Synopsis

Milan années 1970, 300 000 dollars qui circulaient dans la ville de la main à la main ont disparu. Malgré les efforts violents de Rocco Musco homme de main de « l’Américain » pour retrouver l’argent, qui s’achève par l’assassinat de trois petites mains du réseau… 3 années plus tard Ugo Piazza sort de prison. A sa sortie il est immédiatement pris à partie par Rocco Musco et deux sbires pour lesquels il est évident que seul lui peut avoir engourdi le pognon. Mais Piazza nie détenir les 300 000 dollars évaporés. Rocco Musco lui fait savoir que l’Américain n’a pas l’intention d’oublier cet argent et veut le rencontrer. Dans le vif échange Ugo Piazza a perdu ses papiers d’identité. Il se rend au commissariat où l’accueil lui est guère plus favorable…

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CRITIQUE

Si le film surfe sur le genre (filone en italien) poliziottesco, il reste cependant à la marge de celui-ci car les policiers, même s’ils sont deux, ne font guère d’enquête durant le film et passent le peu de temps qu’ils ont à l’écran à se déchirer politiquement. L’un étant de gauche et dénonçant la pêche aux petits poissons (les pauvres) laissant filer les gros poissons (les riches) qui usent et abusent du système en le pervertissant. L’autre semblant en accord avec la politique de la Démocratie Chrétienne (DC) et reprochant l’immobilisme de l’autre.

Le film décrit donc une guerre des gangs. L’un à l’agonie, ne subsistant qu’un ancien parrain aveugle et dépossédé de tout pouvoir, ayant auprès de lui un seul fidèle mais des plus redoutable. En face une bande qui tient la ville de Milan. Et au milieu un gangster seul qui cherche à survivre et va de l’un à l’autre dans le sens de ses intérêts.

Le film ne manque pas cependant de ressorts dramatiques en dépit d’un aspect policier en berne. Chaque personnage principal ayant une belle épaisseur.
Comble de bonheur le personnage féminin n’est pas présent à l’écran uniquement pour sa plastique. Barbara Bouchet à la plastique irréprochable certes fait une belle démonstration de go-go-dancing mais au fil du film montre qu’elle peut prétendre à des personnages bien plus travaillés.

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Le film de Fernando Di Leo (1932-2003) délivre un message assez pessimiste sur la violence des années 1970 en Italie, emprunte d’un certain nihilisme et d’un individualisme forcené. La scène de la destruction d’une bande organisée par un seul homme en est l’illustration.

Le réalisateur comme dans beaucoup de films de ce genre profite à plein des décors naturels que lui offre la ville de Milan et ses environs.

Le spectateur peut regretter l’aspect policier abandonné en rase campagne.

L’interprétation de Gastone Moschin (1929-2017) est réussie, mais pour le coup on retient celle de Philippe Leroy qui semble surgir d’un film de Jean-Pierre Melville. L’acteur américain Lionel Stander (1908-1994), comme bien de ses comparses en perte de vitesse aux Etats-Unis, cherche un second souffle à Cinecittà. Mario Adorf dont la filmographie est longue comme le bras, incarne un gangster de la vieille école fidèle et lié par la parole et l’honneur. L’acteur fait montre de montées de violences impressionnantes.  Enfin Barbara Bouchet voit son rôle prendre une belle dimension sur la fin du film et devient autre chose qu’un énième sex-symbol du cinéma italien de ces années-là.

La musique est signée au générique par Luis Enriquez Bacalov, mais c’est le groupe de rock progressif italien Osanna qui l’interprète. Superbe musique.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Ugo Piazza se rend chez Nelly, le magot enfin récupéré, mais ce qui l’attend n’est pas du tout ce qu’il avait prévu. Excellent retournement final qui rajoute de la dramaturgie.

L’ANECDOTE

Le filone poliziottesco dure 12 années. Il apparaît en 1968 avec « Bandits à Milan » de Carlo Lizzani et meurt comme le western italien dans la pantalonnade. Avec le plus souvent le réalisateur Bruno Corbucci et alternativement comme acteurs Bud Spencer ou Tomàs Miliàn.

NOTE : 13/20

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