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Synopsis

Près de Milan, Leo Ferretti, un riche financier milanais est grièvement blessé dans un accident d’hélicoptère. Il est amené dans une clinique de Genève et plongé dans le coma. La famille doit prendre les mesures pour remanier la direction du groupe. Le neveu de Leo Ferretti, Maurizio Ferretti est écarté par son propre père de la nouvelle direction du groupe. Un affront qu’il n’accepte pas…

CRITIQUE

Ce film vaut pour ce qu’il semble annoncer (mais est-ce bien sûr?) : la fin du « Milano da bere ».
Mais qu’est-ce que le Milano da bere?
Cela correspond au développement de la ville lombarde après les années de plomb (1969-1981). Développement industriel puis financier puis culturel faisant de Milan la ville la plus en vue de l’Italie dans les années 1980. Le tout sous une certaine égémonie du parti socialiste « craxiste » (tenu par Bettino Craxi).
Pour le cinéma c’est la façon d’appréhender la ville avec une autre « imagerie ». Jusqu’à présent Milan était la ville de toutes les violences comme dans bien des films policiers italiens des années 1970 appelés « poliziottesco« , de l’émigration des siciliens et napolitains vers les usines lombardes qui ont fait quelques drames ou comédies à l’italienne souvent proches du drame.

L’appellation « Milano da bere » vient du slogan d’une publicité de 1985 pour Ramazotti une boisson alcoolisée amère laquelle, dans une esthétique nouvelle, plus lumineuse, plus colorée pour illustrer la ville et son art de vivre donnera le ton pour les années suivantes jusqu’à l’opération « Mani Pulite » qui débute par l’arrestation le 17 février 1992 d’un certain Mario Chiesa, socialiste, qui ambitionnait de devenir maire de la ville et empochait des pot-de-vin (« tangentopoli » en italien).

« Milliardi » est une meringue écoeurante qui ne parle que d’argent, de contrôle de groupe, de millions et de milliards. Le tout dans une esthétique mi-publicitaire mi-série télé, qui abîme les yeux.
Le casting international oblige un tournage en anglais. Mais pas grand monde semble concerné par ce qu’il joue.

Les costumes sortent de chez les grands couturiers milanais, les voitures sont plus luxueuses et sportives les unes que les autres, les yachts flottent mollement sur le lac de Côme; on y boit on y fume des cigares et on y drague des brochettes de jeunes filles peu farouches.
On passe des grandes demeures milanaises à New York, de New York à Genève, de Genève au lac de Côme, et ainsi de suite sans coup férir.
La grande absente étant Milan.
Mais ce n’est pas pour donner du rythme. Il n’y en a pas. Le film n’est qu’une succession de cartes postales où des personnages évoluent avec le moins d’entrain possible.
Les bureaux et les chambres à coucher se multiplient comme les petits pains, même si on ne sait pas où ils et elles se situent (et on s’en fiche). Prolifèrent aussi les partenaires féminines du petit Maurizio Ferretti (Billy Zane) coiffé comme un empereur romain mais avec l’envergure d’un petit employé commercial.

Carlo Vanzina qui a filmé les années fastes du Milano da bere avec « Yuppies, i giovani di successo » (1986), puis « Via Montenapoleone » (1987) desquels je ne dirai rien ne les ayant pas vus, semble ici anesthésié par ce qu’il filme.
Il faut dire que chez les riches milanais on se fait chier ferme!
Aucune occupation ne semble satisfaire ce petit monde. Boire, fumer, conduire des bolides, porter des robes et des bijoux de luxe, le sexe, tout cela est peu réjouissant.
Même la quête de pouvoir ne semble pas ouvrir des perspectives enthousiasmantes!
La perte de contrôle du groupe qui semble inéluctable et se veut être le climax du film ne fait même pas frémir le spectateur. Comme tout le monde sur l’écran il s’en fout du groupe milanais de son destin et de ce qui peut bien arriver à tout ce petit monde.

La musique est inécoutable. C’est un déversement du pire des sons qui pouvait se faire à la fin des années 1980.

Le film sera monté pour une durée de 2×90 minutes pour la télévision.

Heureusement le pool de juges menés par Antonio Di Pietro va faire cesser tout cela! L’opération « Mani pulite » va accélérer la décomposition d’un système politico financier en mettant en examen 4000 politiques et hommes d’affaires à travers toute l’Italie… S’il avait pu intervenir quelques mois plus tôt cela nous aurait peut-être évité un tel étalage d’inepties cinématographiques.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Maurizio qui a failli dans sa quête de prise en main du groupe, et le faire basculer dans les mains ennemies, rentre à la maison même pas penaud. Il est accuilli par son papounet qui le prend sous son bras comme content de le voir revenir après 3 semaines de vacances. Une aberration!

L’ANECDOTE

Carlo Vanzina (1951-2018) est le fils du réalisateur Steno. Il a une filmographie assez impressionnante. Plus par la quantité (une cinquantaine de longs métrages) que par la qualité. Il signe cependant quelques comédies qui ont eu de gros succès populaire en Italie.

NOTE : 05/20

Video & Photo

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