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Synopsis

Saint-Etienne début des années 1970, à l’usine Camus, le juge Fayard mène une enquête suite à un accident du travail ayant causé la mort. Il s’interroge sur le fait que ce soit le quatrième de ce type en trois ans. Face au PDG qui cherche à minimiser les faits il décide de le mettre sous écrou. Le garde des sceaux, et le député font pression sur le procureur qui fait libérer le chef d’entreprise et finit par le dessaisir du dossier. L’inspecteur Marec arrête un truand nommé Paul « Paulo » Lecourtois qui se défend d’avoir braqué un pompiste…

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CRITIQUE

Yves Boisset et son coscénariste et complice Claude Veillot s’inspirent de l’assassinat du juge François Renaud à Lyon le 3 juillet 1975.

Yves Boisset fait semblant de maquiller lieux (Lyon devient Saint-Etienne) et personnages (Renaud devient Fayard) mais à la sortie du film tout le monde a bien compris de quoi il en retournait.

D’ailleurs pendant les projections un bip masquait le nom du SAC (Service d’Action Civique) genre de garde prétorienne créée pour Charles De Gaulle après son retour au pouvoir en 1958. Bien entendu le public hurlait le nom du SAC à chaque bip… Un succès de la censure!

Le S.A.C. ressemblait à un mélange détonnant de politiciens (parmi lesquels Pierre Debizet, Jacques Foccart, Alexandre Sanguinetti, Charles Pasqua, jusque Jacques Chirac qui lorsqu’il était premier ministre sous Valéry Giscard d’Estaing et en présidait les réunions des cadres chaque année à L’hôtel Lutétia) et de truands comme Jo Attia, Christian « Le beau Serge » David et bien sûr quelques policiers, agents secrets et barbouzes en tous genres.

Très vite les bavures se font jour (tabassage, cambriolages) et cela finit par la « Tuerie d’Auriol » en 1981 où un membre du S.A.C. des Bouches du Rhône qui risquait de révéler le non-révélable, est assassiné ainsi que femme et enfants.

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Avec son scénariste habituel Claude Veillot, le réalisateur nous décrit une France politique et judiciaire vérolée par la pègre et l’argent qu’elle ramasse illicitement par des braquages ou des trafics en tous genres. Argent réinjecté dans le financement politique ou immobilier après un bref passage en Suisse pour y être blanchi.

Le film est porté par un duo de haute volée que sont en tout premier lieu Patrick Dewaere (1947-1982) qui fait une interprétation assez proche de son modèle teigneux et accrocheur qui n’hésitait pas à malmener les malfrats auquel il avait affaire.
Et par Philippe Léotard (1940-2001) magistral en flic qui trouve avec ce juge son alter ego.
Le reste de la distribution (Jean Bouise, Marcel Bozzuffi, Michel Auclair, et Yves Afonso) est brillante.
Seul bémol Aurore Clément qui détonne par une interprétation pas très juste.

Belle bande originale signée Philippe Sarde.

 

Ce film est recensé dans la page : LE FILM POLICIER ET LE THRILLER FRANÇAIS DE 1945 à 2015.

 

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LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

La fin dramatique du juge Fayard superbement mise en scène.

L’ANECDOTE

Le film reçoit le prix Louis Delluc et les ennuis avec la censure, changement de noms, et bips (tentent en vain) de masquer les turpides des hommes de la République française de l’époque et notamment des années de présidence de Valery Giscard d’Estaing.
Bien entendu l’effet est inverse et attise les interrogations derrière ses précautions pataudes.
Yves Boisset outre les mesures d’intimidation du S.A.C. qui menaçaient sa famille, s’est vu ensuite sanctionné sévèrement par l’administration française et notamment les services fiscaux qui lui tombent dessus à bras raccourcis.

NOTE : 16/20

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