes » (2006) de Rachid Bouchareb et qui est extraordinaire dans le rôle d’Omar Raddad.

Excellent film plaidoyer de Roschdy Zem. On se demande encore pourquoi Omar Raddad n’a pas été totalement blanchi. Il est juste sous le bénéfice d’une grâce présidentielle. Sa culpabilité le poursuit donc toujours.

 

rueducine.com-omar-m-a-tué-photo (3)

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

L’interrogatoire d’Omar Raddad à la gendarmerie. Sami Bouajila incarne à la perfection cet homme sur qui un couvercle est entrain de se refermer, alors qu’il n’a pas les moyens de se défendre. Grande scène mémorable.

L’ANECDOTE

Deuxième réalisation de l’acteur Roschdy Zem, après un « Mauvaise foi » (2006) pas si réussi, il trouve ici un sujet à la hauteur de son talent.

NOTE : 17/20

Video & Photo

1 videos 7 photos

Write a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *