Synopsis

France, Paris, années 1960, un dirigeant de la CIA, s’émeut du retour en grâce d’un dénommé Sadiel, condamné à mort dans un pays d’Afrique du Nord, qui négocierait son retour au pays. Mais ce retour signifierait pour ce pays un éloignement de la zone d’influence des États-Unis d’Amérique. Et par ces temps de guerre froide il n’est pas question de perdre un pays de cette région sous peine d’effet domino. Le colonel Kassar ennemi juré de Sadiel veut rencontrer en France Sadiel et demande un appui à l’État français pour que cette rencontre ait lieu. Profitant que Sadiel est à Genève, les services secrets français font pression sur un homme arrêté lors d’une manifestation. Un dénommé François Darien gauchiste ancien appui du FLN et ami de Sadiel. Son avocat lui propose d’aller voir un journaliste de l’ORTF Pierre Garcin, qui voudrait interviewer Sadiel. Mais c’est un traquenard qui est tendu aux deux amis…

CRITIQUE

Pour ceux qui ont quelques notions d’histoire française contemporaine, cela ne fera pas de doute, au bout d’une demi-heure ils auront compris qu’Yves Boisset nous raconte l’affaire Ben Barka (1920-1965) et ses turpitudes barbouzardes.

Malgré les noms changés, aucun doute n’est permis. C’était le temps où le cinéma français à l’étroit dans le pompidolisme puis le giscardisme, ruait dans les brancards et dénonçait des faits politiques assez nauséeux.

Le réalisateur s’entoure d’un scénariste blacklisté à Hollywood Ben Barzman, et du républicain espagnol et résistant FTP-MOI (Francs-tireurs partisans et main d’œuvre ouvrière immigrée) Jorge Semprun pour les dialogues et l’adaptation.

Yves Boisset rameute la crème des acteurs français ainsi que Gian Maria Volontè dans le rôle de Sadiel (Ben Barka), et Roy Scheider et Jean Seberg qui s’est orientée vers une carrière européenne.

L’ambiance du film est assez malsaine. Le journaliste américain se plaint de l’ambiance réactionnaire UDR (parti gaulliste entre 1967 et 1976 qui changea trois fois de dénomination tout en conservant les initiales du sigle) dans les cocktails parisiens.

La France telle que nous la montre Boisset et ses scénaristes. Entre guerre froide, et mainmise du pouvoir sur la police et la justice on sent un corset de plomb sur le pays.

Ennio Morricone signe une musique angoissante faite de dissonances. Difficile à entendre par elle-même mais qui accompagne remarquablement les images du film.

Bien entendu tout ce beau monde ne gagnera pas grand chose financièrement avec ce film mais aura fait œuvre de salubrité publique. Nous les en remercions donc.

Ce film est recensé dans la page : LE FILM POLICIER ET LE THRILLER FRANÇAIS DE 1945 à 2015.

 

 


LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

François Darien se retrouve chez un truand Antoine Aconetti, où le colonel Kassar interroge Sadiel. Lorsque François Darien croise le regard de Sadiel menotté, il comprend qu’il a été l’appât d’un piège pour son ami. Il ne peut soutenir son regard. Belle scène de Jean-Louis Trintignant.

L’ANECDOTE

Il va de soi que malgré le casting plus que prestigieux, le film a eu un mal fou pour être monté financièrement. Il a fallu demander aux acteurs de faire des sacrifices et se tourner vers des producteurs italiens et allemands pour boucler le tournage et la post production.

NOTE : 16/20

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