Synopsis

Le film policier (appelé aussi polar) et le thriller en France sont un genre qui a été très populaire jusque dans les années 1980. Dans les années 1990, il connaît une crise d’une dizaine d’années et revient mais de façon plus épisodique mais plus pertinente sur les grands écrans depuis les années 2000 .

Le film policier consiste à mettre en image un scénario dans lequel il est question d’une enquête policière ou de gendarmerie. Par extension nous admettrons comme policier un film dans lequel il est question d’une enquête menée par un ou plusieurs individus même extérieur au corps de la police ou de la gendarmerie comme un détective, une mère de famille…etc…

Dans les années 1990 le genre était moribond. Les films de ce genre (peu nombreux) qui sortaient étaient en général des échecs commerciaux.
Depuis les années 2000 le polar a repris quelques couleurs avec une nouvelle génération de réalisateurs. Mais l’embellie sera de courte durée.

Au sortir de la deuxième guerre mondiale l’économie du cinéma français est exsangue, et le public préfère les comédies.

« Panique » (1946) de Julien Duvivier est le premier grand film du genre à sortir sur les écrans. Il est l’adaptation d’un roman de Georges Simenon qui a déjà eu avant et pendant la guerre une dizaine d’adaptation. Il sera un gros pourvoyeur d’histoires policières dans les années 1950-1960, années ou le genre se développe véritablement en France.

1946 « Le grand sommeil » (« The big sleep« ) de Howard Hawks sort aux Etats-Unis.

Le film est suivi par « Quai des orfèvres » (1947) de Henri-Georges Clouzot duquel on peut parler de chef d’œuvre. Le film est tiré d’un roman de Stanislas-André Steeman qui sera un pourvoyeur de scénario de polar notamment grâce au personnage de « monsieur Wens » genre de détective privé à la sauce belge.
Le genre policier est typiquement français. Les influences du cinéma américain sont négligeables. Mais cela n’empêche pas la recherche formelle comme Jean Devaivre pour « La dame d’onze heures » (1948). Le film fait montre d’une inventivité assez incroyable dans sa mise en scène pour cette époque.
Autre film policier remarquable « Entre onze heures et minuit » (1948) de Henri Decoin avec un Louis Jouvet toujours impeccable. Henri Decoin tourne un autre polar remarquable en 1953 « Dortoir des grandes » avec Jean Marais, Françoise Arnoul et Denise Grey.
Jacques Becker avec « Touchez pas au grisbi » (1953) inaugure le genre et avec la manière! Avec Jean Gabin comme acteur principal et les débuts de Lino Ventura.
Jean Gabin et Lino Ventura trusteront le genre jusque dans les années 1970 avec « L’affaire Dominici » (1973) de Claude-Bernard Aubert pour le premier et « La rumba » (1987) de Roger Hanin pour le second.  Cela ne l’empêchera pas d’adouber les plus grands acteurs qui anobliront le genre en France. Lino Ventura, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo. Le film est une adaptation d’un roman d’Albert Simonin. Ce dernier avec Auguste Le Breton, Michel Audiard, Alphonse Boudard et Frédéric Dard sera un des chantres de l’argot (langage des truands et des flics) au cinéma.
« Les diaboliques » (1954) est un thriller de Henri-Georges Clouzot et la première adaptation, d’un roman du duo Boileau-Narcejac. C’est un coup de maître avec une scène finale mémorable pour son retournement final (bêtement appelé de nos pauvres jours « twist ending »). Boileau-Narcejac seront aussi à l’origine du chef d’œuvre d’Alfred Hitchcock « Sueurs froides » (« Vertigo« ) (1958).

Dans les années 1950 le genre est entre les mains de bons faiseurs comme Gilles Grangier « Le désordre et la nuit » (1958) , Jean-Paul Le Chasnois, Julien Duvivier, Henri Decoin avec des scénaristes qui ont fait leurs preuves Charles Spaak, Henri Jeanson, Boileau-Narcejac, Stanislas-André Steeman…
En 1955 un réalisateur américain est poussé hors des Etats-Unis par le maccarthysme. Il a signé quelques bons films noirs outre atlantique. « Les démons de la liberté » (« Brute force« ) (1947) « Les bas fonds de Frisco » (« Thieves’ Highway« ) (1949) et le chef d’œuvre « Les forbans de la nuit » (« Night and the city« ) (1950), son dernier film américain. Il tourne un film en France durant son errance en Europe. Et c’est un film majeur dans le genre policier en France. « Du rififi chez les hommes » (1955) qui raconte une guerre des gangs est un film qui nous fait voyager dans le Paris de cette époque. Mais aussi il joue avec le temps sachant prendre le temps de montrer de façon quasi documentaire un casse.

Les années 1950 voient le genre prendre de l’ampleur et de bons films sortent. « Razzia sur la chnouf » (1955) d’Henri Decoin, un film quasi documentaire sur le trafic de drogue en France dans les années 1950, « Gas-oil » (1955) de Gilles Grangier un thriller qui se situe dans le monde des camionneurs, « Le rouge est mis » (1956) de Gilles Grangier, « Retour de manivelle » (1957) de Denys de la patellière, « Maigret tend un piège » (1958) de Jean Delannoy, « Maigret et l’affaire Saint-Fiacre«  de Jean Delannoy deux très bons films avec Jean Gabin.  « 125 rue Montmartre » de Gilles Grangier (1959), « Marie-Octobre » (1959) de Julien Duvivier formidable huis-clos, « Les yeux sans visage » (1960) de Georges Franju qui frôle le genre fantastique.
Dès 1960 les cartes commencent à être redistribuées. La Nouvelle Vague apparaît et s’intéresse d’emblée au genre policier.
Jean-Luc Godard avec « A bout de souffle« , François Truffaut (1932-1984) avec « Tirez sur le pianiste » (1960) bouleversent la grammaire du cinéma et du polar tout comme les méthodes de tournage. Bien entendu cela se voit à l’écran. Et ça fait du bruit.
Deux cinéma vont vivre ainsi côte à côte. Les tenants de la nouvelle vague et les tenants du classicisme. Jean-Paul Belmondo est l’acteur qui saura le mieux jongler sur les deux registres.

De nouveaux auteurs apparaissent aussi sans appartenir pour autant à la Nouvelle Vague.
Jean-Pierre Melville (1917-1973) tourne en 1956 « Bob le flambeur » (1956). Le film est une référence constante au cinéma américain et à ses films noirs. C’est aussi l’annonce d’une nouvelle façon de filmer avec des dispositifs légers et des extérieurs nombreux qui explosera avec la Nouvelle Vague. Mais cette première œuvre est parfois maladroite.

1958 « La soif du mal » (« Touch of evil« ) de Orson Welles sort aux Etats-Unis.

Louis Malle (1932-1995) avec « Ascenseur pour l’échafaud » (1958) est un formidable compromis entre le classicisme et ce qui sera « La Nouvelle Vague« . Louis Malle n’appartiendra pas à ce mouvement. Mais c’est aussi un film très influencé par les films noirs américains et l’esthétique noir et blanc. Beaucoup d’extérieurs, des dispositifs légers pour tourner, et un ton inédit. Lino Ventura en inspecteur de police contraste à lui seul avec le ton du film. Le film reçoit le prix Louis Delluc. La musique du film est enregistrée en trois heures dans la nuit du 4 au 5 décembre 1957 par Miles Davis et ses 3 musiciens.

Claude Sautet (1924-2000) avec « Classe tous risques » (1960) relance le genre avec un formidable film de cavale de deux truands (interprétés par Lino Ventura et Jean-Paul Belmondo) entre Italie et France.  C’est l’adaptation très réussie d’un roman de José Giovanni (1923-2004). Ce dernier inscrit au PPF (parti pétainiste) durant l’occupation allemande a été condamné à mort pour un triple meurtre crapuleux et sûrement antisémite en 1948.  Élargi en 1951 à 20 ans de travaux forcé, il est libéré en 1956. Il écrit 4 romans policiers très inspirés de son expérience criminelle et carcérale qui seront tous adaptés au cinéma. José Giovanni sera un grand scénariste et réalisateur du genre policier jusque dans les années 1980.

En 1961 un jeune cinéaste Georges Lautner (1926-2013) se lance dans la comédie policière. Un genre qu’il va particulièrement affectionner et auquel il va donner quelques films exemplaires. « Le monocle noir » (1961) qui mélange l’espionnage et le film policier est une parodie de ces genres. L’interprétation hallucinante de Paul Meurisse y est pour beaucoup. Cette réussite sera suivie de bien d’autres et la comédie policière se taillera une belle part de marché dans celui du film policier.
La même année Gilles Grangier tourne « Le cave se rebiffe » (1961) un film avec Jean Gabin. Le film est basé sur un roman d’Albert Simonin dialogué par Michel Audiard. Le film est une réussite magnifique grâce aux savoureux dialogues de Michel Audiard. Ce dernier  utilise l’argot dans ses dialogues mais aussi des métaphores exceptionnellement imagées qui frappent le spectateur par leur évidence et surtout leur humour.

« Mélodie en sous-sol » (1962) de Henri Verneuil (1920-2002) est un film événement. Jean Gabin tourne avec Alain Delon. Jeune acteur en pleine ascension. L’année précédente Jean Gabin avait partagé l’affiche avec Jean-Paul Belmondo dans « Un singe en hiver » du même Henri Verneuil. Pour Henri Verneuil il s’agit de prendre des galons en tant que réalisateur. Mission réussie. Le film est formidable, la fin marquante, les dialogues de Michel Audiard font mouche et le duo Gabin/Delon fonctionne formidablement.

Jacques Deray (1929-2003) pour son troisième film, tourne un thriller « Symphonie pour un massacre » en 1962. On y voit un Jean Rochefort froid, calculateur, et assassin. Une jolie curiosité dans laquelle José Giovanni futur grand réalisateur de polars ou de thrillers français, y tient un rôle. Le film est servie par une belle musique de Michel Magne.

1963 « Maigret voit rouge » est le troisième et ultime enquête de Jean Gabin sous les traits du commissaire de Georges Simenon. C’est Gilles Grangier qui signe le film un peu plus enlevé en terme de rythme et de scènes d’action, mais pour un « Maigret » en deçà des deux films de Jean Delannoy « Maigret tend un piège » (1958) et « Maigret et l’affaire Saint-Fiacre » (1959).

1964 André Hunebelle sort « Fantômas » comédie policière sur un gangster insaisissable poursuivi par un flic un poil irritable. C’est du cinéma bon enfant sans aucun génie et assez pantouflard. Le film est un succès et sera suivi de deux suites, chacune plus mauvaise que la précédente. Ce film est un remake du « Fantômas » (1947) de Jean Sacha qui n’était pas une comédie.

L’année suivante deux chefs d’œuvres policiers sortent sur les écrans. « Compartiment tueurs » (1965) de Costa-Gavras. Un premier film co-écrit par Sébastien Japrisot bluffant qui va influencer outre Atlantique bien des réalisateurs de ce qui deviendra le Nouvel Hollywood.

Claude Sautet 5 ans après « Classe tous risques » (1960) remet le thriller sur l’ouvrage et y injecte un peu d’aventure exotique. « L’arme à gauche » toujours avec Lino Ventura est moins réussi que le précédent.
« Pierrot le fou » (1965) de Jean-Luc Godard qui sort un film interdit au moins de 18 ans pour « anarchisme intellectuel et moral« . Le film est un road movie sur la cavale d’un truand poète et amoureux. Non seulement le genre prend de la couleur (jusqu’à présent le noir et blanc était la norme du polar) mais Jean-Luc Godard fait de son film une œuvre plastique. Un objet d’art. Le couple Jean-Paul Belmondo et Anna Karina est une merveille de jeunesse et d’impertinence.
Sort aussi cette même année « La métamorphose des cloportes » (1965) de Pierre Granier-Deferre un film. Adapté d’un roman d’Alphonse Boudard et dialogué par Michel Audiard très en verve. Avec un Lino Ventura en truand qui cherche à se venger de ses anciens complices. Le film qui reçoit un accueil mitigé sera redécouvert quelques années plus tard par des programmations à la télévision.
Jean-Pierre Melville revient au policier en 1966 après « Le doulos » (1962). Toujours fasciné par un cinéma américain fantasmé, « Le deuxième souffle » (1966) raconte l’histoire d’un truand qui veut faire un dernier coup. Il a deux flics, un parisien, un marseillais sur son dos. C’est l’ultime chef d’œuvre en noir et blanc du cinéma policier en France. Lino Ventura y est dantesque.

1968, « Bullitt » de Peter Yates sort aux Etats-Unis.

François Truffaut enchaîne deux adaptation de romans de William Irish « La mariée était en noir » (1968) avec Jeanne Moreau en femme vengeresse et « La sirène du Mississipi » (1969) avec Jean-Paul Belmondo et Catherine Deneuve, celle-ci étant une femme fatale. Selon moi les deux meilleurs films du réalisateur qui abandonne les afféteries de la « Nouvelle Vague » pour un cinéma plus populaire. Le second étant tout à fait somptueux.
Georges Lautner en 1968 sort « Le pacha« . Il faut le dire, malgré les dialogues de Michel Audiard et la présence de Jean Gabin, le film est raté. Et dans une France qui bouillonne, il paraît bien fade et daté malgré le modernisme policier qu’a voulu injecter Georges Lautner.

Henri Verneuil lui aussi fait du cinéma de papa mais il bénéficie de gros moyens et les montre à l’image. Pour « Le clan des siciliens » (1969) il décoche une distribution de rêve : Jean Gabin, Lino Ventura, Alain Delon, Irina Demick. Un musicien de génie Ennio Morricone qui a composé une musique incroyable et qui devient un tube. Le film est un grand spectacle avec cambriolage d’un avion sur une autoroute désaffectée aux Etats-Unis. C’est parfois pépère mais c’est souvent grandiose. Henri Verneuil assume son cinéma spectaculaire et destiné à un public populaire. La  critique issue de revues comme  « Les cahiers du cinéma »,  « Positif » ou « Télérama » le lui feront payer par des critiques assassines systématiques.

La coproduction Franco italienne pour les films policier va devenir quasi incontournable.
Une des raisons étant que l’Italie détient le cinéma le plus productif, le plus inventif et le plus riche au monde. Une autre raison est qu’elle développe deux sous genre (filone en italien) du film policier dans ses frontières : Le poliziottesco qui met en scène la violence que subit l’Italie entre les attentats politiques (d’extrême droite et extrême gauche), le développement du banditisme et de la mafia qui se taille des parts de marché internationales dans le trafic de drogue, la violence sociale et la violence institutionnelle (police et armée). L’autre genre est le giallo qui mélange enquête policière et assassinats sanguinolents, de préférence à l’arme blanche par un assassin filmé en caméra subjective.

Claude Chabrol se rappelle à notre bon souvenir et enchaîne deux grands films policier « Que la bête meure » (1969) et « Le boucher » (1970). Les deux films ont pour interprète principal Jean Yanne qui donne à ses personnages d’assassin à la fois humanité et répulsion.
Jacques Deray signe en 1969 son meilleur film « La piscine » histoire de meurtre sur un trio amoureux. Avec Alain Delon, Maurice Ronet et Romy Schneider. L’affrontement psychologique est formidable, et l’enquête policière mise en échec.

1970, l’année de « La Horse » de Pierre Granier-Deferre. Un film à contre courant de pensée, qui fait quasiment l’éloge de l’auto-défense. Le film laisse quand même beaucoup à désirer dans sa réalisation et dans son message. Jean Gabin interprète un patriarche qui règne d’une de fer sur son clan. Genre de personnage qu’il retrouvera dans « L’affaire Dominici » (1973) de Claude Bernard-Aubert. Film qui relate un fait divers sordide datant de 1952.

René Clément unique réalisateur français a avoir reçu deux Oscars pour « Au-delà des grilles » (1948) et « Jeux interdits » (1952), sort « Le passager de la pluie » (1970) film écrit par Sébastien Japrisot. Ici aussi l’aspect psychologique est prédominant sur l’intrigue policière.

Claude Lelouch tourne « Le voyou » (1970) avec Jean-Louis Trintignant. Le film tourné « dans une certaine décontraction » apporte un nouveau ton au genre. Ce sera une sorte de pâte « lelouchienne » pour le polar, un genre qu’il fréquentera à plusieurs reprises.

Grosse année que 1970 puisque Yves Boisset sort un de ses meilleurs film « Un condé« . Bien que le film souffre de sa co-production franco-italienne il s’interroge sur les méthodes policières. Bien entendu Yves Boisset a subi des censures locales avec ce film trop critique envers les forces de l’ordre. L’année suivante Yves Boisset tourne une nouvelle coproduction franco italienne toujours handicapante, « Le saut de l’ange » (1971). Film mineur qui ne perd rien de sa verve politique.

José Giovanni sort aussi son meilleur film « Dernier domicile connu » (1970). Contrairement au film d’Yves Boisset celui-ci rend hommage au travail de police au quotidien et notamment les inévitables porte à porte, les espoirs de faire avancer l’enquête, les désillusions, les petites victoires, et les pressions de la hiérarchie. Lino Ventura et Marlène Jobert forment un couple de flic bien dessiné par le scénario.
Le film est rythmé par une musique entêtante de François de Roubaix qui illustre à merveille le travail de porte à porte effectué par les deux héros.


Enfin Jean-Pierre Melville sort aussi son ultime chef d’œuvre. « Le cercle rouge » (1970). Toujours un hommage au cinéma américain, André Bourvil dans son avant dernier rôle joue un policier et nous fait regretter une filmographie uniquement tournée vers la comédie.
« Max et les ferrailleurs » (1971) de Claude Sautet filme son dernier film policier. Michel Piccoli est un flic obsessionnel qui n’hésite pas à manipuler un ami et une prostituée dont il est amoureux pour parvenir à ses fins : l’arrestation d’une bande de gangsters. Le film est une belle réussite.
Philippe Labro qui tourne son deuxième film avec « Sans mobile apparent » (1971) très inspiré par le giallo se dirige lui aussi vers le polar, genre qu’il privilégiera durant sa carrière de réalisateur. On retiendra un casting franco italien de haute volée et une musique signée Ennio Morricone de toute beauté.

1971 « L’inspecteur Harry » (« Dirty Harry« ) de Don Siegel et « French connection » de William Friedkin sortent aux Etats-Unis.

En 1972 Jean-Pierre Melville avec « Un flic » sort son dernier film. C’est hélas un film en partie raté. Les personnages ne sont plus que des stéréotypes placés dans une intrigue peu originale. Malgré Alain Delon et Catherine Deneuve et l’acteur américain Richard Crenna le film n’atteint pas les entrées espérées.

Encore plus poussiéreux « Un tueur » (1972) de Denys De La Patelière. Malgré un aspect documentaire sur le Paris du début des années 1970 et sa transformation, Malgré Jean Gabin, le film envoie un message qui sent le rance et le conservatisme.
De son côté Georges Lautner poursuit sa veine de comédie policière avec « Il était une fois un flic » (1972). C’est Francis Veber qui est au scénario. Il officiera dans le genre de la comédie policière en tant que réalisateur au début des années 1980. En tant que scénariste il écrira pour des films policiers purs et durs.
Yves Boisset avec « L’attentat » (1972) dégaine un thriller purement politique qui dénonce le rôle de la France et de sa police dans l’affaire Ben Barka. Énorme distribution des rôles : Jean-Louis Trintignant, Michel Piccoli, Gian Maria Volontè, Philippe Noiret, Bruno Cremer, Michel Bouquet, François Périer… Film censuré, pression lors du tournage et incidents divers lors de sa sortie en salles.

Claude Chabrol fait appel à Jean-Patrick Manchette romancier spécialisé dans le roman policier pour « Nada » (1973). Jean-Patrick Manchette va devenir un gros pourvoyeur de scénarios dans les années 1970-1980. Paradoxe, Alain Delon qui ne cache pas ses opinions droitières puisera largement dans l’œuvre de cet auteur d’extrême gauche. Pas forcément pour le meilleur…
Claude Lelouch continue à creuser le sillon du polar à sa manière. Beaucoup de dialogues, peu d’action mais un suspens permanent et une direction d’acteur sans égale qui offre aux comédiens de grands moments de semi-improvisation. « La bonne année » (1973), « Le chat et la souris » (1975), « A nous deux » (1979) en sont de magnifiques exemples.
Serge Leroy signe son premier thriller mâtiné de polar « Le mataf » (1973) avec comme tête d’affiche Michel Constantin. Une petite réussite sur le plan de l’écriture et de l’interprétation.

Deux polars atypiques arrivent sur les écrans en 1974. « Le secret » de Robert Enrico. Avec Jean-Louis Trintignant, Philippe Noiret et Marlène Jobert. Le mystère rode en permanence autour des trois personnages. Le début étrange et la fin dramatique poignante, sans oublier la musique somptueuse de Ennio Morricone qui rendent ce film véritablement marquant.
« L’horloger de Saint Paul » (1974) de Bertrand Tavernier avec Philippe Noiret et Jean Rochefort est une adaptation d’un roman de Georges Simenon dans la ville de Lyon. Pour son premier film le jeune réalisateur frappe fort et offre un film avec une fibre sociale que l’on n’avait plus vue depuis le cinéma de Marcel Carné dans les années 1930.

Enfin Jean-Paul Belmondo en 1974 endosse pour la première fois le rôle de flic et révolutionne le genre en France. Avec « Peur sur la ville » d’Henri Verneuil, le film est un mix du giallo italien et du polar à la française, mais le tout est sur vitaminé par des cascades effectuées par l’acteur vedette, un scénario costaud, une réalisation impeccable et une musique d’Ennio Morricone qui frappe les esprits. Le film est toujours sous le régime de la coproduction franco-italienne. C’est aussi l’arrivée sur les écrans français d’un flic border line qui se fout de la hiérarchie et n’hésite pas à faire usage de la violence. Cette violence n’étant pas dénoncée par ce cinéma mais qui apparaît au spectateur comme bénéfique pour l’enquête.
Mais ce genre de cinéma est avant tout spectaculaire et cherche avant tout à rassembler un public populaire dans les salles. C’est aussi une révolution du marketing du cinéma. Jean-Paul Belmondo met en grand son nom sur l’affiche, gomme son prénom, et se vend (il est aussi producteur) comme un produit.

Le genre policier connaît son apogée dans les années 1975-1987. Il va devenir un genre incontournable.
Retour au film politico-policier. Et c’est Pierre Granier-Deferre qui s’y colle. Les années Giscard avec une légère brise de libéralisme permettent aux producteurs et réalisateurs de financer des film plus critiques envers le pouvoir en place, ses mœurs souvent corrompues et sa violence répressive. « Adieu poulet » (1975) en est un des symptômes. Ici deux flics mènent une enquête sur l’assassinat d’un colleur d’affiches électorales qui les dirige vers le potentat local.
Lino Ventura et Patrick Dewaere forment un duo de flics des plus réussis du cinéma. Victor Lanoux lui se délecte à jouer le salaud intouchable.

Ce qui n’empêche pas le polar plus traditionnel de continuer à vivre:  « Flic Story » (1975) de Jacques Deray qui reprend un fait divers vécu et retranscrit par l’ancien commissaire Roger Borniche aidé d’Alphonse Boudard. 4 films seront tirées des affaires résolues par Roger Borniche. Suivront « Le gang » (1976) de Jacques Deray, « René La canne » (1976) de Francis Girod et « L’indic » (1983) de Serge Leroy.
Après « L’attentat » Yves Boisset reprend une affaire qui a défrayé la chronique judiciaire à savoir l’assassinat du juge François Renaud le 3 juillet 1975.
Ce qui est remarquable pour « Le juge Fayard dit le shériff » (1977) toujours signé Yves Boisset c’est la célérité à laquelle le film sort après les événements réels. Si aux Etats-Unis « Les hommes du président » (« All the President’s men« ) (1976) sort 1 an et demi après la démission du président Richard Nixon, en France le temps de latence entre un fait divers ou politique et la sortie d’un film lui correspondant est bien plus long. Patrick Dewaere en flic tenace et fougueux sûrement dans son meilleur rôle.
Henri Verneuil Tourne un polar atypique avec Jean-Paul Belmondo, « Le corps de mon ennemi » (1976) dans une ville de Lille vidée de ses habitants par un match de foot. Ambiance bizarre, montage en divers flash-back, ici aussi on trouve une dénonciation d’un système politique corrompu, mais le film souffre d’une musique inadéquate.
« Un si joli village » (1979) signé Etienne Périer dépeint une enquête dans la ruralité. Celle-ci est entrain de se vider de ses habitants. Mais les mœurs politiques frisent parfois avec la féodalité. Victor Lanoux dans un registre qu’il maîtrise à la perfection. Le politicard bonhomme mais pourri.

Surgit un OFNI (objet filmé non identifié) du policier avec « René la canne » (1976) de Francis Girod (1944-2006). C’est un mélange de polar, de comédie bouffonne, d’esprit bande dessinée où les acteurs sont en roue libre. Le musicien Ennio Morricone est lui aussi assez libre et offre une bande originale iconoclaste.

Jean-Paul Belmondo réitère avec une recette qui marche le flic hors limites. « L’alpagueur » (1976) de Philippe Labro ne tient pas toutes ses promesses faute à un scénario qui s’éparpille.

Alain Corneau (1943-2010) avec son deuxième film « Police Python 357 » (1976) signe une œuvre qui va marquer le genre. Alain Corneau s’intéresse aux hommes qui cherchent à modifier leur destin. Et à chaque fois ils en paient le prix fort. Ainsi l’inspecteur Ferrot (Yves Montand) enquête sur le meurtre d’une femme dont il était l’amant et s’aperçoit que tous les indices mènent à lui, il tente par tous les moyens de dissimuler des preuves.  La musique de Georges Delerue sort des sentiers battus et glace le spectateur dès le générique.
Dans « La menace » (1977) c’est un entrepreneur qui cherche à disculper sa maîtresse de la mort de sa femme. Pour cela il crée de fausse preuves qui l’incriminent. Contraint de fuir la France, il ira au bout de sa destinée fatale. Yves Montand est l’acteur fétiche du réalisateur.

Georges Lautner change (un peu) de registre et abandonne la comédie policière pour le polar sérieux. « Mort d’un pourri » (1977) dénonce les magouilles politiciennes en cheville avec les grands capitalistes. Les casseroles de la cinquième république sonnent bien fort dans ce long métrage. Alain Delon lance sa course contre Jean-Paul Belmondo à celui qui fera le plus d’entrée.
Philippe Sarde illustre le film avec un superbe jazz. Retour aux codes musicaux des années 1950 où le jazz était la musique privilégiée pour le genre.
Philippe de Broca roi de la comédie fantasque, inaugure dans sa filmographie la comédie policière. « Tendre poulet » (1978) est une jolie comédie avec deux beaux interprètes. Annie Girardot et Philippe Noiret.
Georges Lautner reprend Jean-Paul Belmondo pour un film policier mi-sérieux, mi- comédie. Pas entièrement une comédie policière, mais pas entièrement non plus un polar. « Flic ou voyou » (1979) est un film hybride avec d’excellentes scènes (l’incendie du rade) et de très mauvaises scènes (la leçon de conduite). Cela ne l’empêchera pas de cartonner au cinéma.

Robin Davis se lance lui aussi dans le film policier en 1979 avec « La guerre des polices« . Si le trait est un peu gros le film dénonce de réelles rivalités entre services de la police. Chacun voulant tirer la couverture à soi et auréoler de prestige leur corps. L’affrontement entre Claude Brasseur et Claude Rich est non seulement crédible mais assez prenant.

Henri Verneuil devenu le cinéaste le plus bankable de France tourne un polar teinté de faits réels, mais situé dans un pays fictif. Avec « I…comme Icare » (1979) il s’agit pour lui et son scénariste Didier Decoin de revisiter les circonstances de l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy. Le film bifurque à un moment sur ce qui se nomme « l’expérimentation Milgram » qui associe l’obéissance à une autorité de moins en moins légitime basée sur la douleur et le chantage.

Yves Boisset quant à lui continue de perturber la société avec « La femme flic » (1979). Au programme police et justice gangrenée par 20 années de droite au pouvoir, grandes familles industrielles et réseau pédophile. Et une femme policière pour mener une enquête plus que difficile. Miou-Miou dans le premier rôle de femme flic en France est simplement magnifique de fragilité et de force.


Une autre femme mène une enquête beaucoup plus absconse et moins sordide c’est Catherine Deneuve dans « Écoute voir… » 1979 de Hugo Santiago. Catherine Deneuve joue une détective privée qui picole, fume et fait le coup de poing. Elle tombe aussi les filles comme un Philip Marlowe en jupons. Original mais pas passionnant.

Bertrand Blier vient mettre sa patte iconoclaste et parfois surréaliste dans la comédie policière. L’auteur du film « Les valseuses » tourne en 1979 un film policier dont la majeure partie de l’action se déroule à La Défense encore flambant neuve et quasi inhabitée. Le trio d’acteur Gérard Depardieu, Bernard Blier, Jean Carmet sont au diapason et « Buffet froid » (1979) est parmi les comédies policières les plus extravagantes et géniales. L’humour noir règne sur le film ainsi qu’une atmosphère surréaliste. On s’y assassine à coup de musique de chambre. La mort ressemble à une belle brune (Carole Bouquet), et la frénésie de tuer son prochain est irrépressible.

Les années 1980 vont être prolifiques en matière de cinéma policier. Le genre devient incontournable, mais tellement tourné (et souvent n’importe comment) que les spectateurs vont finir par s’en détourner. Ils trouveront la même médiocrité à la télévision sous forme de séries qui vont se multiplier. A commencer par « Le commissaire Moulin », suivi du « Commissaire Navarro », « Julie Lescaut », « Les Cordier Juge et flic » et j’en passe…

Claude Barrois veut lui aussi se saisir d’une affaire qui a marqué son époque et la classe politique. Mais « Le bar du téléphone » (1980) n’est pas à la hauteur des attentes. Le film commence par délocaliser en région parisienne un massacre qui a eu lieu dans Marseille. Le film se perd dans une guerre des gangs et néglige l’enquête policière même si celle-ci a fini (dans la réalité) dans une impasse.

Alain Delon lui, poursuit sa lutte par films interposés à Jean-Paul Belmondo. Dans « 3 hommes à abattre » (1980) de Jacques Deray, film qui se veut mi policier-mi politique, il se transforme donc en producteur et en scénariste. Il se taille un film à sa prétendue stature et relègue Jacques Deray au rang de « yes man ». Cela donne une catastrophe, malgré une distribution relevée, trop relevée.

Claude Zidi spécialiste de la comédie bêtasse tente avec « Inspecteur la bavure » (1980) de relever un peu son niveau par une comédie policière opposant Coluche et Gérard Depardieu. Peine perdue. Il y parviendra 4 ans plus tard.

Robert Enrico relève le niveau avec « Pile ou face » (1980) une confrontation façon Simenon entre un flic et son suspect. Philippe Noiret et Michel Serrault. Michel Audiard et Marcel Julian sont à l’adaptation du roman d’ Alfred Harris. Audiard signant les dialogues (qu’il jugera comme ses meilleurs). C’est avec ce film qu’Audiard ayant perdu Jean Gabin va trouver l’interprète de ses années désespérées en la personne de Michel Serrault.
Car le ton Michel Audiard change à la fin des années 1970. la mort de son fils dans un accident automobile l’ayant rendu inconsolable et amer.
Il signe les dialogues deux chefs d’œuvres « Garde à vue » (1981) et « Mortelle randonnée » (1983) tous deux de Claude Miller tous deux avec Michel Serrault. On sent que les personnages interprétées par Michel Serrault sont les porte-parole de Michel Audiard qui met ses propres sentiments sur le plateau de tournage.
rueducine.com-cesar« Garde à vue » semble être tiré de l’interrogatoire de « Maigret tend un piège » (1958) de Jean Delannoy. Le film n’est qu’une confrontation entre le flic et son suspect dans les locaux de la police. Les dialogues fusent. Et le suspect met sa vie intime à nue devant des inconnus.
Remarquable.
C’est Michel Audiard qui trouve le roman « A table! » de John  Wainwright et le propose à un producteur. Le dialoguiste souvent honni de la critique reçoit enfin un César pour son travail. Michel Serrault est lui aussi récompensé pour son interprétation du suspect.
La musique du film signée par Georges Delerue prend le spectateur à contrepied. Un refrain à l’orgue de barbarie donne un aspect de chanson enfantine.
« Mortelle randonnée » relate l’histoire d’un enquêteur privé qui n’a plus revu sa fille depuis des années et qui suit une jeune femme qui assassine ses amant(e)s et leur dérobe leur fortune. Michel Serrault qui lui aussi a perdu une fille trouve le rôle à la hauteur de son désespoir. Le film est un gros échec public.
Michel Serrault et Michel Audiard se retrouvent une ultime fois sur « On ne meurt que deux fois » (1985) de Jacques Deray.


Le film semble vouloir être un prolongement de « Mortelle randonnée » mais Jacques Deray est dépassé par son film dont le scénario et les dialogues tenus par Michel Audiard lorgnent trop sur son ultime grand film.
Malgré le talent de Michel Serrault et la beauté de Charlotte Rampling, le film tombe à plat.

En 1981 Alain Corneau trace son sillon policier avec « Le choix des armes » (1981) toujours avec Yves Montand en ancien gangster rangé des voitures qui une fois de plus tente d’infléchir sa destinée quand déboule dans sa vie un jeune malfrat incontrôlable.
Le spectateur sera comblé avec « Coup de torchon » (1981) de Bertrand Tavernier. Le polar se situe dans l’Afrique noire coloniale française. Un flic un brin illuminé et humilié par sa femme et sa hiérarchie déclenche sa propre justice. Adaptation extraordinaire d’un roman de Jim Thompson « 1275 âmes ». Philippe Noiret et l’ensemble de la distribution sont grandioses. La musique de Philippe Sarde l’est tout autant.

Quant à Alain Delon et Jean-Paul Belmondo ils continuent leur bras de fer sur les écrans. Le premier sort « Pour la peau d’un flic » (1981). Delon outre producteur et scénariste devient réalisateur. Pour ce premier film Alain Delon s’applique. Son film est plutôt réussi sur le plan policier. Sur le plan humoristique il est moins à la fête. Et sa petite amie de l’époque Anne Parillaud ne brille guère par son talent.
Mais il est battu à plate couture par Jean-Paul Belmondo qui sort cette même année « Le professionnel » (1981) de Georges Lautner. Bebel qui lui n’est que producteur (et acteur), interprète un ancien des services secrets français rentré après un long et pénible séjour dans les prisons d’un pays africain et qui retourne à Paris pour se venger. Il a la police et les services d’espionnage à ses baskets. Film à la fois très bon et très mauvais. Selon les scènes. La musique d’Ennio Morricone devient un hit radiophonique et en vente de 45 tours, et finit en support publicitaire pour des croquettes destinées au chiens.
Le charisme naturel de l’acteur son humour chaleureux, l’emporte sur le film et ses réflexes racistes. C’est ce qui manque surtout à Alain Delon qui laisse une impression de froideur dans ses films.

1981 premier film de cinéma pour Nicolas Ribowski et premier polar qui sort des canons du film policier car il développe la thématique de l’amitié entre le flic et son meilleur ami. « Une affaire d’hommes«  (1981) montre les atermoiements du flic quand son ami devient de plus en plus suspect pour le meurtre de sa femme. Nicolas Ribowski ne poursuivra pas à creuser le genre policier. Il avait pourtant les armes pour. Vladimir Cosma signe une musique étonnante.

Alain Bonnot ne tournera que deux films pour le grand écran. Le premier « Une sale affaire » (1981) où l’on revient au cinéma qui dénonce le mélange des genres entre politique et affairisme. Doux euphémisme pour dans ce film pour qualifier le trafic de drogue. Et « Liste noire » (1984) film qui se vautre dans la complaisance pour l’auto-défense. Annie Girardot qui revient au cinéma pour des raisons financières accepte un rôle en contre emploi qui ne lui sied guère. L’échec du film aura raison de la carrière du cinéaste au cinéma.

Cette même année Alexandre Arcady qui s’est forgé une image de cinéaste des pieds-noirs, tourne son premier polar « Le Grand Pardon » (1981). Une sorte de « Parrain » (« The Godfather« ) (1972) à la française. En moins bien. Cependant le film n’est pas indigne. Il contient des scènes marquantes notamment les têtes à tête entre le flic (Jean-Louis Trintignant) et le chef du clan Bettoun (Roger Hanin). Mais aussi il fait monter d’un cran la façon de filmer la violence dans le cinéma policier en France.

L’auto-défense devient un thème prégnant en ce début des années 1980. « Légitime violence » (1982) de Serge Leroy et « Tir Groupé » (1982) de Jean-Claude Missiaen mais aussi avec un versant féminin « Liste noire » d’Alain Bonnot. Les trois films déçoivent par leur manque de rigueur et leur petite envergure.

Jean-Claude Missiaen tournera « Ronde de nuit » (1984) avec Eddy Mitchell et Gérard Lanvin. Nouvel échec. Les dialogues du film veulent jouer sur la cinéphilie d’un des deux flics. Mais renvoyer le spectateur à des références cinématographiques ne font pas un film. Et l’histoire policière ne passionne guère.

rueducine.com-cesar« La balance » (1982) de Bob Swaïm trouvera un retentissement en raflant 3 césars dont meilleur film, meilleur actrice Nathalie Baye, meilleur acteur Philippe Léotard.
Le film se déroule dans le Belleville encore bien crade des années 1980. Il a un côté documentaire sur les petits trafics (drogue, prostitution) qui régnaient dans ce quartier parisien. Mais le film est dans l’ensemble peu réussi. Et les dialogues sont patauds. Quant à la musique du film elle est inaudible! D’où la surprise des Césars!

Cette même année Alain Delon qui s’est fait damer le pion par Jean-Paul Belmondo l’année précédente décide de mettre une star féminine à ses côtés et même sur l’affiche. Il vend son film « Le choc » (1982) de Robin Davis (d’après le roman « la position du tireur couché » de Jean Patrick Manchette) sur la rencontre Deneuve/Delon, mais Catherine Deneuve est remisée au rang des utilités. Et le film ne fait pas les entrées escomptées. Sur le plan polar c’est moyen et prévisible. Il prend une nouvelle baffe face à Belmondo qui est « L’as des as » du box office. Une comédie.

Quant à Henri Verneuil avec « Mille milliards de dollars » (1982) il poursuit le thriller financier moderne qu’avait lancé neuf ans auparavant Philippe Labro avec « L’héritier« . Il s’attaque à une multinationale qui a avantageusement profité du régime nazi, puis qui s’est convertie au joies de la mondialisation et les coups tordus qui vont avec. C’est un journaliste qui mène l’enquête. Patrick Dewaere tête d’affiche d’un film au casting pléthorique et magnifique.

François Truffaut revient au polar pour son ultime film « Vivement dimanche! » (1983) d’après un roman de Charles Williams. Il utilise le noir et blanc et demande à ses acteurs de surjouer afin de parodier les films américains de la grande époque du polar des années 1940-1950. Mais la parodie tombe à plat. De suspens il n’y en a guère. De suspens il n’y en a pas! Seule la musique de Georges Delerue surnage dans ce marasme.

rueducine.com-cesarC’est Claude Berri qui en 1983 avec « Tchao Pantin » (1983) va marquer le film policier français de son empreinte. Seul film de ce genre dans sa filmographie, il demande à Coluche (alors au fond du trou par sa dépression due en grande partie au suicide de son ami Patrick Dewaere et sa dépendance à la drogue). Celui-ci se met à nu devant la caméra et offre au public sidéré un rôle de pompiste minable qui à la mort d’un jeune petit dealer décide de le venger. Chef d’œuvre. Et César pour Coluche.
Tandis que Delon cherche toujours à se faire une place au soleil du film policier avec « Le battant » (1983) qu’il produit, écrit et réalise… se plante! Son film est nombriliste et guère passionnant. « Le battant » avec près de 2 millions d’entrées (pas mal!) devient « le battu » puisque « Le marginal » (1983) de Jacques Deray avec Jean-Paul Belmondo en fait 5 millions! Ce qui est moins que « Le professionnel » Mais les deux acteurs commencent tous deux à être sur la pente descendante.

« J’ai épousé une ombre » (1983) de Robin Davis est un thriller qui se situe en majorité dans le vignoble bordelais. Il parvient à se frayer une petite place au soleil du box office. Nathalie Baye est sur la lancée de deux succès « Le retour de Martin Guerre » (1982) de Daniel Vigne (quasi un polar au début de la Renaissance) et « La balance » (1982) de Bob Swaïm (voir plus haut) et confirme qu’il faudra compter sur elle dans le cinéma français.

Tout comme le genre policier en France qui fera de moins en moins recette.

Si « La crime » (1983) de Philippe Labro parvient à surnager ce n’est pas un film à la hauteur du genre. Poussif dans ses dialogues et son scénario, il s’appuie cependant sur une distribution, à l’époque, alléchante.

Enfin autre déception « L’indic » (1983) de Serge Leroy, où l’on ne retiendra que la prestation du comédien Bernard-Pierre Donnadieu qui a beaucoup donné dans le genre policier.

Le cinéma policier ronronne dans ses scénarios et son traitement visuel. Tout le monde tourne comme Henri Verneuil il y a 15 ans.

En 1984 deux films retiennent cependant l’attention. « Le juge » (1984) de Philippe Lefebvre qui reprend la dernière enquête du juge d’instruction Pierre Michel avant son assassinat. L’ouverture du film à Palerme est spectaculaire. Et le duo d’acteurs Jacques Perrin/Richard Bohringer permet de donner au film un intérêt que les faiblesses de la forme auraient pu affecter.
rueducine.com-cesar« Les ripoux » (1984) de Claude Zidi est enfin la comédie policière réussie et populaire qui manquait en France. Basé sur un buddy movie entre un jeune inspecteur fraîchement sorti de l’école, et un vieux de la vieille qui arrondit ses fins de mois sur des petites combines. Thierry Lhermitte et Philippe Noiret sont formidables. Claude Zidi tient sa comédie de bout en bout. Même la musique de Francis Lai est réussie. Le film est tellement réussi qu’il est couronné aux César. Fait rare pour une comédie. Et Zidi sacré meilleur réalisateur! Hélas le manque d’imagination pousseront Zidi et ses producteurs à faire deux suites, la première médiocre, la deuxième catastrophique.
Gérad Jugnot en tant que réalisateur et acteur s’essaie aussi à la comédie policière cette même année avec « Pinot simple flic » c’est moins réussi que le film de Claude Zidi.

Le nanar policier de l’année 1984 se nomme « L’arbalète » et est signé Sergio Gobbi. Malgré une distribution de choix (Daniel Auteuil, Marisa Berenson, Marcel Bozzuffi) le film ne décolle pas plombé par un scénario médiocre et une réalisation sans la moindre inspiration.

Claude Chabrol pour qui le genre policier a été un genre qui domine sa filmographie tourne deux films à la suite « Poulet au vinaigre » (1985) suivi de « L’inspecteur Lavardin » (1986). Tous deux interprétés par Jean Poiret dans le rôle de l’enquêteur. Le ton cynique de l’inspecteur donne un petit coup de nouveauté dans le polar. Cela offre aussi au réalisateur de convoquer ses acteurs fétiches Stéphane Audran et Michel Bouquet dans le premier, Jean-Claude Brialy et Bernadette Lafont dans le second. Les deux films ont un beau succès au cinéma et sont très rentables étant donné leur petit budget. Une mini série télévisée de 4 épisodes deux tournés par Claude Chabrol et deux tournés par Christian de Chalonge. Toujours avec Jean Poiret dans le rôle principal.

Un jeune loup du cinéma, Luc Besson, se lance dès son deuxième long métrage « Subway » (1985) dans le film policier. Gaumont avec à sa tête Daniel Toscan Du Plantier (1941-2003) met le pognon sur la table. Le film par son originalité (l’exploration d’un monde punk et souterrain à Pris) mais aussi par une virtuosité visuelle indéniable permet au réalisateur d’obtenir un succès à la fois critique et public. Cependant il se fâche avec son coscénariste et ex-ami Pierre Jolivet. Ce dernier voulait faire un film très noir. Mais Luc Besson veut un film plus « fleur bleue », il réécrit le script avec Alain Le Henry.
Christophe Lambert tient le premier rôle. Il a pour partenaire féminine Isabelle Adjani. Les seconds rôles Michel Galabru et Jean-Pierre Bacri assurent la partie comédie du film.

Alain Delon en complète déshérence égotique, face à un Jean-Paul Belmondo hégémonique au box office, persiste et signe avec les films policiers nombrilistes et patauds. « Parole de flic » (1985) de José Pinheiro en est là pour témoigner.
Patrice Leconte qui voudrait réitérer le succès de « Borsalino » (1970) de Jacques Deray qui avait réuni Jean-Paul Belmondo et Alain Delon, décide de faire un coup similaire avec des acteurs de la génération montante mais déjà populaires. A savoir Gérard Lanvin et Bernard Giraudeau. Un flic et un truand mettent au point le casse d’un casino de la Riviera tenu par la mafia. Il y parvient à moitié. Le film rencontre un beau succès public mais la scène du casse n’est pas extraordinaire.

En 1985 Michel Vianey tourne son troisième et ultime film policier. Après « Un assassin qui passe » (1981), film qui met en parallèle la solitude et la misère sexuelle du tueur en série et celle du flic, « Un dimanche de flic » (1983) il tourne « Spécial police » (1985). Aucun de ces trois films, hélas, ne figurera au sommet du genre, sans pour autant être à ranger du côté des navets. Ce sont des polars de consommation courante comme les années 1980 en ont beaucoup offert.

Le film policier de l’année 1985 sera « Police » de Maurice Pialat. Complètement atypique, le film commence par l’enchaînement de deux interrogatoires, donc bille en tête dans les canons du genre, mais au fil du film, l’aspect policier se délite au profit de l’histoire d’amour entre le flic et la femme d’un dealer. Le couple Gérard Depardieu/Sophie Marceau. Cependant le scénario écrit en grande partie par Catherine Breillat est très renseigné et donne en début de film une sensation de « reportage ». Le plus gros budget et le plus grand succès populaire de Maurice Pialat.

En 1986 le genre connaît un sursaut. Jean-Jacques Annaud sort un film policier extrêmement onéreux pour un film de ce genre (il se passe au moyen âge), il est l’adaptation d’un roman d’un écrivain italien et érudit universitaire Umberto Eco ayant la réputation d’être inadaptable au cinéma.rueducine.com-cesar « Le nom de la rose » (1986) est une remarquable réussite avec un casting prestigieux mais aussi la crème de la crème parmi les techniciens européens. Enorme succès critique et public.

Francis Veber lui aussi connaît un grand succès avec sa comédie policière « Les fugitifs » (1986). Ce film est la troisième collaboration entre le réalisateur et les acteurs Gérard Depardieu et Pierre Richard. Et toujours dans la comédie policière. « La chèvre » (1981) et « Les compères » étant les deux premiers films. Les trois films fonctionnent sur le contraste comique du buddy movie entre la brute et le lunaire.

Michel Deville avec « Le paltoquet » (1986) tourne un huis-clos (ou quasi) dans une sorte de hangar. Le film policier est antinaturel très théâtralisé, voir parfois expérimental. La distribution des rôles est impressionnante. Les acteurs sont parfois desservis par les dialogues et le film ne tient pas toutes ses promesses. Le réalisateur décide de faire appel à des musiciens de musique classique de la fin du XIXème et du début du XXème siècle pour illustrer ses images.

Cela n’évite pas les naufrages comme « Le môme » signé Alain Corneau. Sur un scénario extrèmement faible cosigné avec Christian Clavier. Pas grand chose à sauver de ce film alors que les acteurs Richard Anconina et Michel Duchaussoy honorés de tourner dans un polar d’un spécialiste du genre, font de leur mieux.

1987 et 1988 « L’arme fatale » (« Lethal weapon« ) de Richard Donner et « Piège de cristal » (« Die hard« ) de John McTiernan sortent aux Etats-Unis.

1987 Claude Chabrol tourne son dernier grand film policier « Masques » ce n’est pas tant le polar qui compte mais le portrait d’un animateur de télévision très ambigu. Philippe Noiret formidable.
Cette même année, Pierre Granier-Deferre fait de même avec « Noyade interdite » (1987) toujours avec Philippe Noiret qui interprète un flic au passé trouble.
L’acteur Jacques Santi réalise avant de mourir son unique film « Flag » (1987) Les ambiances nocturnes autour des tables de jeux sont très réussies ainsi que la confrontation entre deux policiers dont les rôles sont tenus par Richard Bohringer et Pierre Arditi.

Jean-Paul Belmondo quant à lui tourne le polar de trop « Le solitaire » (1987). Jean-Paul Belmondo n’a plus l’âge pour ce genre de rôle, et le film à part le tout début est très routinier. Echec public.
Deux films sont à retenir pour cette année 1987 : « Les mois d’avril sont meurtriers » (1987) de Laurent Heynemann film formidable qui rappelle l’ambiance de « Mortelle randonnée » de Claude Miller. Le flic a lui aussi perdu sa fille et son comportement vis-à-vis des suspects est très discutable. Jean-Pierre Marielle y trouve un de ses meilleurs rôles ainsi que Jean-Pierre Bisson. Le film produit par Bertrand Tavernier est un peu plus qu’un polar, c’est aussi une réflexion sur la police et ses pouvoirs.

L’autre film est le thriller « Attention Bandits » (1987) de Claude Lelouch. Si le scénario est hautement improbable, le réalisateur parvient à nous maintenir dans son histoire par sa dextérité à jouer avec les sentiments.
Cette année est la dernière grande année pour le genre qui va s’étioler. Le public déserte les salles d’un parc vieillissant, et le genre qui fut la vache à lait du 7ème art est boudé. Le nombre de films policiers produits va chuter sérieusement.
L’année suivante seul « Frantic » (1988) de Roman Polanski surnagera du marasme.

En 1989 Alexandre Arcady avec « L’union sacrée » qui réunit un flic juif et un flic français d’origine arabe, tente de réhabiliter le genre. Mais en vain. Le film manque d’ambition dans son écriture et se contente de tartiner les poncifs du polar et du buddy movie.

Jacques Doillon en 1990 tourne un petit polar avec un jeune inconnu qui crève l’écran, Gérald Thomassin, en tête d’affiche. « Le petit criminel » (1990) est un petit bijou  et parmi les meilleurs films de l’auteur. Clotilde Courau et Richard Anconina soutiennent la prestation du petit prodige qui ne confirmera pas cette prestation dans le futur. Pour l’anecdote Gérald Thomassin sera pris dans l’engrenage de la drogue, soupçonné de meurtre sur une postière et disparaîtra en 2019 sa famille le pensant mort deux ans plus tard.

5 ans après « Subway » Luc Besson tourne un thriller qui fera date « Nikita » (1990). Anne Parillaud endosse le premier rôle et sort de ses apparitions cinématographique comme faire valoir légèrement vêtue d’Alain Delon. Elle étonne. Luc Besson lui scotche son public la première moitié de son film par la noirceur du propos et la maîtrise des scènes d’action. Puis il opère une rupture de ton et noie son film dans mièvrerie qui confine à la bêtise jusqu’au générique final.

Bertrand Tavernier en 1992 frappe fort avec « L. 627« . Film qui dés sa sortie lance le débat sur le fonctionnement de la police, ses moyens très limités, sa paperasserie pléthorique pour le moindre fait, et sa politique du chiffre qui fait que l’on préférera arrêter un petit dealer facile à appréhender plutôt qu’un chef de trafic qui nécessite des mois d’enquête. Le film fera entrer dans une colère noire le ministre de l’intérieur de l’époque : le très oublié Paul Quilès.
Bertrand Tavernier prend à rebours la grammaire du cinéma policier issue du polar américain. Son film est quasiment un documentaire sur la vie d’un groupe de la brigade des stups.

Le cinéma de Georges Lautner prend un sérieux coup de vieux. Son film « L’inconnu dans la maison » (1992) 1/3 drame, 1/3 film policier et 1/3 film de procès avec Jean-Paul Belmondo est un inutile remake du film « Les inconnus dans la maison » (1942) d’Henri Decoin. Le film est pantouflard dans sa réalisation, et les interprètes (Belmondo en tête) ne semblent guère concernés par ce qu’ils tournent.

On oublie « Profil bas » (1993) de Claude Zidi qui n’a du polar que les intentions. Luc Besson jeune loup devenu jeune lion, part à New York pour tourner « Léon » (1994). Il se perd dans des scènes sentimentalistes entre une pré-adolescente et un quadragénaire tueur professionnel. C’est bêta, mal dialogué, et insupportable. Mais il semble que Besson ait définitivement trouvé son style. Le public adore!Luc Besson s’ouvre ainsi les portes des studios hollywoodiens et des finances qui vont avec, même si avec Gaumont il n’était pas malheureux…

Le nouveau Bertrand Tavernier avec « L’appât » (1995) s’inspire d’un fait divers des années 1980. Des jeunes perdus par une société de consommation qui met en valeur la réussite par les objets de marque, sombrent dans le crime pour tenter d’accéder à ce paradis chimérique. La description des mécanismes qui mènent à l’ultra violence pour quelques billets de banque est frappante.

1995 « Heat » de Michael Mann sort aux Etats-Unis.

André Téchiné revient au polar vingt ans après « Barocco » (1976) avec « Les voleurs » (1996). Toujours dans un ton inédit où le mélange des genres (le film policier et la comédie dramatique romantique) permet au film de rester dans les mémoires. Un homme devenu flic en réaction à son père truand mort de mort violente, et qui pourchasse son frère. Il a une relation amoureuse avec une jeune femme Juliette étudiante qui a une relation amoureuse avec Marie sa prof de philo. Le film reçoit un accueil public qui réunit surtout les cinéphiles.

Ce qui ne sera pas le cas de « Fred » (1997) de Pierre Jolivet et produit par Bertrand Tavernier qui est un sévère échec. Pourtant le film est un des meilleurs polars des années 1990. Il allie la critique sociale (le chômage, la désindustrialisation, la précarisation, les petits et gros trafics et les banlieues qui se transforment en ghetto de pauvres) et le polar. Vincent Lindon interprète son meilleur rôle depuis le début de sa carrière. Clotilde Courau est solaire et François Berléand joue un flic d’anthologie.

En 1998 déboule toutes sirènes hurlantes « Taxi » comédie marseillo-policière produite par Luc Besson et réalisée par Gérard Pirès qui n’avait plus tourné au cinéma depuis 1981. Le film est idiot, mal écrit, pas très bien interprété par le duo Samy Naceri – Frédéric Diefenthal, et avec une réalisation axée sur les cascades plus que sur l’histoire policière. Cependant c’est un immense carton. 4 autres films du même tonneau et à chaque fois pire que le précédent envahiront les salles.
Autre film policier raté « 1 chance sur 2 » (1998) dans lequel Patrice Leconte réalise son rêve de tourner avec Alain Delon et Jean-Paul Belmondo et surtout de les refaire tourner ensemble. Mais l’intrigue est pauvrette, le scénario fainéant et les dialogues sont un condensé d’auto dérision qui désamorce la moindre scène de suspens.
Dernier polar de Jean-Paul Belmondo.

Avec la fin des années 1990 on arrive au bout du purgatoire pour le genre policier.
Les scénarios sont mieux travaillés, le film « Heat » (1995) de Michael Mann a frappé les esprits même en France et une nouvelle façon de filmer les polars va ramener le public dans les salles pour ce genre.
« Scènes de crime » (2000) de Frédéric Schoendoerffer affiche le nouveau ton du polar français. Le suspens y est plus prenant et la violence assez crue.

Les auteurs de roman policier ont aussi changé.
Nouveau grand pourvoyeur de films, l’auteur Jean-Christophe Grangé.
Parmi les films inspirés de l’œuvre du romancier, « Les rivières pourpres » (2000) de Mathieu Kassovitz fait un tabac. Son film est un buddy movie sur une sombre histoire d’eugénisme. Les moyens mis en œuvre pour le tournage sont énormes pour un polar. Mais l’affaire s’avère rentable en dépit d’une fin plus que décevante. Pourtant le réalisateur fait montre de maestria durant les deux premiers tiers du film. Et le duo d’acteurs Vincent Cassel et Jean Reno est très bien dirigé, leur évitant les écueils d’un tournage en roue libre.
A côté de ce film « Six-pack » (2000) de Alain Berbérian fait un peu figure de parent pauvre. Il s’agit d’un film sur la traque d’un tueur en série dans Paris. Mais la production n’est pas à la hauteur malgré une histoire qui avait du potentiel. Et à côté de films comme « Le silence des agneaux » (1991) de Jonathan Demme, ou « Seven » (1995) de David Fincher auxquels il prétendait se comparer cela fait penser à la grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf…

2001 « Ocean’s eleven » de Steven Soderbergh sort aux Etats-Unis.

En 2001 trois films ambitieux à costumes et avec de gros moyens financiers font eux aussi passer le film policier dans une autre dimension. Celle du film historique à costumes. « Le pacte des loups » de Christophe Gans, ancien critique du magazine de cinéma « Starfix », « Belphégor, le fantôme du Louvre » de Jean-Paul Salomé et « Vidocq » de Pitof réunissent de gros moyens financiers. Les trois films n’ont pas le même succès. Si « Le pacte des loups » est un triomphe, « Vidocq » est assez loin du compte. « Belphégor » s’en tire plutôt bien malgré de grandes failles. Il faut dire que « Vidocq » est assez confus sur le fond et la forme. Le film de Cristophe Gans s’inspire largement de l’esthétique des films chinois (comme la scène de bagarre sous la pluie, ou les scènes de combat par les arts martiaux) quant à Jean-Paul Salomé il inaugure une mode qui s’avérera assez éphémère : remettre au goût cinématographique des séries télé populaires.

Retour de la comédie policière avec « Wasabi » (2001) de Gérard Krawczyk avec Jean Reno  pour le compte d ‘Europacorp de Luc Besson qui veut conquérir le marché japonais. Il débauche une actrice en vogue au Japon.  C’est d’ailleurs Luc Besson qui est au scénario et c’est la cata habituelle. Scénario anémique, dialogues enfantins. La comédie policière en prend un sérieux coup.

L’ex critique et journaliste spécialiste du cinéma Alain Bévérini, se lance dans la réalisation avec un polar « Total Kheops » (2002). Le film est maladroit notamment dans ses flash-backs mais la ville de Marseille y est bien mieux filmée que dans l’imbuvable « Taxi« .
Mais cette même année Cédric Klapisch qui touche à tous les genres, tourne « Ni pour ni contre (bien au contraire) » un thriller au titre assez fumeux mais dont le contenu est plutôt sensationnel. Servi par des acteurs sur la pente ascendante, le genre prend un sérieux coup de jeune.

C’est un ancien flic qui se lance à son tour dans le polar. Olivier Marchal tourne « Gangsters » (2002). Une traque de flics pourris assez alambiquée. Mais au final le film marque les esprits. Par sa violence et ses dialogues crus. C’est un succès d’estime qui permettra à Olivier Marchal d’assouvir ses ambitions de films policiers.
Bruno Podalydès quant à lui reprend l’œuvre de Gaston Leroux et s’amuse avec Rouletabille et ses énigmes improbables. « Le mystère de la chambre jaune » (2003) puis l’année suivante « Le parfum de la dame en noir » (2005) sont de petits bijoux (surtout le premier) de références culturelles.
Pierre Jolivet revient au polar avec « Filles uniques » (2003). Le film n’est pas une comédie policière mais plutôt une comédie avec un peu de policier dedans.
Olivier Marchal revient au polar avec « 36 quai des orfèvres » (2004). Il s’inspire lui plutôt de l’esthétique du film « Heat » (les tons gris et bleus colorent le film). Pour ce film il a un budget conséquent et décrit une police bien plus fantasmée que réelle. L’antagonisme entre deux grands flics est superbe. Olivier Marchal signe un grand polar français et devient incontournable pour ce genre en France que ce soit au cinéma ou à la télévision.
Erwann Kermorvant souligne le film avec une musique poignante et hors des sentiers battus du genre.

Nicolas Boukhrief lui aussi ancien critique de la revue « Starfix » tourne en 2004 « Le convoyeur » le film lorgne plus vers le thriller que le polar. Mais sa galerie de portrait marque les esprits en dépits d’une écriture qui a trempé dans l’encre de la facilité et de l’invraisemblance.
« Anthony Zimmer » (2005) est la première œuvre de Jérôme Salles. Le film est habile et repose sur le couple Sophie Marceau/Yvan Attal qui fonctionne très bien.
La même année sort « Le petit lieutenant » (2005) de Xavier Beauvois. Le film s’intéresse à l’intégration d’une jeune recrue à la PJ de Paris et sa première enquête criminelle ainsi que ses rapports avec ses collègues. Nathalie Baye y décroche un César pour son rôle de commandant. Mais le film ne rencontre pas un succès pourtant mérité.
« Les brigades du Tigre » (2006) de Jérôme Cornuau bénéficie lui aussi d’un budget conséquent pour un film policier. Le film s’inspire des personnages de la série télé française des années 1970-1980. Et prend pour sujet les méfaits de la bande à Bonnot. La fantaisie y est plus à l’ordre du jour que la reconstitution historique. Si le film divertit, il laisse malgré tout un goût d’inachevé et d’objet trop à la mode pour marquer durablement le cinéma.

Frédéric Schoendoerffer continue lui aussi à creuser le même sillon du polar et du thriller. « Truands » (2006) tente de supprimer tout romantisme à la description du microcosme du grand banditisme. Les gangsters apparaissent tous odieux. Ce qui pose un problème d’adhésion du spectateur au film.

Eric Barbier ressuscité de son premier film qui fut un des plus grand flop du cinéma français avec son drame « Le brasier » (1991) a mis 15 ans pour renouer avec une production riche. Mais « Le serpent » (2006)  lui permettra de restaurer une image de réalisateur à qui l’on peut confier de gros projet.

C’est Guillaume Canet qui en 2006 avec « Ne le dis à personne » tiré du roman éponyme de Harlan Coben, qui étonne son monde. Efficacité à l’américaine et interprétation de très haut niveau, le film est un gros succès public et distingué de multiples fois et notamment aux Césars où il en obtient 4 ce qui est bien pourrueducine.com-cesar un genre souvent délaissé par l’Académie. L’écriture scénaristique est rigoureuse et les nombreux personnages ont chacun les moyens de défendre leur personnage. La musique signée Mathieu Chedid  (nom de scène « M ») aide nettement le spectateur à appréhender le film.
Cette même année Claude Lelouch revient lui aussi au polar vingt ans après « Attention bandits! » avec « Roman de gare » (2006). C’est l’occasion pour le réalisateur de se retrouver après des films bâclés ou inintéressants et de retrouver le public avec un film simple et efficace.
Franck Mancuso comme bien d’autres flics, veut faire part de son expérience dans les forces de l’ordre et enrichir le cinéma du genre. Après avoir participé au scénario de « 36 quai des orfèvres » d’Olivier Marchal, il passe à la mise en scène avec « Contre-enquête » (2007). Le film a quelques faiblesses, mais l’interprétation de Jean Dujardin mérite le détour.
Jacques Maillot tourne son deuxième long métrage « Les liens du sang » (2007). Ici aussi outre la reconstitution des années 1970 c’est l’interprétation de Guillaume Canet et François Cluzet qui rend ce film passionnant. Ils jouent deux frères, l’un flic l’autre délinquant le premier cherchant à venir à l’aide du second à sa sortie de prison. Guillaume Canet tournera aux Etats-Unis un remake de ce film « Blood ties » avec au scénario James Gray un des réalisateurs de polar le plus en vue depuis les années 2000.

Alain Corneau pour le 50ème anniversaire du film « Le deuxième souffle » (1966) de Jean-Pierre Melville tourne un remake . Il s’appuie au début sur une réécriture de José Giovanni qui n’avait pas apprécié le film que Jean-Pierre Melville avait tiré de son scénario.  Couleurs pétantes, inspiration des productions de films de Hong Kong. Alain Corneau se perd dans sa relecture. Malgré une distribution prestigieuse « Le deuxième souffle« (2007) sombre dans un maniérisme accablant.

Luc Besson et sa société EuropaCorp veut s’installer dans le créneau du film policier synonyme de films d’action et de gros potentiel pour attirer les gens en salles. « Go fast, au coeur du trafic » (2008) d’Olivier Van Hoofstadt se veut un modèle du genre. Et c’est effectivement un polar de consommation courante. Mais sitôt vu, sitôt oublié malgré un bon Roshdy Zem.

Fred Cavayé tourne son premier long métrage et choisit le polar. Avec « Pour elle » (2008) il frappe fort. Plongeant un professeur dans le monde des malfrats pour faire évader sa femme de prison.
Fred Cavayé a parfaitement compris et intégré les nouvelles règles du genre (spectacle et action) deux années plus tard il récidive avec « A bout portant » (2010) encore plus chargé en adrénaline et encore plus axé sur l’aspect policier. Il se hisse parmi les plus grands réalisateurs du genre. Cette histoire de vengeance sur des flics ripoux est assez sensationnelle. Et repose sur un casting costaud (Roshdy Zem, Gilles Lelouch, Gérard Lanvin).

Nicolas Boukhrief sort son 5ème film « Gardiens de l’ordre » (2009). Comme dans « Le convoyeur » l’écriture manque de rigueur. et certaines incohérences surgissent au long du film.

Richard Berry qui en tant qu’acteur a tourné quelques polars  « Le grand pardon« , « La balance« , « Spécial police« , « L’appât« , « Un ange »  et bien d’autres… décide de prendre la caméra pour raconter une transposition dans les années 2000 de l’affrontement entre Gaëtan Zampa et Jacky Le Mat qui avait défrayé la chronique pendant les heures sombres de la « French connection ». Si « L‘immortel » (2010) est un succès public, il a bien des faiblesses dans sa distribution.

Autre film raté « Comme les 5 doigts de la main » (2010) d’Alexandre Arcady. Le réalisateur ne quitte pas les smalas juives qui sont son fond de commerce. Ici il plonge les Hayoun dans un polar informe avec force improbabilités scénaristiques. En dépit d’une distribution séduisante, les acteurs ne trouvent pas leur marque et jouent parfois assez mal.

Olivier Marchal et Fred Cavayé font des émules. Eric Valette suit le chemin tracé et tourne « La proie » (2011) un film de course poursuite entre flics et suspect qui laisse peu de temps au spectateur pour souffler entre deux scènes d’action.

Là où Eric Valette réussit, Franck Mancuso échoue partiellement. Son « R.I.F. recherche dans l’intérêt des familles » (2011) ne passionne pas. La faute à un personnage principal anti charismatique et un scénario pataud.
Olivier Marchal quant à lui continue à creuser le sillon du polar avec une distribution magnifique (Gérard Lanvin, Tchéky Karyo, Daniel Duval, François Levanthal, Patrick Catalifo, Etienne Chicot) Cette fois-ci il évoque un gang qui a défrayé la chronique entre 1967 et 1977. « Les lyonnais » (2011) nous replonge dans la France de Pompidou et Giscard et les magouilles politiques d’alors.
Le film est cependant moins efficace que « 36 quai des orfèvres » tout en étant d’un très haut niveau.

L’année suivante Pierre Jolivet renoue avec le polar. Il gomme les aspects sociaux qu’il avait introduit dans « Fred » (1997) pour dans « Mains armées » (2012) se consacrer à un père (Roshdy Zem) et sa fille (Leïla Bekhti) qui ne se parlent plus, tous les deux flics, mais pas dans la même unité ni dans la même ville et qui voient leurs enquêtes se rejoindre. Film réussi avec des bons moments de tension et un dénouement au M.I.N. de Rungis.

On retrouve Roshdy Zem qui a la carrure des grands interprètes français de rôles de flic dans « Une nuit » (2012) de Philippe Lefebvre. Le Paris nocturne et interlope y est disséqué. Le réalisme avec son acteur principal est une des forces du film.

Un polar atypique sort en 2013 « 11.6 » de Philippe Godeau qui retrace les faits qui ont emmené le convoyeur de fonds dénommé Toni Musulin (personnage réel) à braquer son propre fourgon et dont seule une partie des 11.6 millions ont été retrouvés. François Cluzet magnifique.

Un premier film policier marque l’année 2014. Il s’agit de « L’affaire SK1 » de Frédéric Tellier. Le réalisateur et ses coscénaristes reprennent l’enquête qui a mené au tueur en série parisien Guy Georges. Outre l’affaire elle-même ils nous montrent les dégâts que cette chasse à l’homme hors normes dans Paris dans les esprits des policiers chargés de l’enquête.
Le style de Frédéric Tellier est quasi documentaire. L’interprétation est superbe notamment Raphaël Personnaz qui interprète l’enquêteur principal sur cette affaire.

Le second film qui fait de 2014 une grande année pour le genre est « La French » de Cédric Jimenez qui reprend la véritable histoire de la traque de Gaëtan Zampa par le juge Pierre Michel est une remarquable réussite. Les acteurs Jean Dujardin et Philippe Lellouche y sont pour beaucoup. Mais la mise en scène est magistrale et la reconstitution des années 1970-1980 par les costumes et le traitement de l’image sont bluffants.
Les jeunes réalisateurs des années 2010 semblent s’intéresser un peu moins à leur petite personne et donnent l’impression d’éviter le film nombriliste et psychanalytique pour le film de genre.

Ainsi Jeanne Herry avec « Elle l’adore » (2014) aborde le film policier avec un angle qui n’avait pas été abordé depuis « Masques » (1987) de Claude Chabrol. A savoir que le meurtrier est une star. Star de la télé chez Chabrol, star de la chanson chez Herry. Tout y est réussi. De la psychologie des personnages à l’écriture du scénario jusqu’à la direction d’acteur et l’interprétation (Sandrine Kiberlain, Laurent Laffitte).
Eric Barbier revient au polar dans un genre chic et peut-être toc. « Le dernier diamant » (2014) lorgne vers le clinquant de « Ocean’s Eleven » (2001) de Steven Soderbergh. Il reste cependant un bon divertissement qui rappelle aussi ceux de Stanley Donen comme « Charade » (1963) et « Arabesque » (1966).

Benjamin Rocher co-auteur du film « La horde » (2009) qui mélangeait genre policier et film de zombie et qui fut un gros échec critique et public tourne six ans plus tard un polar totalement irréaliste « Antigang » (2015). Ce n’est pas Jean Reno tête d’affiche à la date de fraîcheur dépassée, qui va sauver les meubles d’un polar qui confond action et scénario. Si le film contient bien une scène inspirée de la fusillade dans les rues de Los Angeles du film « Heat » (1995) et qui s’avère finalement être le meilleur du film, le reste frise le ridicule et l’imbécilité. Les dialogues sont à la ramasse et ne font rire que leurs auteurs. Le film fait un bide. Normal.

Mais le polar et le thriller retournent dans une sorte de purgatoire. Les décideurs du cinéma ont franchement pris le virage vers les comédies familiales qui rassemblent plus de monde dans les salles et devant la télévision en prime-time au détriment des autres genres.
Il faut dire que les déboires du film (prémonitoire?) « Made in France » (2015) de Nicolas Boukriehf qui relate l’infiltration d’un journaliste dans un réseau terroriste à Paris ont sûrement refroidi les ardeurs des producteurs. La sortie du film en salles est par deux fois repoussée à cause d’attentats (janvier 2015 puis novembre 2015) et finalement le film sort en vidéo à la demande (VOD). Les affiches du film sont retirées en catastrophe. Bref le film devient un fardeau.

Erick Zonca se lance dans le film de genre en 2018 et signe « Fleuve noir » adaptation libre d’un roman israélien. S’il reussit à créer un univers sombre, avec une intrigue glauque, il manque la fin de son film. La distribution du film (Vincent Cassel, Sandrine Kiberlain, Romain Duris) est formidable.

2019, Arnaud Desplechin pour son premier polar, « Roubaix, une lumière« , réinterprète un fait divers qui a eu lieu dans la ville et dont a été tiré un documentaire. Lrueducine.com-cesare film est très réaliste et peu spectaculaire. Il s’appuie sur l’interprétation de Roschdy Zem qui reçoit un César pour son rôle de commissaire humaniste et natif de la ville.

Avec « Bac Nord » (2020) Cédric Jimenez retrouve avec bonheur le genre policier. Après « La French » (2014) il reste à Marseille et s’inspire de faits réels de corruption policière plus ou moins avérée. Le film est une réussite. Gilles Lellouche y est très bon. Et le public lui fait honneur en allant le voir malgré la crise d’après COVID des salles de cinéma en France.

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2 Comments

  1. julliot 16 novembre 2023

    il manque sans mobile apparent 1970

  2. littlebigxav 19 novembre 2023

    Bonjour et bienvenu sur rueducine.com Vous trouverez le film quelque ligne plus bas je l'ai considéré comme IMDB étant de l'année 1971. Au plaisir de vous relire.