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Synopsis

Yves Boisset est décédé ce 31 mars 2025.

Jeune il s’intéresse au cinéma et écrit sur le 7éme art dans diverses revues. Il collabore aussi avec Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier à leur livre sur « 20 ans de cinéma américain ».
Puis il devient assistant réalisateur de plusieurs cinéastes : Sergio Leone pour « Le colosse de Rhodes » (1961), Jean-Pierre Melville pour « L’aîné des Ferchaux » (1963), Claude Sautet pour « L’arme à gauche » (1964), René Clément pour « Paris brûle-t-il? » (1966) et Riccardo Fredda pour « Coplan ouvre le feu à Mexico » (1966).

On lui confie la réalisation du prochain « Coplan » « Coplan sauve sa peau » (1968) production franco italienne de consommation « courante » qui trouve un beau succès en salles. Il continue dans un genre italien, le giallo, avec moins de succès. « Cran d’arrêt » (1969) avec Bruno Cremer ne fait pas partie du haut du panier des gialli. Il est même oublié.

Mais à partir du film prochain « Un condé » (1970) Yves Boisset commence à trouver sa patte et sa propension à avoir des soucis avec la censure. Le film passe deux fois devant la commission. Il allie avec bonheur la réflexion politique ou philosophique au service du spectacle. Ce qui lui assure la venue en salles du public et de l’intellegentsia de gauche qui lui assurera (pour une décennie) les critiques élogieuses.

L’année suivante il tourne à nouveau un polar politique qui se situe à Marseille « Le saut de l’ange » (1971). Malgré la présence de Sterling Hayden le film n’est pas aussi bon que le précédent.

Yves Boisset prend de l’envergure avec son prochain film « L’attentat » (1972). Film franco italo allemand et choral sur l’affaire Ben Barka. Barbouzerie et politique opportuniste font bon ménage. La distribution est impressionnante et le film qui ne recueuille pas un grand succès est cependant un marqueur du cinéma français.

Yves Boisset peut se targuer d’avoir tourné le premier film destiné au grand public ayant pour sujet la guerre d’Algérie. « R.A.S. » (1973) Bien entendu avec tous les ennuis possibles et imaginables durant le tournage (disparitions de bobines, tournage arrété) puis la sortie du film très mouvementée émaillée même d’attentats, pour finir par des procès.

En 1975 il tourne deux films « Folle à tuer » un thriller et « Dupont Lajoie » un des films les plus représentatifs du style Boisset qui évoque le racisme, le crime sexuel et la politique corrompue qui empêche la police de travailler. Le style est percutant, la critique de la France des congés payés, acerbe et ne fait pas dans la dentelle. La distribution est impressionnante. Jean Carmet y est odieux et génial.
Mais le film a le mérite d’exister et est considéré de nos jours comme un des plus importants du réalisateur.

Avec « Le juge Fayard dit « le shériff » » (1977) Yves Boisset reprend un de ses thèmes privilégiés : le film policier empéché par la politique. L’histoire se base sur des faits réels qui mènent à l’assassinat du juge Renaud à Lyon.
Yves Boisset fait incarner le juge par Patrick Dewaere et François Léotard interprète un flic aussi accrocheur que le juge. Le film évoque le Service d’Action Civique et donc: censure.
Yves Boisset prend un peu de recul avec « Un taxi mauve » la même année. Le film est une comédie dramatique qui a deux mérites celui d’être tourné en Irlande et celui d’y trouver la beauté de Charlotte Rampling. Mais le scénario ne passionne pas vraiment et se repose sur les interprétations des acteurs qui eux sont très bons.

Puis Yves Boisset s’égare avec un film méconnu (pour de bonnes raisons) « La clé sur la porte » (1978) qui malgré Annie Girardot et Patrick Dewaere ne décolle pas.

Avec « La femme flic » (1980) il recouvre le film policier. Miou-Miou y incarne une jeune femme policière qui se heurte à sa hiérarchie empéchée par le monde politique de mener une enquête sensible. L’enquête se situe dans un milieu pédopornographique du nord de la France. Le film s’inspire de la première affaire Jacques Dugué (il y en aura d’autres!).
Le film marque par sa photographie très grise. Et par l’interprétation de Miou-Miou.

En 1981 « Allons z’enfants » est un film antimilitariste qui a perdu de son mordant. Yves Boisset perd en pertinence dans ses films.

En 1982 « Espion lève-toi » permet à Yves Boisset de changer de genre. Il remplace Andrzej Zulawski à la demande de Lino Ventura. Le film d’espionnage n’est pas assez travaillé sur le plan du scénario et manque de grands moments cinématographiques. La musique d’Ennio Morricone sauve cependant quelque peu les meubles. Les interprétaions de Lino Ventura et Michel Piccoli sont, elles, remarquables.

Yves Boisset sort en 1983 son dernier grand film « Le prix du danger« . Film visionnaire sur la téléréalité qui n’en est qu’à ses balbutiements. Mais il faut rendre à Elio Petri ce qui lui appartient : ce dernier avec « La dixième victime » (« La decima vittima« ) (1965) l’avait largement devancé.
Le film est une satire de la télévision qui fait du spectacle pour attirer les foules et pour engranger de la publicité et du profit. A partir de ce postulat un jeu de chasse à l’homme mortel et truqué, animé par un personnage pervers n’est plus que l’expérience ultime du concept.
Le film se fait en grande partie démonter par la critique mais le public suit. Gérard Lanvin héros de ce jeu truqué y est impeccable.

« Canicule » (1984) avec Lee Marvin, Jean Carmet, Miou-Miou et Victor Lanoux est un polar qui se situe dans une ferme de la Beauce où un gangster se réfugie après un braquage. Mais cette ferme est habitée par des paysans redoutables et pervers. Le film dialogué par Michel Audiard n’a pas grand chose à proposer si ce n’est turpitudes et violences entre paysans et gangster américain.

La suite de la carrière d’Yves Boisset au cinéma ne sera plus aussi flamboyante.

1986 : « Bleu comme l’enfer« , 1988 : « La travestie« , 1989 : « Radio corbeau » et 1991 : « La tribu » seront 4 échecs artistiques et publics.
Yves Boisset n’a plus « la grinta » et ne trouve plus son style mordant, accrocheur et grand public.

Il se réfugie à la télévision pour laquelle il tourne des adaptations de fresques judiciaires (Affaire Dreyfus, Affaire Seznec) ou des biographies (Jean Moulin, Roger Salengro) mais aussi des téléfilms policiers.

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