Synopsis

Un homme arrive en ville un soir. Il entre dans le saloon et demande à ce qu’on lui serve un whisky. A une table des joueurs reconnaissent Jimmy Ringo rescapé de la bande adverse à Wyatt Earp, et avec la réputation de l’homme le plus rapide pour dégainer et tirer. Ce qui ne manque pas d’émoustiller le jeune Eddie qui s’approche du comptoir et offre une tournée générale puis insulte Jimmy Ringo. Ce dernier demande au jeune de cesser de le provoquer. Mais celui-ci continue, Jimmy Ringo lui répond sur le même ton Eddie dégaine son arme , mais Jimmy Ringo l’abat le premier. Il est contraint de fuir la ville. Il a à ses trousses les trois frères du jeune présomptueux…

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CRITIQUE

Exemple magnifique du sur-western.

Le sur-western introduit une large part de psychologie et de réflexion dans le western. Limitant par là-même les scènes d’action.
Et de fait « La cible humaine » offre un duel au tout début du film et un règlement de compte à la toute fin. Entre les deux une course contre le temps durant laquelle le anti-héros tente de reconstruire sa vie.

Je dis anti-héros car Jimmy Ringo n’est pas un modèle. Son parcours violent, il le traîne comme un boulet et sa réputation de tireur le plus rapide de l’ouest en fait une cible de choix pour tous les prétendants à ce titre et son destin ne peut être que funeste.

Sur un scénario original de André de Toth qui présente le film à la 20th Century Fox, et après un désaccord sur la production du film et notamment l’entrée de Gregory Peck dans le casting, le scénariste et réalisateur quitte le projet et le confie à un autre scénariste William Bowers. Le studio cherche un réalisateur.

Henry King qui lit le scénario annule ses vacances pour le tourner tellement il entrevoit de possibilités dans le tournage du film. Il fait adapter le scénario par William Summers.

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Henry King refuse le technicolor pour lui préférer le noir et blanc et rejoint à peu près André de Toth qui avait dans l’idée d’atténuer les couleurs pour en faire des nuances de bleus et de gris.
Le résultat est remarquable car les images rendent parfaitement le niveau de la tragédie. Cela permet aussi de faire un somptueux générique sur fond de paysage minéral, et une fin superbe où la femme de Jimmy Ringo fantasme son mari sur son cheval au crépuscule.

Entre les deux pas une seule note de musique.
Alfred Newman a juste droit aux deux génériques pour s’exprimer. Mais cette absence de musique n’est pas choquante, on finit par la remarquer vers les deux tiers du film. Le spectateur se dit « tiens il y a rencontre du couple et pas de musique pour la souligner » Puis il s’aperçoit que depuis le début du film il n’a plus entendu de musique.

Gregory Peck et sa fameuse moustache (Voir l’anecdote) sont magnifiques. Mais il n’est pas le seul.
L’ami de Ringo et shérif de la ville de Cayenne interprété par Millard Mitchell a une sacrée envergure.
Le choix des deux jeunes coqs qui défient Jimmy Ringo est tout à fait judicieux. Skip Homeier et Richard Jaekel sont arrogants et stupides à souhait.
J’ai été bien moins séduit par le jeu de Helen Wescott.

On peut regarder dans la foulée « Le train sifflera trois fois » (« High noon« ) (1952) de Fred Zinneman qui est son contraste positif.

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LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Jimmy Ringo transmet à son challenger le titre de meilleur tireur de l ‘ouest lui promettant une vie courte faite de traques et de petits prétentieux qui un jour où l’autre lui troueront la peau. Scène très forte car on assiste à la mort de l’un et à celle dans un futur proche et inéluctable de l’autre.

L’ANECDOTE

Profitant d’un séjour du de Darryl F. Zanuck (qui dirige le studio 20th Century Fox) en Europe, Henry King soutenu par Gregory Peck décide de faire porter la moustache au héros du film.
Quand Zanuck rentre à Hollywood le film est à moitié fini. Zanuck rentre dans une colère noire contre cette décision. Le producteur est persuadé que cette moustache va lui coûter très cher. Impossible de recommencer le tournage d’autant que Gregory Peck et sa moustache sont de quasiment tous les plans.
Et quand le film sort en salles… c’est un échec. On le mettra donc sur le compte de la moustache!

NOTE : 17/20

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