Synopsis
Marais de la Dombes entre 1778 et 1788 (après la mort de Voltaire et avant la révolution), Grégoire Ponceludon de Malavoy, jeune aristocrate sans fortune ne supporte plus de voir ses paysans mourir des fièvres. Son rêve assécher les marais et les transformer en terres agricoles.
Il décide de se rendre à Versailles plaider la cause de constructions de digues et autres ouvrages qui lui permettrait de réaliser ce rêve. Il se rend chez le comte de Blayac qui pourrait lui ouvrir les portes de Versailles mais celui-ci grabataire et venant de subir une humiliation de la part du chevalier de Maletail dit « Marquis de Patatras » vient de décéder. Il repart abasourdi par ce coup du sort et en chemin se fait agresser par un tire-laine. Il est recueilli par le marquis de Bellegarde qui le soigne et lui enjoint de regagner ses terres, fuir Versailles et ses mœurs dissolues…
CRITIQUE
Un des meilleurs films de Patrice Leconte réalisateur très prolifique. Ce film fait partie de la décennie prodigieuse de Patrice Leconte qui commence avec « Tandem » (1987) et s’achève avec « Les grands ducs » (1996).
Film en costume avec une production à la bourse bien pleine, le film bénéficie d’un très bon scénario mais surtout de dialogues sensationnels. Faits de bons mots, traits d’esprit et autres saillies drolatiques. Bref ce qui faisait la pluie et le beau temps dans un Versailles en pleine décomposition morale et politique.
Distribution remarquable, Charles Berling trouve ici un des grands rôles du cinéma des années 1990. Mais les seconds rôles sont suffisamment étoffés pour obtenir de superbes scènes.
Ainsi Jean Rochefort qui pour la circonstance perd sa légendaire moustache, est un magnifique marquis de Bellegarde tout attentionné au bonheur de sa fille, et qui déteste la cour bien qu’il s’y présenta régulièrement pour participer à des joutes verbales.
Judith Godrèche qui tourne relativement peu trouve ici aussi un de ses rôles remarquables en jeune aristocrate désargentée et émancipée.
Patrice Leconte tourne avec une belle élégance et un grand classicisme cette histoire navrante d’un homme qui est prêt à subir les humiliations de la cour pour plaider la cause de ses terres maudites.
Les costumes sont magnifiques, la photographie lumineuse parfois inspirée de celle du chef d’oeuvre de Stanley Kubrick « Barry Lyndon » (1975).
Enfin la musique d’Antoine Duhamel inspirée du baroque (une gavotte) introduit aussi des phrases contemporaines dans la partition pour souligner le guet-apens tendu pendant le bal. Un joli travail.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La scène de la joute verbale avec les bouts de rimes. Vivacité d’esprit, méchancetés, tricheries tout est bon pour briller à la cour.
L’ANECDOTE
Le film recueille 4 César. Hélas pour Patrice Leconte et Bertrand Tavernier avec son « Capitaine Conan » ils sont en concurrence. Chacun recevra ex-aequo le césar du meilleur réalisateur. « Ridicule » reçoit aussi les César du meilleur film, des meilleurs costumes et meilleurs décors.
NOTE : 17/20