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Synopsis

1939 à Varsovie, les tensions entre l’Allemagne nazie et la Pologne sont exacerbées. Une troupe de théâtre polonaise, dont les acteurs principaux sont le couple célèbre Maria et Joseph Tura, répète une pièce satirique sur Adolf Hitler. Mais celle-ci est annulée par le producteur sous la pression du gouvernement polonais qui ne veut pas froisser Adolf Hitler. C’est donc la pièce « Hamlet » de Shakespeare qui est reprise par la troupe. Mais la Pologne est envahie sans déclaration de guerre. En Angleterre le professeur Siletsky va être parachuté en Pologne pour animer un réseau de résistance. Mais un pilote s’aperçoit que Siletsky ne connaît pas les acteurs Tura et par d’autres faisceaux soupçonne Siletsky d’être un espion nazi qui risque de mettre à bas la résistance polonaise…

CRITIQUE 

Chef d’oeuvre du 7 ème art qui allie le drame absolu et le rire.
C’est d’autant plus remarquable que le film est tourné alors que la deuxième guerre mondiale est encore circonscrite à l’Europe et l’Afrique et que les Etats-Unis subiront l’attaque de Pearl Harbor durant le tournage. Le film aurait pu subir l’autocensure que les studios avaient mis en place afin de ne pas blesser l’Allemagne nazie, qui est un gros marché d’exportation. Mais le cours de l’histoire permet au film à sa sortie, d’être un fer de lance de propagande anti nazie. Bien qu’il ait été villipendé par certains critiques pour son supposé mauvais goût de rire des drames du peuple polonais.

Ce film est une réjouissance car l’intelligence au service du cinéma y est omniprésente. Dès le debut du film le spectateur est sollicité entre fausse bande d’actualités, flashback pour expliquer la chute des actualités et twist nous ne sommes pas au cinéma mais au théâtre.
Beaucoup de registres scénaristiques sont utilisés notamment, par deux fois, un des plus sophistiqué nommé préparation/paiement (pay-off). La tirade de Shylock et un faux Hitler.

Il en va de même pour la grammaire de la comédie étendue. Comique de situation, comique de répétition, comique de geste et de caractère. La palette de Lubitsch et son (co)scénariste Edwin Justus Mayer est immense et fait mouche à chaque fois.
Et c’est surtout cela qui est remarquable. Pas un gag ne tombe à côté, pas une fois le spectateur se dit que cette scène aurait pu être meilleure.
La direction d’acteurs est en cela remarquable. Tous les rôles sont magnifiquements interprétés et permettent au film d’être redoutablement efficace.

Mais le film se ménage aussi des moments dramatiques comme l’invasion de la Pologne, les dégats suivi de la scène en Angleterre. Ainsi que des moments de suspens comme la scène avec les deux Siletsky (dont un mort) dans la même pièce et la façon ingénieuse, d’abord individuelle, puis collective pour se sortir de ce mauvais pas.

Ernst Lubitsch, juif allemand, qui n’a pas fui l’Allemagne nazie, il a émigré aux Etats-Unis en 1923 à la demande de Mary Pickford séduite par ses talents de metteur en scène, ridiculise les nazis et leurs saluts désincarné.
De même le duo formé par le colonel Ehrhardt (Sig Ruman) et le capitaine Schultz (Henry Victor) marque les esprits, à tel point que dans le film « Stalag 17 » (1953) Billy Wilder reprendra le personnage de Schultz interprété cette fois par Sig Ruman. Qui sera à nouveau repris dans la série « Hogan’s heroes » (« Papa Schultz » en français). Et toujours à des fins de ridicule.

Les acteurs et leur orgueil (professionnel ou amoureux) ne sont pas non plus exempts du ridicule, même si eux parviennent à rebondir et notamment grâce à la troupe. Individuellement ils sont dans la difficulté, mais leur salut vient de la solidarité et de l’intelligence collective.

La technique est aussi à la fête. La photographie joue en contraste entre scènes de comédie et scènes dramatiques. Les costumes et la coiffure de Carole Lombard ont leur importance dans le film.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

La scène de séduction entre Maria Tura (Carole Lombard) et Siletsky (Stanley Ridges) qui s’achève par un baiser ponctué d’un Heil Hitler assez inattendu mais extrèmement malin.

L’ANECDOTE

Carole Lombard épouse de Clark Gable et très engagée pour l’intervention américaine contre l’Allemagne nazie, meurt dans un accident d’avion alors qu’elle soutenait l’effort de guerre par des ventes de bons. Elle ne vivra pas la sortie du film en salles. Clark Gable dévasté suit la demande de sa femme et s’engage dans l’armée comme artilleur à bord de bombardier. Mais sa mission consiste à ramener des images des bombardements.

NOTE : 18/20

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