Synopsis

27 octobre 1962, campagne de Bascapè près de Pavie (Padova), l’avion de l’homme d’affaires Enrico Mattei s’écrase en flammes. Enrico Mattei, son pilote et un journaliste qui l’accompagnaient meurent.
Au sortir de la guerre, élu député de la Démocratie Chrétienne (DC) et représentant son aile gauche, il avait pour mission par le gouvernement dont il était commissaire extraordinaire, de reprendre le dossier de l’Azienda Generale Italiana Petroli (AGIP) société nationale de distribution de pétrole italienne et de la revendre au plus offrant (à l’époque les américains). Mais Enrico Mattei ne suit pas son gouvernement et impulse de nouvelles recherches dans la vallée de Padana. Ses ingénieurs trouvent un grand gisement de méthane. Pour couper court à toute pression il annonce faussement que du pétrole est aussi en cours d’exploitation. Les grandes compagnies pétrolières qui comptaient voir disparaître cette compagnie tentent de déstabiliser l’homme et l’entreprise par des attaques diffamatoires et commerciales. Enrico Mattei crée alors l’Ente Nazionale Idrocarburi (ENI) dont l’AGIP n’est plus qu’une succursale…

CRITIQUE

Francesco Rosi pense à juste titre que les circonstances de la mort d’Enrico Mattei sont bien mystérieuses et sûrement peu accidentelles.

Par un récit éclaté qu’il sublimera l’année d’après avec « Lucky Luciano » et par le talent d’interprète de Gian Maria Volontè, il nous montre les différentes facettes de la personnalité de cet homme à la fois politique et entrepreneur. Son esprit tiers-mondialiste et aussi nationaliste, son désir de relever l’Italie économiquement depuis le désastre de la défaite italienne de 1944-1945.

On voit que Francesco Rosi admire cet homme et s’interroge sur le pouvoir nocif des 7 sœurs (les 7 grandes entreprises du cartel du pétrole) et leur pouvoir de nuisance.

Le réalisateur et son scénariste Tonino Guerra désignent aussi comme potentiellement coupable du sabotage de l’avion, le gouvernement français qui n’appréciait pas la position pro-indépendantiste envers les pays d’Afrique notamment ceux ayant des ressources en gaz ou pétrole parmi lesquels l’Algérie. Enrico Mattei ayant soutenu le Front de Libération Nationale (FLN) matériellement et techniquement.
La venue de barbouzes français du SDECE (ex DGSE) déguisés en agent de maintenance sur le tarmac de l’aéroport de Catane et y ayant fait rueducine.com-palme-d-orde soi-disant vérifications sur l’appareil serait pour le réalisateur une piste des plus sérieuse.

Il se demande aussi pourquoi l’explication d’un assassinat commandité par la mafia (la thèse de l’accident étant difficilement défendable) arrange le pouvoir en place.

Très bon film qui obtient la Palme d’or du festival de Cannes ex-aequo avec « La classe ouvrière va au paradis » de Elio Petri.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE 

Le repas au restaurant avec un ponte du pétrole américain qui se finit brutalement. Enrico Mattei refusant de vendre son pétrole au prix fixé par les 7 sœurs mais moins cher pour aider au développement de l’industrie italienne.

L’ANECDOTE

Pour préparer son film Francesco Rosi fait appel à Mauro de Mauro un journaliste sicilien du quotidien de Palerme « L’Ora » pour qu’il remette la main sur le dernier discours du magnat du pétrole italien.
8 jours après avoir remis la cassette audio, Mauro de Mauro est enlevé par la mafia.
On ne retrouvera jamais son corps.
Le repenti Tomaso Buscetta 15 ans après, confessera aux juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino que le corps du journaliste est incorporé dans un des piliers de l’autoroute A19 en construction en 1970. Mais que l’assassinat de ce journaliste était programmé depuis bien longtemps. Et qu’il n’était « qu’un cadavre ambulant ».
Paolo Borsellino lors de son ultime interview quelques jours après la mort de son ami et collègue Giovanni Falcone s’était aussi fait la réflexion qu’il n’était lui aussi qu’un cadavre ambulant…

NOTE : 15/20

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