
Synopsis
Lyon début des années 1970, Michel Descombes, un horloger d’un quartier populaire, ouvre sa boutique au lendemain de repas arrosé avec des amis. La police entre dans son magasin puis lui demande de se rendre dans son logement qui se situe dans les étages de l’immeuble. Là, les policiers qui font une visite rapide du logement, annoncent à Descombes que sa camionnette a été retrouvée. Ils lui demandent s’ils ont des nouvelles de son fils. Mais Descombes n’en a pas. Il est prié alors de suivre les policiers sur les lieux où le véhicule a été retrouvé. Ils passent devant le véhicule garé sur un talus en bord de route, mais continuent leur chemin vers un café du village proche. Là le commissaire Guiboud l’attend. Guiboud et Descombes repartent sur le bord de route où se situe la camionnette. Le commissaire Guiboud apprend à Descombes que son fils a tué un homme…
CRITIQUE
Premier long métrage de Bertrand Tavernier.
Bertrand Tavernier et ses deux coscénaristes Jean Aurenche et Pierre Bost contournent le genre policier.
En effet le film ne s’applique pas à suivre l’enquête. C’est le commissaire qui au fil de l’histoire raconte à l’horloger les avancées de l’enquête. Ce qui intéresse les auteurs c’est l’ambiance de Lyon dans les années 1970 et la politique de l’époque. Un petit peu la difficulté de communication entre les générations. CLe grand intérêt du film sont les relations entre un flic malheureux dans sa vie qui trouve encore plus malheureux que lui et cherche une relation pour le moins étrange. Un mélange d’amitié et de compassion.
Le film est tiré d’un livre de Georges Simenon « L’horloger d’Everton » qui se situe dans les années aux Etats-Unis. Il a fallu transposer l’histoire des années 1950 aux années 1970 et du Nord des Etats-Unis aux bords de Saône. Jean Aurenche en a bavé des ronds de chapeau.
Le duo-duel entre Jean Rochefort et Philippe Noiret est très bien écrit. Les scénaristes prennent en compte la méfiance de l’époque des gens de gauche envers les forces de police et leurs supposées méthodes violentes. Les moments où les deux hommes se parlent finissent en général par une rupture brutal : « Vous m’emmerdez » ou « Vous n’auriez pas dû venir« .
Philippe Noiret qui a cru au projet alors que le scénario n’était pas achevé et a aidé Bertrand Tavernier à trouver des financements est très impliqué dans ce rôle de père dépassé par les agissements de son fils.
Jean Rochefort qui est arrivé plus tard dans la distribution à la faveur du désistement de François Périer qui quitte le navire 5 jours avant le premier jour de tournage et lui aussi formidable en flic en mal de socialisation.
Le film ne se prive pas de souligner l’aspect politique de l’époque et l’affrontement post mai 68 entre la classe ouvrière et les tenants de l’ordre. Au détour d’une phrase un slogan surgit, les graffitis sont ostensiblements montrés, mais aussi les services d’ordre de certaines entreprises qui recrutaient dans les bas-fonds de l’armée française des mercenaires de la sécurité.
Le film est aussi un portrait de la ville de Lyon dont certains quartiers frisent l’insalubrité. La condition du tournage du film était qu’il soit tourné en entièreté à Lyon au grand dam du producteur.
Bertrand Tavernier a voulu d’ailleurs filmer sa ville par des jours ensoleillés. Contrairement aux poncifs qui entourent la littérature de Simenon où dominent la grisaille, la brume ou la pluie.
C’est ainsi que le film a été un révélateur du patrimoine de la ville et a été à l’origine du lancement d’un ravalement de façades des bâtiments et le recouvrement des couleurs originelles le long des quais.
La musique de Philippe Sarde souligne l’aspect dramatique du film.
Ce film est recensé dans la page : LE FILM POLICIER ET LE THRILLER FRANÇAIS DE 1945 à nos jours
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Le commissaire Guiboud et Michel Descombes devisent sur la famille dans un parc de Lyon. Le commissaire tient en laisse le lévrier afghan de sa femme. « Il fait chier ce chien » dit-il. Le spectateur pense qu’il n’y a pas que le chien…
L’ANECDOTE
Philippe Sarde a aidé financièrement Bertrand Tavernier alors dans la panade pendant l’écriture du scénario qui a été longue et laborieuse.
NOTE : 15/20