Synopsis

Milan années 1970, Salvatore Cangemi au petit matin entre dans ses bureaux. Mais il découvre le cadavre d’une jeune femme dans sa piscine. Après avoir fait venir la police à laquelle il déclare ne pas connaître la défunte, le légiste découvre qu’elle a été noyée dans de l’eau salée. Quelques heures plus tard Cangemi est en réunion avec son bras droit Lino Caruso. On apprend que Cangemi est en fait le boss de la prostitution à Milan, que la fille découverte faisait partie de son cheptel, et qu’il la connaissait très bien puisque c’était une de ses meilleures gagneuses. Cangemi comprend aussi qu’il vient de recevoir « un message »…

CRITIQUE

Pas vraiment un polizziottesco pour la bonne raison que le rôle principal n’est pas tenu par un policier. Dans le montage français (90 minutes) les scènes supprimées étaient pour la plupart celles avec la police. Mais même le montage complet n’offre pas aux policiers le rôle prépondérant qui aurait pu classer ce film dans le filon des films polizzioteschis alors en vogue en ces années 1970. Il s’agit donc d’un thriller sur l’affrontement de deux bandes rivales.

L’une d’origine sicilienne, installée et qui prospère sur la prostitution, l’autre venant de France qui veut écouler l’héroïne de la French Connection à Milan et cherche à s’implanter par intimidation et en profitant du réseau de prostitution.

Umberto Lenzi (1931-2017) qui a surfé sur bien des genres (« filone » en italien sous-genre populaire tournés rapidement sans grands moyens et usés très vite jusqu’à la corde) films d’aventures, films d’espionnages, western italien, et giallo se lance ici dans le thriller.

Dommage que son acteur principal Antonio Sabato ne soit pas très crédible. Il fait un peu gangster d’opérette. Il menace même le film dans la première demi-heure, avant que l’on ne soit totalement pris par l’histoire.

Mais les acteurs qui l’entourent sont très bons parmi lesquels Philippe Leroy qui interprète le français surnommé « Capitaine » qui veut imposer son trafic de drogue par tous les moyens, y compris la gégène appliquée sur les parties intimes. Système de torture appliquée par l’armée française pendant la guerre d’Algérie. On voit bien que les scénaristes s’inspirent de faits réels. Ce qui donne de l’épaisseur au film.

Umberto Lenzi prend modèle sur son aîné Carlo Lizzani qui avec « Bandits à Milan » (1968) a lancé le « filone » du polizziottesco.
Adroit à la caméra, il filme Milan avec une certaine maestria conférant à la ville un côté à la fois fascinant et oppressant.
Le réalisateur ne mégote pas sur la violence et notamment celle exercée sur les prostituées.

Le film de Lenzi montre (en creux) comment la drogue s’est imposée au milieu y compris à ceux qui n’en voulaient pas. Les dividendes étant décuplés face à ceux de la prostitution, du rackett et autres sources de revenus.

Bien entendu la musique de Carlo Rustichelli est à la hauteur du propos et contribue à en faire un film digne d’intérêt.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Le générique du début très accrocheur avec toutes ces prostituées exhibées à la caméra. Certains diront ouverture de film putassière.

L’ANECDOTE

Retiré du cinéma depuis la fin des années 1990 Umberto Lenzi s’est tourné vers l’écriture. Notamment dans le polar où il créé avec une certaine réussite un détective privé, Bruno Astolfi dont les enquêtes se déroulent pendant les années 1940 dans le petit monde du cinéma. Il prend souvent comme référence des tournages réels de films à Cinecittà.

NOTE : 13/20

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