Synopsis

Paris, années 1970, nuitamment, un braquage a lieu dans une grande joaillerie. C’est le vétéran Yan Kuq qui fait le coup avec quelques complices. Quand il rentre chez lui au petit matin, il surprend sa compagne en grande conversation téléphonique avec son amant. Colère noire de Yan Kuq qui se met à la battre à coups de ceinturon. Pour fuir les coups elle se jette de la terrasse de l’appartement. En Normandie, Sénart dit « Le gitan » braque un fourgon d’un casino avec trois complice. La police du commissaire Blot est sur les dents. Sénart fait ses braquages sans se cacher le visage, et la mort de la femme de Kuq au petit matin semble indiquer que ce dernier n’était pas chez lui avant. Quant à l’amant de Kuq, il se dénonce au commissaire, c’est un de ses inspecteurs…

CRITIQUE

Bon film policier signé José Giovanni (1923-2004) et produit par Alain Delon.

José Giovanni, auteur prolifique du genre policier et de l’aventure adapte son propre roman « Histoire de fou » et fait s’entrecroiser deux récits. Deux gangstérismes.
Le premier Yan Kuq, un cambrioleur de haute volée, qui n’a pas de sang sur les mains, le deuxième, Sénart, un gangster brutal qui n’hésite pas à faire usage de son arme. Le premier embourgeoisé, le second éternel exclu de la société car gitan.

Ce qui va unir les deux hommes sur la fin du film c’est le code de l’honneur et la solidarité entre hommes de mauvaise vie.
Ce thème avec celui de la peine de mort et l’horreur qu’elle peut représenter, sont ceux les plus rebattus par José Giovanni au long de son oeuvre romancière et filmographique.

Il faut dire que l’auteur (qui s’appelait Joseph Damiani), a été un collaborationniste encarté et actif ainsi qu’un voyou à la fin de la seconde guerre mondiale et qu’il a participé avec des complices à l’extorsion de biens de personnes juives, à la torture et à l’exécution de deux personnes dans un but crapuleux. Il est par ailleurs condamné à mort, peine commuée en 20 années de travaux forcés. Il sera libéré après 11 années de prison.

José Giovanni parle donc de ce qu’il connaît bien. Les truands, et leur mode de fonctionnement. Sa filmographie et son oeuvre littéraire sont un long chemin de rédemption mélé à un plaidoyer contre la peine de mort.

Pour interpréter ce film, José Giovanni fait appel à un casting de luxe. Paul Meurisse, Alain Delon (encore sobre dans son jeu) et Marcel Bozzuffi et la crème des seconds rôles masculins de l’époque. Et un Bernard Giraudeau dont on pressent déjà qu’il va aller loin. Autant dire que de ce côté là, ça envoie du bois!
Annie Girardot est étonnament pas très à son aise dans ce film, ou peut-être josé Giovanni qui faisait du « cinoche d’hommes », n’a t-il pas su la diriger.

Enfin la musique de Django Reinhardt orchestrée par Claude Bolling avec, en fonction des morceaux, la voix de Lick est un savant mélange de rappel ethnique du titre du film et d’efficacité narrative.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Sénart quitte le vétérinaire qui l’a soigné sans le dénoncer, et qui à une poigné de billets de banques préfère une poignée de mains. Scène touchante servie par Alain Delon et Jacques Rispal (1923-1986) un grand second rôle des années 1970.

L’ANECDOTE

Le personnage du gitan est inspiré d’un des membres du « gang des Tractions Avant » nommé Marcel Ruard ayant pour sobriquet « Le gitan » ou « Pépito ».

NOTE : 14/20

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