Synopsis

Le poliziottesco (pluriel poliziotteschi), appelé aussi « poliziesco all’italiana » est un genre (filone en italien) cinématographique italien qui est né au milieu des années 1960 et mort au début des années 1980.
Genre éminemment urbain et violent qui colle à l’actualité italienne, à savoir le traumatisme des années de plomb qui frappe (souvent aveuglément) les citoyens italiens.

Les spécialistes du genre s’accordent sur la naissance du genre avec le film  « Lutring… réveille-toi et meurs » (« Svegliati e uccidi« ) (1966) de Carlo Lizzani. Puis le genre s’installe pour de bon avec « Bandits à Milan » (« Banditi a Milano« ) (1968) toujours de Carlo Lizzani.

Mais c’est le film « Le témoin à abattre »  (« La polizia incrimina, la legge assolve« ) (1972) d’Enzo G. Castellari qui devient le mètre étalon du genre.  Ce film est influencé par des films américains comme « L’inspecteur Harry » (« Dirty Harry« ) (1971) de Don Siegel et « French Connection » de William Friedkin.  Il installe définitivement les codes du genre.

Un des grands auteurs du poliziottesco outre Carlo Lizzani est Fernando Di Leo (1932-2003) qui tourne une trilogie autour de la mafia: « Milan Calibre 9 » (« Milano calibra 9« ) (1972), « Passeport pour deux tueurs » (« La mala ordina« ) (1972), « Il boss » (« Le boss« ) (1973). Il fera des films plus accès sur les personnages de flics « Salut les pourris » (« Il poliziotto è marcio« ) (1973) « Colère noire » (« La città sconvolta: caccia spietata ai rapinatori« ). Fernando Di Leo qui ne versera pas dans le poliziottesco protofasciste n’hésite pas à introduire la politique dans ses films. Quitte parfois à sacrifier le rythme des films.

Plus tard le genre s’inspire de films comme « Serpico » (1973) de Sidney Lumet ou « Un justicier dans la ville » (« Death wish« ) (1974) de Michael Winner, comme « Un citoyen se rebelle » (« Il cittadino si ribella« ) (1974 d’Enzo G. Castellari.

Mais le poliziottesco influence de la même façon le cinéma français. Des films comme « Sans mobile apparent » (1971) de  Philippe Labro ou « Peur sur la ville » (1975) d’Henri Verneuil qui sont des coproductions franco italiennes transpirent le poliziottesco et le giallo.

Des acteurs étrangers (américains et français) viennent volontiers jouer dans ce genre typiquement italien.
Le cascadeur Remy Julienne et sa team sont souvent appelés pour gérer les cascades de ces films.

Le poliziottesco envoie des signaux plutôt de gauche à ses débuts, mais très vite il devient un genre marqué par l’idéologie ultra réactionnaire. Il devient un éxutoire face à l’incapacité de l’Etat italien à juguler les multiples violences (criminelles, mafieuses, politiques, terroristes) qui secouent le pays.
A savoir un flic qui doit sortir des contingences imposées par la société et sa hiérarchie pour se lancer dans une sorte de vengeance plus que dans une enquête policière.
Une photographie des années de plomb vues et souvent subies par les policiers. L’impuissance de la police qui se voit souvent contredite par la justice.
La solution proposée est donc un flic hors des clous qui devient policier, juge et bourreau. Quand ce n’est pas le citoyen qui se fait lui-même justice.

Le représentant du courant réactionnaire (voire néo-fasciste) du genre est l’acteur Maurizio Merli (1940-1989). Il sera la figure incontournable du genre, au milieu et fin des années 1970. Par trois fois il interprètera le commissaire Berti qui préfère sa justice à celle de la société dans « Rome violente » « Roma violenta » (1975) de Marino Girolami « S.O.S. Jaguar : Opération casseurs » (« Napoli violenta« ) (1976) d’Umberto Lenzi et  « Brigade spéciale en action » (« Italia a mano armata« ) (1976) de Marino Girolami. Mais l’essentiel de sa filmographie polizziotesque renvoie à ce type d’idéologie.

D’autres acteurs ont connu des moments de gloire dans ce genre typiquement italien. Par exemple Franco Nero « Le témoin à abattre » (« La polizia incrimina, la legge assolve« ) (1973) et « Un citoyen se rebelle » (« Il cittadino si ribella« ) (1974)  tous deux d’Enzo G. Castellari .
Ou l’acteur cubain Tomàs Miliàn (1933-2017) qui tourne dans des films policiers sérieux et joue indifféremment les flics « Les féroces » (« Liberi, armati e pericolosi« ) (1976) de Romolo Guerrieri ou les ordures « Brigade spéciale » (« Roma a mano armata« ) d’Umberto Lenzi. Il accompagnera la chute du genre dans des parodies de films policiers « Brigade antigang » (« Squadra antigangster« ) (1979 de Bruno Corbucci.

D’excellents musiciens illustrent le poliziottesco.
Parmi eux :
Ennio Morricone qui en faisant peu de films de ce genre compose néanmoins des musiques extraordinaires comme « La rançon de la peur » (« Milano odia: la polizia non puo sparare« ) (1974) d’Umberto Lenzi,
Luis Enriquez Bacalov et « Milan Calibre 9 » (« Milano calibra 9« ) de Fernadon Di Leo,
ou encore le plus volubile dans ce genre Stelvio Cipriani « Société anonyme anticrime » (« La polizia ringrazia« ) (1971), « Le grand kidnapping » (« La polizia sta a guardare« ) (1973), « La lame infernale » (« La polizia chiede aiuto« ) (1974), « La polizia ha le mani legate » (1975).

Le genre poliziottesco meurt au début des années 1980 comme est mort le western italien dix ans plus tôt dans des parodies et pantalonnades consternantes.

Le genre s’essouffle à la fin des années 1970 usé jusqu’à la corde (comme le western dit « spaghetti » et le giallo) à force de productions hasardeuses, peu ambitieuses et sans investissements financiers.
Les scénarios au kilomètre sont débités sur les écrans des cinémas. Et malgré une surenchère dans la violence et dans le spectacle notamment les course poursuites dans les rues des villes italiennes, les salles de cinéma sont peu à peu désertées par un public de plus en plus séduit par la télévision.

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