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Synopsis

Trois hommes pourchassent un bandit nommé Tuco. Ils échouent. Un homme nommé Sentenza cherche un dénommé Carson. Il s’invite dans une famille dont l’homme lui fournit quelques renseignements. Sentenza abat l’homme et son jeune fils. Blondin et Tuco font tourner un petit business. Blondin ramène Tuco aux hommes de loi qui le recherchent, touche la récompense et lors de la pendaison de Tuco le libère en tirant sur la corde entre la potence et le cou. Mais très vite Blondin se lasse de cette association. Il garde la récompense pour lui et laisse Tuco seul et à pied face à un désert…

CRITIQUE

Sergio Leone maîtrise parfaitement sa propre grammaire cinématographique. Une ouverture énigmatique et silencieuse, une musique splendide qui varie selon les personnages, des gros plans de parties de visages qui annoncent la mort, des dialogues minimalistes et ponctués d’humour morbide et de longues scènes sans dialogue.

Après « Pour une poignée de dollars » (« Per un pugno di dollari« ) (1964), « …Et pour quelques dollars de plus » (« Per qualche dollaro in più« ) (1965),  qui avaient pas mal secoué le cinéma européen, « Le bon, la brute et le truand » (« Il buono, il brutto, il cattivo« ) (1966) entre dans la légende du western italien et bouscule une vision de l’ouest américain glamour. La force d’un tel film, c’est qu’il est inoubliable tellement il sort des sentiers tracés par le western américain. Sans cependant s’opposer au genre américain mais en le déconstruisant poussant l’hommage à son paroxysme dans la violence et le cynisme.

Ici pas de bataille entre le bien et le mal. Les trois héros sont des salopards de premier ordre. Et chacun à tour de rôle prend la main du récit plusieurs fois. Le spectateur se trouve donc sur un terrain instable où les cartes sont rebattues incessamment. Ce qui fait la différence principale dans l’écriture des personnages par rapport au western américain fait d’archétypes de bons et de méchants qui évoluent chacun parallèlement. Alors que dans le western italien le bon peut devenir méchant, les alliances changent au gré des intérêts, et « les bons »  ont souvent un côté obscur qui peut surgir à tout moment.

On peut y voir aussi deux anges (Blondin qui incarne le bien relatif et Sentenza qui incarne le mal absolu) qui s’affrontent en utilisant à leur gré l’homme (Tuco). D’ailleurs il est demandé au spectateur à plusieurs reprises de se retrouver propulsé dans des décors de façon assez soudaine. Dans une traversée du désert dans lequel Blondin à l’article de la mort reçoit une révalation, dans un fort nordiste où Sentenza est subitement devenu un officier tortionnaire, dans un champ de bataille et enfin dans un cimetière en forme de cercle lieu du dénouement final.

Ennio Morricone signe une fois encore une grande musique pour son ami Sergio Leone. Le travail en amont sur scénario permet effectivement au maestro et à Sergio Leone de faire un gros travail sur la mise en musique du film. Sergio Leone plus tard en forme d’hommage à son musicien dira qu’Ennio Morricone est coscénariste de ses films car sa musique influence l’écriture et la mise en scène.

Ecrit avec Age & Scarpelli, vite écartés pour incompréhension sur la vision du western selon le maestro, au profit de Luciano Vincenzoni et Sergio Donati, c’est le premier chef-d’œuvre de Sergio Leone. Et il ne lui reste plus que trois films à réaliser!

Clint Eastwood plus taciturne que jamais, Lee Van Cleef plus inquiétant que jamais sont géniaux et c’est Eli Wallach avec son personnage plus picaresque que jamais qui emporte le morceau et vole la vedette aux deux autres.

Sur la musique d’Ennio Morricone la quête de Tuco cherchant la tombe renfermant le trésor est un sommet du septième art. Un des morceaux où le génie pur du compositeur nous apparaît accompagné pour la première fois de la voix sublime d’Edda Dell’Orso.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

La fin du film est richissime on notera surtout l’arrivée de Tuco dans le cimetière de Sad Hill, puis un triel au centre de ce même cimetière (duel à trois) avec une illustration sonore tonitruante et géniale en forme de degüello à l’italienne. La trompette de Michele Lacerenza est exceptionnelle.

L’ANECDOTE 

Ce film a subi des grosses coupures pour être distribué aux États-Unis et en Europe dans une durée de 2h40. Excepté en Italie où il a été vu dans sa version intégrale avec 17 minutes de plus soit 2h57. Les films de Sergio Leone seront systématiquement massacrés aux Etats-Unis par les studios en pratiquant des coupures invraisemblables qui iront jusqu’à ruiner le sens des films.

NOTE : 17/20

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