Né Achod Malakian ce turc d’origine arménienne est réfugié avec sa famille à l’âge de 4 ans suite au génocide de 1915-1916 perpétré par le gouvernement turc de l’époque. Il débarque à Marseille avec sa famille. Il y fait des études et devient ingénieur des arts et métiers en 1943.

En 1947 il demande à Fernandel de bien vouloir tourner pour un court métrage sur Marseille intitulé « Escale au soleil« . Fernandel alors grande star du cinéma français accepte de tourner dans ce film de 26 minutes pour ce jeune réalisateur inconnu. Jusqu’en 1951 il poursuit les tournages de courts.

C’est Fernandel qui l’appuiera pour qu’il puisse tourner son premier long métrage avec lui en vedette. 1951 Henri Verneuil monte à Paris et tourne « La table aux crevés« , adaptation d’un roman de Marcel Aymé publié en 1929 et ayant obtenu le prix Renaudot. Avec Andrex, Delmont, et Fernand Sardou.

De 1952 à 1956 il tourne 6 longs métrages dont 5 avec Fernandel son acteur fétiche du moment. Parmi ces films trois comédies peuvent retenir notre attention: « Le boulanger de Valorgue« , « L’ennemi public n°1 » et « Le mouton à 5 pattes » pour ce dernier il signe le scénario et obtient son premier gros succès public.

en 1955 Henri Verneuil tourne deux drames: « Les amants du Tage » avec Daniel Gélin et Françoise Arnoul ainsi que « Des gens sans importance » premier film avec Jean Gabin et aussi Françoise Arnoul et Paul Frankeur.

En 1959 il retrouve Fernandel pour deux comédies: « Le grand chef » et ce qui sera leur plus gros succès « La vache et le prisonnier » les aventures et mésaventures d’un prisonnier de la seconde guerre mondiale et sa vache. Le plus gros succès en terme d’entrées au cinéma du réalisateur.

Ce film sera le premier film colorisé en 1990 avec la bénédiction de Henri Verneuil pour lui permettre un meilleur passage à la télévision. Le résultat est assez malheureux. Les couleurs sont lavasses et n’apportent strictement rien au film pas plus pour les passages télévisés qui ne verront pas leurs courbes d’audiences croître à la hauteur des espérances et de l’investissement. Cette petite mode durera une dizaine d’années et sera vite abandonnée pour son inefficacité financière et artistique.

En 1959 il retrouve un Jean Gabin en pleine forme pour un grand film dialogué par Michel Audiard d’après un roman de Georges Simenon avec Bernard Blier, Louis Seigner et Henri Crémieux « Le Président« .

Pour son troisième film en 1962 avec Jean Gabin, Henri Verneuil fait appel à Jean-Paul Belmondo icône de la Nouvelle Vague française qui éclate sur les écrans depuis deux ans, ainsi qu’à Suzanne Flon. Il adapte le roman d’Antoine Blondin « Un singe en hiver« . le duo Gabin-Belmondo fait des étincelles. Jean-Paul Belmondo deviendra l’acteur fétiche du réalisateur après Fernandel et Jean Gabin et tournera six autres films avec lui.

Mais l’année suivante ce n’est pas avec le représentant de la Nouvelle Vague qu’il tourne car il convie Alain Delon à partager la vedette avec Jean Gabin dans un thriller. Il s’agit du célèbre « Mélodie en sous-sol« . Ils seront accompagnés de Maurice Biraud, Viviane Romance et de Dora Doll.

1964 Henri Verneuil met en scène « Cent mille dollars au soleil » un film d’aventures dans le Sahara avec Jean-Paul Belmondo, Lino Ventura,  Bernard Blier, Andrea Parisy, Gert Fröbe et Reginald Kernan. Adaptation d’un roman de Claude Vieillot « Nous n’irons pas au Nigéria », Henri Verneuil qui a écrit le scénario en compagnie de Marcel Julian filme une poursuite en camions sur près de 2000 kilomètres comme un western. Le succès est aussi au rendez-vous. Les dialogues de Michel Audiard et la somptueuse musique de Georges Delerue n’y sont pas pour rien. Passons sous silence la version colorisée et catastrophique…

Parlons plutôt du film en couleur (le premier du metteur en scène) « Week-end à Zuydcoote » que Henri Verneuil tournera la même année que « Cent mille dollars au soleil« . C’est encore une adaptation d’un roman, de Robert Merle cette fois-ci. Film de commande il ne touche pas au scénario écrit par François Boyer et l’auteur du roman. Film au casting impressionnant qui fait de nouveau appel à Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Pierre Mondy, Marie Dubois, Catherine Spaak, François Périer, Georges Géret, et Pierre Vernier. Déjà sur l’affiche le nom de la vedette est aussi gros que celui du réalisateur. Film très coûteux qui se passe en juin 1940 alors que français et anglais sont encerclés sur les plages du Nord par les allemands. La seule issue: embarquer pour l’Angleterre mais il faut survivre aux bombardements incessants. Succès public.

1967 première production internationale pour Henri Verneuil. Il adapte à la demande du producteur Carlo Ponti, le roman de Virgil Gheorghiu « La 25ème heure« . Il a pour acteur principal Anthony Quinn et pour les deux hommes ce sera une grande rencontre. Comme actrice principale Virna Lisi. Avec aussi Serge Reggiani, Marcel Dalio, et Françoise Rosay.

Il enchaîne l’année suivante par un tournage au Mexique. Il tourne un western atypique qui se déroule au milieu du XVIIIème siècle. Et retrouve Anthony Quinn auquel il donne le rôle d’un peón hors-la-loi et prêtre malgré lui. Pour la première fois il fait appel à Ennio Morricone qui lui sert une Bande originale des plus magnifiques.
Il fera plusieurs fois appel au maestro pour illustrer musicalement ces films. « La bataille de San Sebastian » s’avère être un western digne des productions américaines.

Nous sommes en 1969 sur les radios et dans les salles de cinéma déferle une musique lancinante à base de synthétiseur, de guitare, de guimbarde, de cordes et de sifflets. « Le clan des siciliens » et son trio de stars françaises: Jean Gabin, Lino Ventura et Alain Delon (chacun le flingue à la main sur les affiches) cartonne. De nos jours la musique est sûrement plus célèbre que le film qui hélas a perdu de son attrait, s’avérant un peu mollasson. Mais à l’époque c’était un polar de grande facture avec spectacle, rebondissements et un côté glamour assuré par l’actrice Irina Demick. Le scénario est tiré du roman éponyme d’Auguste Lebreton sorti en 1967. Avec ce film Henri Verneuil atteint un statut unique de réalisateur populaire et spectaculaire, d’un grand faiseur et d’un cinéaste doué pour le genre policier. Cette aura lui pèsera quelques années plus tard se voyant cantonné toujours au même genre cinématographique. Film de Henri Verneuil le plus diffusé à la télévision.

En 1971 Henri Verneuil retrouve Jean-Paul Belmondo dans une adaptation d’un roman de l’américain David Goodis « The burglar » « Le casse » dans sa version cinéma. Jean-Paul Belmondo joue un cambrioleur aux prises avec un policier véreux d’Athènes interprété par Omar Sharif. Avec aussi à l’affiche Robert Hossein, Renato Salvatori, Nicole Calfan et Dyan Cannon. Le film est à nouveau musicalisé par Ennio Morricone qui une fois encore lui offre un tube. Musicalement très sixties et moins intéressant que « Le clan des siciliens« . Plus nerveux que le film précédent celui-ci néanmoins ne restera pas dans les annales. A noter une des premières poursuites en voitures, longue et spectaculaire de l’équipe de Rémy Julienne.

L’année suivante Henri Verneuil avec Gilles Perrault écrivain spécialiste des affaires d’espionnage, adapte un roman de Pierre Nord « Le treizième suicidé » qui sur la toile deviendra « Le serpent » histoire de la manipulation via un transfuge du KGB aux Etats-Unis. Henri Verneuil fait appel à de grandes stars américaines et anglaise: Henry Fonda, Yul Brynner, Dirk Bogarde et aussi Philippe Noiret, Michel Bouquet, André Falcon et Virna Lisi. Henri Verneuil fait un film à l’américaine. Son intrigue tient bien la route et donne à l’espionnage un aspect très feutré et réaliste. Pour ce film Ennio Morricone (encore lui) lui concocte une bande originale plus mélancolique et contenant beaucoup de musique abstraite à base de sifflement.

1975 : Le système Cerito Films/Belmondo/René Chateau (production et distribution) est mis en place. Depuis « Le magnifique »  dans les films avec Jean-Paul Belmondo à l’affiche l’acteur sera le seul mis en valeur. Il ne tournera que des films (comédies ou policiers) dits « grand public ». L’échec de « Stavisky » film un peu plus expérimental de Alain Resnais a échaudé l’acteur. Henri Verneuil se coule merveilleusement dans ce moule et avec « Peur sur la ville » signe un de ses meilleurs opus. Jean-Paul Belmondo fait les cascades lui-même, sur la façade d’un immeuble, sur les toits de Paris, sur une rame de métro en marche, ou depuis un hélicoptère. Il le fait savoir aussi. Les médias s’emparent du phénomène Belmondo cascadeur. Ennio Morricone (toujours lui) à la partition quant à lui signe une de ses meilleures musiques. Celle-ci d’ailleurs n’a pas qu’un rôle illustratif. Elle est actrice dans le film.

Il retrouve l’année suivante son acteur fétiche pour un film moins spectaculaire: « Le corps de mon ennemi« . Il retrouve aux dialogues Michel Audiard. le film se déroule dans une ville quasi déserte du nord de la France car c’est jour de match de football. Le personnage de Jean-Paul Belmondo déambule à la recherche de la vérité sur son arrestation et son emprisonnement durant sept années alors qu’il était innocent de ce dont il était accusé. et d’une vengeance. Film atypique de Henri Verneuil qui cherche à se démarquer de ses films précédents. Francis Lai illustre le film avec un certain bonheur. Peut-être le meilleur film du réalisateur. Mais le film sans être un échec ne fait pas un nombre d’entrées auquel étaient habitués le duo Verneuil-Belmondo.

1979 : Henri Verneuil tourne « I…comme Icare » un film qui fait grandement référence à l’assassinat du président américain John Fitzgerald Kennedy et à la thèse du procureur de la Nouvelle Orléans Jim Garrison, mettant en avant la théorie d’un complot et non d’un tireur isolé. Yves Montand campe admirablement un procureur acharné à connaître la vérité. Le film est un peu brouillon et s’attarde beaucoup trop sur l’expérience scientifique de Stanley Milgram sur le niveau d’obéissance des individus. On sent que c’est un sujet qui a passionné le réalisateur mais le rythme du film s’en trouve alourdi et des incohérences scénaristiques nuisent à la tenue du film. Ennio Morricone signe sa dernière bande originale pour Henri Verneuil. C’est encore une musique entêtante qui restera dans les mémoires des cinéphiles.

En 1982 Henri Verneuil tourne « Mille milliards de dollars » il s’est inspiré de la firme américaine ITT démantelée en 1995 et ayant voulu dans les années 1970 provoquer un coup d’Etat au Chili où elle détenait une majorité de la compagnie téléphonique Chitelco. ITT voyait d’un très mauvais œil l’arrivée au pouvoir du socialiste Salvador Allende et a appuyé le coup d’Etat militaire d’. Par ailleurs ITT a été accusée de trafic d’armes et ses dirigeants jugés en 2007 par une cour aux Etats Unis. Henri Verneuil prend pour héros un journaliste interprété par Patrick Dewaere peu de temps avant sa mort en juillet 1982. Avec aussi Charles Denner, Michel Auclair, Mel Ferrer, Caroline Cellier, Anny Duperey et Jeanne Moreau. Ce film qui dénonce avant l’heure la mondialisation capitaliste et les perversions qui vont avec, a reçu un accueil mitigé des spectateurs.

Henri Verneuil en 1984 s’offre une récréation avec Jean-Paul Belmondo en tournant une comédie « Les morfalous » d’après un roman de Pierre Signac. Ce film raconte le casse d’une banque en Tunisie par des légionnaires. Dialogues hilarants de Michel Audiard. Acteurs au diapason autour de Jean-Paul Belmondo: Michel Creton, Michel Constantin, Jacques Villeret, Marie Laforêt et François Perrot. Même si le film s’essouffle quelque peu sur la fin c’est un bon spectacle cinématographique de ce réalisateur si peu apprécié des critiques qui ne le trouvaient pas assez raffiné. On rit beaucoup et l’intrigue tient la route. Seule la fin déçoit énormément. Les spectateurs font de ce film le dernier succès de Henri Verneuil.

rueducine.com-henry-verneuilL’œuvre de Henri Verneuil s’achève par un diptyque en 1991-1992. Il adapte ses deux romans quasi autobiographiques « Mayrig » qui signifie maman en arménien et « 588, rue Paradis« . Ces deux films sortis à 4 mois d’intervalle, qui retracent malgré des variantes son parcours et celui de ses parents ne rencontrera pas le public escompté. Malgré les qualités intrinsèques de cette œuvre plus personnelle, et la présence de Omar Sharif et de Claudia Cardinale dans le rôle des parents tandis que Richard Berry joue son rôle, le réalisateur n’était pas attendu avec de tels films. Pour l’anecdote Henri Verneuil voulait que Ennio Morricone musicalise ce diptyque. Il l’invite un soir chez lui et commence à lui raconter l’histoire du film. rueducine.com-cesarMais il est tard et Ennio Morricone est un couche-tôt et s’endort durant le récit… Il n’y aura pas de musique d’Ennio Morricone.

Henri Verneuil ne reprendra plus la caméra jusqu’à son décès en 2002. Entre temps en 1996 il obtiendra un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

En 2000 il est élu à l’Académie des Beaux-Arts.

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1 Comments

  1. mes 18 février 2022

    merci infiniment monsieur Henri pour tout ces films que vous avez tourné avec les plus grands acteurs et actrices j'ai beaucoup aimé vos films et scenarios reposez vous en paix et tranquille