Synopsis

Un traîne-misère porté par une mule sur un brancard avance à travers le pays. La mule finit par s’arrêter devant une cantina. L’homme couvert de poussière entre s’époussette et s’assied à une table. A la table voisine deux chasseurs de primes ont blessé et capturé un mexicain. L’un des deux chasseurs de primes, interrompant le repas de l’inconnu s’assure que celui-ci n’est pas un homme recherché, puis retourne à sa table. L’inconnu après avoir curé son plat de fayots se lève s’approche de la table des chasseurs de primes et demande au mexicain de se lever et de le suivre. Les deux chasseurs de primes vont pour s’interposer mais l’inconnu leur dit qu’il est Trinita connu comme étant « la main droite du diable ». Ce qui paralyse les deux pistoleros. Trinita repart avec le mexicain. Et tue les deux chasseurs de primes qui pensaient le tuer d’une balle dans le dos. Trinita se rend dans une ville où un shérif a des démêlés avec un potentat local. Le shérif (un colosse) se nomme Bambino demi-frère de Trinita et surnommé « la main gauche du diable »…

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CRITIQUE

Spécialiste de la série B voici la nouvelle production du « dottore » Italo Zingarelli.

Avec ce film le western italien franchit les portes de la comédie italienne, que l’on pourrait appeler aussi western-bouffe. Car les bouffonneries commencent à envahir le scénario. Bagarres à mains nues homériques où tous les coups sont permis. On hésite pas non plus dans ce sous genre à roter ou péter. Amateurs exclusifs d’humour raffiné passez votre chemin!

Certains l’appelleront western-fayot car dans ce sous genre c’est le plat volontiers servi aux héros. Ici le dénommé Trinita en avale une poêlée complète!

L’écriture du film est assez étrange. Le film débute comme un western italien classique jusque dans sa violence. Trinita tue les deux chasseurs de primes. Certes de façon excentrique et humoristique. Puis il y a la rencontre avec les mormons non violents et voici que le film dans sa seconde moitié ne fait plus appel à la violence même édulcorée ou gaguesque. Et l’on assiste alors à une vaste bagarre générale avec une trentaine de cascadeurs. Tout cela devait avoir du charme en 1970 (cf explications de Sergio Leone plus bas) , mais de nos jours quelle navrance!

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Certes le duo Terence Hill et Bud Spencer sorte de Laurel et Hardy à l’italienne avec une écriture comique moins aboutie, moins fine, et plus brutale, fonctionne malgré tout.
Ces deux frangins sont fainéants et font toujours les choses à contre-cœur avec de gros soupirs d’exaspérations. Cette vision-ci du duo est assez plaisante. Bud Spencer utilise son poing comme une massue, Terence Hill  a l’œil qui pétille. Les voir évoluer dans un de leur meilleur film commun mérite qu’on s’y arrête.

Ecrit en forme de buddy movie : les deux demi-frères ont des caractères différents, des objectifs dissemblables mais vont dans le même sens dans l’action.
Le rire arrive par moments à surgir mais que ce film est long!  Quasiment 1h50 quand en 90 minutes tout pouvait être plié.
Quelques seconds rôles sont plaisants comme celui du mexicain recueilli par Trinita qui est toujours ivre, ou bien le second du shérif. Tous deux picaresques à souhait.

Franco Micalizzi qui s’inspire largement des partitions d’Ennio Morricone (on y retrouve les sifflets d’Alessandro Alessandroni) et annonce celles de Guido et Maurizio de Angelis qui feront leur grands débuts avec la suite : « On continue de l’appeler Trinita » (« Continuavano di chiamarlo Trinità » (1971).

 

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LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Le repas de fayots dans la cantine. Scène la plus célèbre du film et qui donnera le nom à ce sous genre du western italien.

L’ANECDOTE

A propos du succès public de ce film voici ce qu’en dit Sergio Leone dans « Conversation avec Sergio Leone » de Noël Simsolo :
« Je le (ce film) trouvais sinistre. J’étais atterré de voir que tout le monde riait à ce spectacle. Mais j’ai fini par comprendre… Au départ ils avaient tourné un film sérieux. Quand ils ont entendu que tout le monde rigolait, ils furent catastrophés. Terence Hill pensait que sa carrière s’arrêtait là. Mais devant le succès ils décidèrent de rectifier le tir. Dans le premier « Trinita » Terence tuait des gens. Par la suite il ne devait que donner des gifles. Et cela plaisait au public parce qu’il attendait quelque chose de nouveau. Pendant plusieurs années les spectateurs avaient subi des centaines de films stupides où les six mêmes cascadeurs interprétaient le rôle des méchants. Il régnait une saturation et une certaine colère. Au point qu’à la sortie d’un film intitulé « Si tu vois Sartana, dis-lui que c’est un homme mort« * le public avait rebaptisé le film « Si tu vois Sartana, dis-lui que c’est un con ». Et voila un film où les duels au revolver sont remplacés par des claques! Les spectateurs se sentent libérés. C’est une revanche. Ils sont ravis de voir les méchants de tous ces films recevoir des baffes et se faire enfoncer le chapeau jusqu’aux oreilles. Et le second Trinita fut un triomphe colossal! Il arrivait à un point précis d’exaspération devant un genre à bout de souffle…« 

* Film inconnu. Celui dont le titre s’approcherait le plus de celui indiqué par Sergi Leone serait « Sartana » (1968) de Gianfranco Parolini « …Se incontri Sartana prega per la tua morte« .

NOTE : 11/20

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