Synopsis
Quartier d’une ville en partie détruit par les bombardements de la guerre de 1939-1945 quelques six mois après la fin de la guerre. La France vit les derniers soubresauts de la libération. L’épuration suit son cours attisée par des zélotes qui ont beaucoup à se faire pardonner, le parti communiste s’organise pour les prochaines élections, les pétainistes restés fidèles au maréchal jusqu’au bout font le dos rond, les collabos se cachent, tandis que les rois du marché noir, riches à millions, cherchent à solder les comptes en préservant leur magot…
CRITIQUE
Portrait assez cinglant de la France au sortir de la guerre. Le film est tiré d’un roman éponyme de Marcel Aymé.
Le film doit pas mal au ton du scénario mais il doit surtout énormément aux acteurs qui sont vraiment sensationnels.
L’ogre Gérard Depardieu fait un numéro de bistroquet ivrogne et amoureux des vers de Racine, qui se pique de vouloir faire de la poésie. C’est aussi un colosse à la force herculéenne naïf et au verbe haut et fort. L’acteur est une tornade qui à chacune de ses présences dans ce film choral relance l’intérêt de l’histoire. Chacune de ses scènes aurait pu figurer dans la rubrique de la scène d’anthologie.Il faut le voir au sortir d’un court séjour en taule où son gosier s’est asséché, rentrer dans son bistrot, saisir une bouteille de vin blanc et la descendre en 3-4 secondes. C’est quand même physiquement exceptionnel.
Il enchaîne cette année 1990 deux rôles marquants dont la poésie et la versification revêt une importance primordiale. « Uranus » donc et auparavant Cyrano de Bergerac » de Jean- Paul Rappeneau.
Les autres acteurs n’ont pas à rougir de leur prestation, bien au contraire! Je pense à Daniel Prévost qui excelle à interpréter les personnages veules, Philippe Noiret, en optimiste à tout crin, Jean-Pierre Marielle en pétainiste qui accueille chez lui un communiste et un collabo, pour se racheter devant son fils?, Michel Blanc en communiste rétif devant l’épuration, enfin Michel Galabru en odieux personnage dont la richesse provient du marché noir.
La réalisation de Claude Berri est limpide et passe de l’un à l’autre sans que jamais le spectateur ne se perde. Il se met au service de l’oeuvre qu’il adapte.
Seule ombre au tableau la musique de Jean-Claude Petit qui manque d’épaisseur.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Le fils de Monglat, roi du marché noir, veut que son père disparaisse si possible en se suicidant. Mais pour Monglat il n’en est pas question. Il retourne la situation menaçant son fils de la prison après avoir lui avoir dit : « Tu me ressembles trait pour trait, quand je te vois, je me dégoûte » Michel Galabru montre que le cinéma français malgré une filmographie pléthorique de navets, est passé au travers de l’acteur et son immense talent.
L’ANECDOTE
Le film est nommé 5 fois pour les César. Mais il est un concurrent malheureux devant « Cyrano De Bergerac » qui rafle les principales compressions.
Il est à noter, parce que c'est rarissime au cinéma, que Claude Berri a choisi de suivre le roman de Marcel Aymé au mot près, sans céder à cette manie d'autres réalisateurs qui n'hésitent pas à dénaturer un grand texte sous couvert de "l'art"....Connaissant le roman avant d'avoir vu le film, je suis resté baba devant la qualité du casting....Impossible de faire mieux, et c'est sans doute ce qui confère à ce film cet accent de vérité incroyable... Dommage qu'il soit sorti en même temps que Cyrano, il eut mérité l'ensemble des oscars (bon, ok peut-être pas la musique !)
J'imagine que ce ne sont pas des oscars mais des césars auxquels vous faisiez allusion... Merci Gauthier d'être passé par rueducine.com