Synopsis

Sur les routes d’Italie, Mario De Santis avec son extravagante voiture en forme de tube de dentifrice, va d’épiceries en épicerie pour vendre ses produits d’hygiène dentaire. Il compte beaucoup sur son charme naturel pour amadouer les femmes. Rentré à Rome il se rend chez lui où l’attendent Valeria sa femme et son fils encore bébé. Valeria n’a qu’une hâte sortir avec son mari. Mais au moment de partir Valeria lui annonce que la police voulait qu’il se rende au poste. Qu’à cela ne tienne avant de partir dîner chez la belle famille, Mario fera un crochet par le commissariat. Arrivé sur place le commissaire lui signifie qu’il est bigame, marié à une certaine Isolina Fornaciari il y a une dizaine d’années…

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CRITIQUE

Luciano Emmer (1918-2009) qui vient du documentaire et qui a au final très peu tourné pour le cinéma mais a cependant marqué de son empreinte le cinéma italien.

Pour ce film il a une équipe de scénaristes impressionnante non par le nombre mais par sa qualité :
Sergio Amidei le vétéran, qui a su se sortir de la période fasciste sans trop de dommages, notamment en étant un des précurseurs du néo-réalisme avec « Rome ville ouverte » (« Roma Città aperta« ) (1945) de Roberto Rosselini.
Il y a le duo fantastique qui a élevé la comédie italienne pour l’amener progressivement vers la « comédie à l’italienne » Agenore Incrocci (1919-2005) et Furio Scarpelli (1919-2010) connus sous le sigle Age & Scarpelli. L’humour féroce de ses deux-là a marqué les années magnifiques (1950-1978) du cinéma italien.
On trouve aussi Francesco Rosi (1922-2015) futur immense réalisateur « Main basse sur la ville » (« Le mani sulla città« ) (1963) « Cadavres exquis » (« Cadaveri eccelenti« ) (1976) dont la filmographie mélange avec bonheur le brûlot politique et le combat antimafia.
Enfin Vincenzo Talarico (1909-1972) journaliste multicartes et plutôt iconoclaste qui avec ce film signe un des ses meilleurs scénarios.

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Luciano Emmer fait aussi appel à son acteur fétiche Marcello Mastroianni.

Le sujet de la bigamie est ici prétexte à une comédie sur la famille et la justice mais aussi l’inventivité italienne pour se sortir de situations embarrassantes. C’est aussi la peinture de personnages haut en couleur. Le mari dragueur, le compagnon de prison roublard, l’avocat sans mémoire, âpre au gain et inefficace, la femme mythomane et son père aux réflexes fascistes.

Tout ceci dans une Italie qui se reconstruit tant bien que mal, avec des problèmes sociaux énormes et des italiens qui vivent de débrouilles depuis des années et qui conserveront ce réflexe de survie (surtout dans le sud) encore longtemps.

La comédie est alerte et arrive à maintenir un suspens sur les motivations de l’accusation de bigamie.

Luciano Emmer film efficacement et offre à ses acteurs de belles scènes où ils peuvent mettre en avant leur talent comique. La comédie est vive les réparties souvent drôles.

Vittorio De Sica campe un extraordinaire avocat oublieux de tout sauf de ses pécunes. Il emporte la fin du film dans un tourbillon de paroles et de gestes grandiloquents.

L’ensemble de la distribution est magnifique. On notera surtout l’extraordinaire Franca Valeri.

Le film frise la comédie à l’italienne notamment dans sa critique du système policier et judiciaire qui prend peu de soin à l’examen des faits pour s’arrêter aux apparences.

Alessandro Cicognini a composé une musique « à l’italienne » très mélodique et enjouée.

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LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

La rencontre de l’avocat avec le prévenu Mario De Santis très perplexe par le système de défense psychanalytique que va développer son défenseur.

L’ANECDOTE

Franca Valeri est une grande amatrice d’opéra. Elle a mis en scène divers œuvres d’opéra. Elle a aussi par deux fois participé à l’écriture de scénario pour « Le signe de Vénus » (« Il segno di venere« ) (1955) de Dino Risi et « Lions au soleil » (« Leoni al sole« ) (1961) de Vittorio Caprioli.

NOTE : 15/20

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