TEMPÊTE À WASHINGTON
- Burgess Meredith, Charles Laughton, Don Murray, Franchot Tone, Gene Tierney, George Grizzard, Henry Fonda, Lew Ayres, Peter Lawford, Walter Pidgeon
- Otto Preminger
- Drame, Politique
- 1962
- Advise and consent
- USA
- Wendell Mayes
- Jerry Fielding
Synopsis
Le président nomme Robert A. Leffingwell au poste de secrétaire d’État. Le président, malade, l’a choisi parce qu’il ne croit pas que le vice-président Harley Hudson puisse poursuivre avec succès la politique étrangère de l’administration en cas de décès du président. La nomination de Leffingwell est controversée au Sénat qui doit user de son pouvoir de conseil et de consentement entériner ou non la nomination. Le chef de la majorité au Sénat, Bob Munson, sénateur du Michigan, soutient loyalement le candidat malgré ses doutes, tout comme le chef de file de la majorité, Stanley Danta, du Connecticut, et Lafe Smith, du Rhode Island. Fred Van Ackerman, du Wyoming, défenseur démagogique de la paix, lui apporte un soutien particulier. Enfin bien qu’appartenant au parti majoritaire, le grincheux sénateur Seabright « Seab » Cooley, de Caroline du Sud, n’apprécie pas Leffingwell pour des raisons à la fois personnelles et professionnelles et mène une farouche opposition. La commission sénatoriale des relations étrangères nomme une sous-commission, présidée par Brigham Anderson, membre de la majorité, sénateur de l’Utah, pour évaluer la candidature….
CRITIQUE
Film éminemment politique et paradoxalement sans message purement politique. Nous devrons nous contenter d’un constat : les hommes politiques sont envahis par des passions néfastes qui les dévorent. Que ce soit l’ambition, la vengeance, la haine, le mensonge, le chantage, la servilité, la manipulation, j’en passe…
Chaque sénateur a son vice, sa faiblesse, son mauvais penchant.
Le grand méchant du film interprété par Charles Laughton qui semble régler de vieux compte avec le supposé futur secrétaire d’État quitte à ressortir les vieux démons de la chasse aux sorcières du Maccarthysme des années 1950-1954, quitte à faire appel à un faux témoin, arbore costume et pantalon blanc.
Le scénario va un peu loin dans la vilénie quand il s’agit de faire sombrer le président de la sous-commission dans un piège qui le mène dans un bar gay de New York où il fera une rencontre qui finira par lui coûter la vie. Le film sort du réalisme pour entrer dans l’improbable.
Cela permet à Otto Preminger de se jouer du Code Hays qui régit les scènes où la « moralité » entre en jeu. C’est la première fois qu’explicitement un bar gay est filmé.
Il défie dans ce même film les tenants de la liste noire issue de relents du Maccarthysme en faisant jouer des acteurs au passé communiste supposé,comme Will Geer et Burgess Meredith.
Comble « d’indignité » Henry Fonda, acteur symbôle de l’Amérique, qui a accumulé les rôles de héros incorruptible endosse le personnage de Leffingwell qui a un passé communiste.
Le scénariste a l’intelligence de ne pas faire le choix du happy-end tout en ne donnant pas raison au sénateur de la Caroline du Sud. Ce qui ne met pas le spectateur à son aise, mais permet cependant de bien mémoriser le film par cette semi déception finale.
Le film permet au spectateur de visiter les entrailles du Capitole et des annexes reliés par des souterrains. Une curiosité.
En 2025 « Advise and consent » reste complètement d’actualité.
Les formules de politesses que s’adressent les sénateurs sont toujours de mise. Mais dans un affrontement idéologique sans concession et beaucoup plus profond entre républicains et démocrates, le Sénat américain est paralysé en grande partie par la règle sénatoriale du filibuster qui prolonge les débats sans fin et bloque les vote. Et invoquer la clôture se relève ¨être » impossible car il faut atteindre une majorité de 60 votes sur 100. Chose quasi impossible dans un hémicycle qui ne bénéficie que d’une courte majorité 53/47.
L’affrontement idéologique y est donc exacerbé avec son lot de fake news pour appuyer des discours.
Le Shutdown (manque de budget par la faute d’une majorité introuvable) est fréquent quelque soit la majorité. En 2025 il est prolongé tellement dans le temps que des licenciements de fonctionnaires se fait jour (fait assez rare).
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La déposition d’Herbert Gelman qui accuse Lefingwelle d’être un communiste. Abomination suprème.
L’ANECDOTE
C’est l’ultime rôle au cinéma pour l’acteur britannique Charles Laughton qui fait une prestation mémorable. Il décède quelques mois plus tard après la sortie du film en salles.
Quant à Gene Tierney après des années d’absence due à une maladie dépressive, elle revient dans ce film. Mais elle ne tournera que dans deux films après celui-ci.
