
Synopsis
L’inspecteur Philippe Maurin officier de police judiciaire, convoqué par la juge d’instruction pour ses liens troubles avec un indic et dealer surnommé Nounours, rentre chez lui. Froidement accueilli par sa femme, il se suicide à son domicile. Gérard Delvaux supporte mal le décès de son ami et collègue Philippe Maurin. Il reprend le bureau et le tampon d’OPJ mais aussi il reprend Nounours comme « cousin ». Mais il le protège de la juge d’instruction qui veut mettre la main dessus. Nounours ne bénéficie pas du même crédit avec Gérard Maurin qu’il avait avec Philippe Maurin. Gérard Delvaux s’aperçoit qu’avec son ami les limites entre policier et dealer étaient devenues très très minces…
CRITIQUE
Retour au film policier pour Alain Corneau (1943-2010) après trois longs métrages dont l’adaptation de deux romans « Nocturne indien« (1989) et « Tous les matins du monde » (1991) puis un film semi autobiographique, « Le nouveau monde » (1995).
Alain Corneau se trouve à la croisée des chemins : « Le nouveau monde » a été un échec public et son dernier film policier « Le môme » (1986) n’a pas non plus marqué les esprits.
Ce retour au genre policier est pour le réalisateur en renouant avec le genre qui l’a fait connaître par ses premiers films « Police Python 357 » (1976) et « La menace » (1977) est aussi pour lui une façon de renouer avec le public.
Pour cela il coécrit avec Michel Alexandre (ex flic de la BRB et des stups, reconverti dans le cinéma) et tourne un film policier de facture classique. Tout en soulevant le dilemne policier d’utiliser des indics sans tomber dans le deal de drogue et le recel de malfaiteur.
Après Coluche, c’est au tour d’Alain Chabat et Patrick Timsit de « faire leur Tchao pantin« . Expression du milieu du cinéma qui signifie que des acteurs comiques font leurs preuves de pouvoir être crédible dans des films dramatique à travers un rôle emblématique, en général dans un film policier comme André Bourvil dans « Le cercle rouge » (1970) de Jean-Pierre Melville. Mais c’est pour Coluche et « Tchao Pantin » (1983) de Claude Berri que s’est cristallisée l’expression.
Même si pour ces deux acteurs la preuve de leur talent dramatique est accomplie, cela n’aura pas le même retentissement que le film de Claude Berri.
Alain Chabat parvient à donner une dynamique à son personnage et une crédibilité. Pour Patrick Timsit c’est un peu plus délicat mais il parvient à lui trouver une démarche et un débit de parole, qui, alliés à l’écriture du personnage font que celui-ci trouve une belle épaisseur.
En voyant Marie Trintignant (1962-2003) le spectateur ressent combien elle manque au cinéma français et combien son lâche assassin, Bertrand Cantat, mérite un ressentiment éternel.
Alain Corneau et son scénariste essaient d’allier vie privé et vie de flic à l’écran. Ils y parviennent dès l’ouverture intense du film. C’est plus compliqué au long du métrage même si le spectateur saisit rapidement l’antinomie d’une carrière policière et d’une vie familiale. En revanche l’irruption du flic dans la vie de famille du cousin donne un sentiment étrange entre étonnement et questionnement sur la crédibilité de ces faits.
Le demi-échec de la dernière « affaire » du personnage qu’interprète Alain Chabat est plutôt une bonne idée qui change soit des échecs complets ou des réussites accomplies des fins des films policiers.
Il est regrettable qu’il n’y ait pas une musique (je ne parle pas des chansons d’Axelle Red et Khaled) qui souligne mieux certaines images.
Ce film est recensé dans la page : LE FILM POLICIER ET LE THRILLER FRANÇAIS DE 1945 à nos jours.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La scène du suicide du policier dès le début du film. Alain Corneau filme pour la première fois une réalité de la vie policière en France. Le spectateur met le doigt sur le drame familial que cela est. Scène immédiatement suivie par la cérémonie religieuse illustrée par la chanson « A quoi ça sert » d’Axelle Red qui là aussi marque le spectateur. Une chose est sûre, le film commence fort!
L’ANECDOTE
Le film est de nos jours tombé dans un certain oubli. Il mérite une réhabilitation.
NOTE : 14/20