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Synopsis

Ennio Morricone est mort le 06 juillet 2020. Un immense compositeur quitte la scène et le cinéma.

C’est lui qui a donné au western italien son identité musicale, alors que Sergio Leone (un camarade d’école, d’Ennio Morricone) lui a donné son style visuel. rueducine.com-oscar1

En 2007 il reçoit des mains de Clint Eastwood un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

C’est aussi un grand compositeur de musique contemporaine, dont il a parsemé des morceaux dans ces musiques de films, notamment dans les giallis (polars horrifiques italiens des années 1970…) comme par exemple «Le chat à neuf queues» , «L’oiseau aux plumage de cristal» , «Mais qu’avez-vous fait à Solange?».

La force de sa composition est basée sur une culture musicale éclectique : Une solide formation classique à l’Académie Santa Cecilia de Rome où il recevra les cours du grand compositeur Goffredo Petrassi. Il y rencontrera un autre élève Bruno Nicolai qui sera son proche collaborateur pendant une vingtaine d’années.
Ses études musicales à l’Académie seront couronnées des diplômes de composition, d’instrumentation (trompette) et de direction d’orchestre. Il a aussi étudié la musique chorale et la direction de chœurs.

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Ces études lui permettront de travailler avec le chœur « I Cantori moderni » d’Alessandro Alessandroni, qui est aussi compositeur et multi instrumentiste. Les sifflets entendus dans les partitions d’Ennio Morricone (notamment les westerns) sont d’Alessandro Alessandroni.

I Cantori moderni est un octet de chanteurs parmi lesquels Alessandro Alessandroni, la grandissime soprano Edda Dell’Orso qui sera la voix féminine des grands airs romantiques du maestro Morricone.

Une autre membre d’i Cantori moderni, Gianna Spagnulo fera quelques solis pour le compositeur notamment « Navajo Joe« rueducine.com-navajo joe (1966) de Sergio Corbucci où sa voix rauque fait des merveilles.

Ennio Morricone devient un grand compositeur de musique contemporaine. Il est membre en tant que trompettiste et  co-compositeur du groupe Nuova Consonanza, groupe d’improvisation, de composition et d’exécution de musique contemporaine. Ce groupe a participé à quelques enregistrements de ses musiques de film notamment sur des giallis comme « Gli occhi freddi della paura« .

Mais ne pouvant vivre de ses créations, il se dirige d’abord vers l’orchestration et la direction d’orchestre pour la variété de la fin des années 1950 à début 1960, accomplissant un travail énorme et se faisant une renommée qui déborde jusque dans le milieu du cinéma. C’est son travail de modernisation des orchestrations pour la variété qui lui donnent une renommée.

C’est Mario Nascimbene qui lui met le pied à l’étrier en lui permettant de co-composer deux films. « Morte di un amico » (1959) de Franco Rossi et « Barabbas » (1961) de Richard Fleisher.

C’est ainsi que le réalisateur Luciano Salce le contacte pour mettre en musique son film « Il federale » (1961). Il enchaîne pour le même réalisateur « La cuccagna » (1962) et « Elle est terrible » (« La voglia matta« ) (1962) Il compose pour le film de Bernardo Bertolucci « Prima della Rivoluzione« , Camilo Mastrocinque et Lina Wertmüller « I basilischi« . rueducine.com-duello-nel-texasPuis en 1963 sous le pseudonyme italo américain de « Dan Savio » il compose pour le western « Duello nel Texas » de Ricardo Blasco qui est déjà sa 10ème partition pour le cinéma. Musique qui fait se déplacer Sergio Leone à la  recherche d’un musicien pour son film « Per un pugno di dollari » (1964).

Quand Ennio Morricone reçoit pour la première fois Sergio Leone chez lui, en se dévisageant ils s’aperçoivent qu’ils ont été dans la même classe de 5ème de l’école primaire Saint François de Salle à Rome.
Sergio Leone dit à Ennio Morricone qu’il n’a pas aimé la musique de « Duello nel Texas« .

Mais qu’il est prêt à travailler avec lui pour un western qu’il veut rapprocher de l’opéra. Et pour cela il a besoin de lyrisme ainsi que d’une variété de rythmes et de mélodies. Les deux hommes travaillent sur la musique avant l’écriture du scénario. Ce qui permet au réalisateur d’avoir une idée du rythme à adopter selon les scènes et les morceaux de musique développés.
Ce système sera la marque de fabrique des deux hommes. Plus tard sur le set de tournage de « Il était une fois dans l’ouest » (1968), « Il était une fois… la révolution » (1971) et « Il était une fois en Amérique » (1983) le tournage se fera en musique.

Sa renommée deviendra telle qu’Ennio Morricone devra beaucoup déléguer.
Ainsi dans les années 1970 où il abat un travail de titan il peut composer jusqu’à 15 musiques de films par an. Il confie la direction de l’orchestre ainsi que les orchestrations à Bruno Nicolai (lui aussi compositeur de musiques de films mais qui n’a pas son aura). Morricone se dédiant avant tout à la composition.
Avec Alessandro Alessandroni et Nicola Samale ils formeront un pool créatif des plus extraordinaires en quantité et qualité.
Ses solistes seront dans ces années là toujours les mêmes. Les uns les autres s’échangent des idées, et la musique de Bruno Nicolai pour le cinéma bénéficie pour beaucoup de cette fréquentation quasi quotidienne du maestro.

En 1970 Ennio Morricone, Armando Trovajoli, Luis Enriquez Bacalov et Piero Piccioni fondent le Forum Music Village. Enorme studio d’enregistrement situé Piazza Euclide à Rome sous la Basilica del Sacro Cuore Immacolato di Maria. S’y joignent Bruno Nicolai, les ingénieurs du son Sergio Marcotulli et Pino Mastroianni ainsi que le manager Enrico de Melis.
Ainsi ils donnent-ils les moyens d’enregistrer leurs partitions avec le son qu’ils maîtrisent totalement. Ils peuvent aussi utiliser le grand orgue de la basilique relié au studio d’enregistrement.

Ennio Morricone s’appuie sur quelques solistes avec lesquelles il s’entend à la perfection sur le plan musical.
Le pianiste Arnaldo Graziosi puis Gilda Buttà qui suivra le maestro dans ses tournées internationales, les flutistes Marianne Eckstein puis Paolo Zamini, Giorgio Carnini à l’orgue, Bruno Battisti D’Amario à la guitare électrique, Dino Asciolla au violon alto, pour lequel il composera « Suoni per Dino » pour violon alto  et deux magnétophones. Et bien sûr Alessandro Alessandroni, la soprano Edda Dell’Orso.
Pour les musiciens de l’orchestre il puise dans le viviers des centaines d’instrumentistes romains qui appartiennent à divers orchestres de la capitale italienne.

Une brouille au début des années 1980 à propos de musiques revendiquées par Nicolai et composées par Fiorenzo Carpi (ami de Morricone) fait cesser cette remarquable association. Le rythme des créations baissera de beaucoup. Ennio Morricone composera, orchestrera et dirigera dorénavant toutes ses colonne sonore.

Ennio Morricone révolutionne la musique de western en introduisant des thèmes d’un très grand lyrisme soulignés par des voix humaines qui indiquent soit la sauvagerie, soit le romantisme, mais aussi des effets sonores de bruits (coups de fouets, sons de cloches, cris d’animaux comme des braiments d’ânes ou des hurlements de coyotes, sifflements, klaxon d’automobile, gouttes d’eau). Ennio Morricone travaille sur des orchestrations plus restreintes que les orchestrations symphoniques américaines des Dimitri Tiomkin et Max Steiner, (entre douze et quinze musiciens) introduisant aussi des instruments inattendus comme la guitare électrique l’orgue, des mandolines ou des guimbardes.
Il n’hésite pas non plus à amplifier les sons ou les faire réverbérer. Enfin il crée un thème pour chaque personnage central des westerns. Chose jusqu’à présent jamais entendue. Sa musique de western du film « Il était une fois dans l’ouest » est la plus magnifique et caractéristique. Elle peut alors devenir ironique (thème de Cheyenne), romantique (thème de Jill), dramatique (thème d’harmonica) ou sauvage (thème du massacre).

Ce sont les trois premiers westerns de Sergio Leone qui ont donné sa renommée mondiale à Ennio Morricone. Il a écrit d’autres grandes musiques pour ce genre comme « Le dernier face à face » (1967) de Sergio Sollima « Le grand Silence« rueducine.com-il-grande-silenzio (1968) de Sergio Corbucci. Il a même accepté de travailler pour un western américain de Don Siegel « Sierra torride » (1970) exception a une règle qu’il s’était fixé de ne pas travailler pour ce genre de films aux Etats-Unis.

Le couple réalisateur/musicien, Sergio Leone/Ennio Morricone deviendra un des plus célèbre du cinéma comme celui de Alfred Hitchcock/Bernard Herrmann, ce dernier finissant par un divorce sur le film « Le rideau déchiré« .
La mort de Sergio Leone en 1989, interrompra une relation unique et si bénéfique pour le cinéma.

Mais Ennio Morricone a formé d’autres couples de cinéma moins célèbres car ne touchant pas au genre western et donc moins exportés mais tout aussi fondamentaux dans sa créativité.

Ennio Morricone a travaillé avec de grands réalisateurs italiens hormis Federico Fellini resté fidèle à Nino Rota puis à la mort de ce dernier, ne fit jamais appel au maestro. Hormis aussi Luchino Visconti qui s’est tourné vers la musique classique, et Pietro Germi fidèle à Carlo Rustichelli.

rueducine.com-la-califfa-Une des caractéristique du maestro (et non des moindres) est qu’il n’a pas hésité à travailler pour des réalisateurs méconnus, des petits maîtres ou des tâcherons voire aussi sur des films ratés. Sa musique permet d’élever les films de façon spectaculaire quitte à ne se souvenir plus que d’elle seule « Cœur de mère » (« Cuore di mamma« ) (1969) de Salvatore Samperi, « 5 hommes armés » (« Un esercito di cinco uomini« ) (1969) de Don Taylor, « La califfa« 

(1970), et « Questa specie d’amore » (1972) tous deux d’Alberto Bevilacqua « Verushka » (1971) de Franco Rubartelli, « Maddalena » (1971) de Jerzy Kawalerowicz, « La fille » (« Cosi come sei« ) (1978) de Alberto Lattuada… les exemples sont multiples. Grâce à ses mélodies, il a sauvé bien des films qui seraient tombés dans l’oubli.

Valerio Zurlini, Gillo Pontecorvo, Luigi Comencini, Paolo et Vittorio Taviani, ont fait appel à sa musique. Mais le maestro a souvent écrit pour de jeunes réalisateurs qui par la suite n’ont plus forcément fait appel à lui. Comme Aldo Lado « Qui l’a vue mourir » (« Chi l’ha vista morire?« ) (1972), ou encore le roi du giallo Dario Argento « Le chat à neuf queues« rueducine.com-Il-Gatto-A-Nove (« Il gatto a nove code« ) (1971).rueducine.com-le clan des siciliens-ennio morricone

Mais il a aussi une extraordinaire carrière internationale

Ennio Morricone a aussi écrit pour des productions espagnoles, portugaises, tchécoslovaques (à l’époque), hongroises, hollandaises, belges ou  britanniques.

Ennio Morricone a visité tous les genres: Policier (Poliziottesco), Thriller, Politique, Mafia, Espionnage, Comédie, Drame, Erotique, Heroic Fantasy, Horreur, Giallo, Anticipation, Science fiction, Aventures… Il est passé à côté d’un seul genre pourtant fameux dans son pays et à une époque où il était prolifique (il composait en moyenne pour une douzaine de films par an) c’est la comédie à l’italienne où se sont illustrés Armando Trovajoli, Piero Piccioni et Carlo Rustichelli.

Parmi ses grandes musiques outre celles notées précédemment, on peut citer:

    • rueducine.com-il-buono-il-brutto-il-cattivo« Le bon, la brute et le truand » (1966), la musique la plus appréciée du maestro par les cinéphiles amateurs d’Ennio Morricone, la voix d’Edda Dell’Orso y fait une première apparition en tant que soliste qui entre dans les mémoires. Elle appuie la musique hallucinante de « L’estasi dell’oro » et montre ses capacités incroyables pour moduler sa voix entre grave set aigus. Ennio Morricone subjugué utilisera cette voix sur des dizaines de bandes originales.
    • « Un coin tranquille à la campagne » (« Un tranquillo posto di campagna« ) (1968) chef d’oeuvre de musique contemporaine et dissonante,
    • « Le grand Silence » (« Il grande Silenzio« ) (1968) de Sergio Corbucci. Western noir sur fond de neige. La musique du maestro sort des musiques de western auxquelles il nous a habitué pour une inspiration plus feutrée qui rappelle le pas des chevaux dans la neige et le bruit des éperons. Un thème d’amour d’un romantisme inédit pour un western italien sublime le tout.
    • « La cosa buffa » (1972) de Aldo Lado très lyrique, avec un gros travail sur les pizzicatis des violons et soutenue par les voix de I Cantori moderni
    • « Mon nom est personne » (« Il mio nome è Nessuno« ) (1973) de Tonino Valerii. La fin du western italien dit « spaghetti ».On peut dire que la musique du maestro domine de la tête et des épaules le film. La musique entre plus facilement dans la mémoire collective que le film lui-même. Un générique percutant, une reprise d’un air classique célèbre, beaucoup de fantaisie, et d’inventivités dans les orchestrations. Un travail remarquable.
    • « La grande bourgeoise » (« Fatti di gente perbene« ) (1974) avec un violoncelle mélancolique et une orchestration corde plus piano des plus sensibles.
    • « Le désert des tartares » (« Il deserto dei tartari« ) (1976) de Valerio Zurlini empreint d’une belle mélancolie. Ennio Morricone a parfaitement retranscrit cette attente interminable dans ce désert à guetter un ennemi. Il n’hésite pas à employer le synthétiseur avec des instruments plus traditionnels.
    • « Opération Ogre » (« Ogro« ) (1979) de Gillo Pontecorvo avec une ligne de basse au piano qui fait office de percussion mise en avant sur le reste de l’orchestre. Très spectaculaire.
    • « Il était une fois en Amérique » « Once upon a time in America » (1983) de Sergio Leone avec un « Deborah’s theme » beau à tomber par terre. La voix de la cantatrice Edda dell’Orso (maintes fois utilisée par Ennio Morricone et ses collègues Bruno Nicolai, Armando Trovajoli, et bien d’autres) trouve ici une délicatesse et une plénitude jamais atteinte.
    • « Kalidor » (« Red Sonja« )
      rueducine.com-red-sonja(1985) de Richard Fleischer nanar du genre heroic fantasy, mais chef d’œuvre musical avec une symphonie de 16 minutes 40 secondes grandiose, et un orchestre symphonique où cordes et cuivres rivalisent d’agressivité auquel s’ajoute un chœur. Rarissime en cd.
    • « Mission » (1986) de Roland Joffé. Le film allie chœurs ethniques et une inspiration symphonique mais aussi catholique. Le maestro vivra comme une injustice de ne pas recevoir un Oscar pour cette œuvre unanimement saluée.
    • « Pereira prétend » (« Sostiene Pereira« ) (1995) de Roberto Faenza, avec un superbe thème composé de mano percussion pour la rythmique et d’une guitare et clarinette pour le chant. A noter aussi une chanson interprétée par Dulce Pontes.
    • « Bulworth » (1998) de Warren Beatty.  Le film n’est accompagné que d’un seul morceau de plus de 18 minutes qui est saucissonné dans le film. Cette suite musicale contient un duo entre Edda Dell’Orso et Amii Stewart, l’une incarnant la musique blanche et l’autre avec sa voix gospel la musique noire. Le film est l’histoire d’un politique blanc qui tombe amoureux d’une fille du ghetto noir de Los Angeles.
    • « Malèna » (2000) de Giuseppe Tornatore. Avec un fantastique tango décliné en diverses orchestrations, qui reprennent les pas de Monica Bellucci traversant la place du village. Du grand art!
    • « 72 metra » (2004)
      rueducine.com-72-metrade Vladimir Khotinenko dont le film retrace le naufrage du sous marin nucléaire russe « Koursk ». La musique dramatique du maestro colle parfaitement à la dramaturgie.
  • « Baaria » (2010) de Giuseppe Tornatore. La symphonie consacrée à la ville sicilienne avec ses bruits d’ambiance nous replonge dans la Sicile des années 1950. Sensationnel!

Ennio Morricone a aussi beaucoup composé pour des séries télévisées ou des téléfilms. La plus célèbre de ses compositions est pour la série « La mafia » (« La piovra ») (1986-2001). Il composera pour les saisons 2 à 7 puis 10.

On peut aussi citer « Orient Express » (1980), « Marco Polo » (1982-1983), « Via mala » (1985), « Embarquement pour l’enfer » (The Achille Lauro affair ») (1990), « Cacciatori di navi » (1990), « Piazza di Spagna » (1993), « Nostromo » (1996), « Ultimo » (1998-2013), « Musashi » (2003), « Karol, l’homme qui devint pape » (2004), « Karol, le combat  d’un pape » (2005), « Giovanni Falcone , « L’uomo che sfido Cosa Nostra » (2006), « L’ultimo dei Coleonesi » (2007), « Come un delfino » (2011), « Paolo Borsellino – i 157 giorni » (2012)…

Ennio Morricone qui a travers ses 523 musiques de films sur plus de 50 années de travail a donc traversé plusieurs genres, plusieurs modes musicaux. Cependant il a su se les approprier. Il a écrit des bossa-novas somptueuses, des rock psychédéliques incroyables, et de la pop easy listening remarquable.

Ce compositeur qui mettait la musique atonale au sommet de son art, a pour le cinéma su mettre ses élans élitistes dans sa poche pour sortir une foisont de mélodies toutes plus exceptionnelles les unes aux autres.
C’est d’autant plus remarquables qu’il les signe toujours d’une empreinte nostalgique. La musique d’Ennio Morricone n’est jamais purement joyeuse. Elle contient toujours une part d’ironie, ou de mélancolie.
Ses plus belles mélodies sont bien souvent accompagnées de cordes (dites floues) qui s’entremêlent et en fond jouent une dissonance sur le thème principal. Voilà la patte Ennio Morricone.

Il est à noter enfin qu’un des tours de force du maestro c’est de composer pour un film tout en faisant de sa musique une œuvre qui la plupart du temps peut vivre sans le film. Une prouesse que peu de musiciens spécialisés dans la musique de film parviennent à faire.
Son sens du cinéma lui permet ainsi de servir le film pour lequel il travaille, tout en faisant de chaque musique qu’il écrit, une pierre supplémentaire de sa propre œuvre.
Son sens immense de l’orchestration lui permet avec deux thèmes déclinés à l’envi, de sortir un album de musique sans permettre à l’auditeur la moindre lassitude. Exemple « La cosa buffa« .

Il a composé aussi des pièces de musique qu’il appelait « absolue » en opposition à la musique « appliquée » pour le cinéma.
Cantates, musiques de chambres comme « Cantata per Europa » (1988) ou « Voci dal silenzio » (2002).  Mais aussi une messe pour le pape François « Missa Papae Francisci ». Sa culture catholique influence ces compositions. Il travaille beaucoup pour de la musique accompagnée par des chœurs. Ses musiques contemporaines sont assez ardues à l’écoute pour qui n’est pas familiarisé à la musique dissonante.

Depuis le début des années 2000 il a levé le pied sur la composition pour le cinéma. Il s’est aussi un peu plus orienté vers la musicalisation d’œuvres pour la télévision italienne. Sûrement pour des questions de productions, le cinéma italien étant sérieusement malade.
Il s’est aussi  lancé dans des tournées surtout en Europe de l’Est. Il a sorti un DVD intitulé « Arena Concerto » et j’invite tout le monde à se le procurer. En 2007 pour célébrer l’entrée du nouveau secrétaire général de L’O.N.U. Ban Ki Moon, il donne un concert de musique sacrée contemporaine de sa composition, au sein du bâtiment à New York.
Le 10 septembre, Place Saint Marc à Venise il enregistre son « Concert pour la paix » en hommage aux morts du World Trade Center dont il édite un DVD.

Dans le cadre d’une vaste tournée mondiale qui s’étalera sur plusieurs années, en février 2014 il donne un concert à Bercy à Paris, le 5 juillet de la même année il poursuit sa tournée des arènes avec celles de Nîmes.

Ennio Morricone est un des compositeurs dont l’œuvre est la plus samplée dans les musiques électroniques, ou bien reprise pour illustrer des reportages à la télévision, ou utilisée comme illustration de spots publicitaires radio ou télé. Elle peut être aussi réinterprétée pour d’autres films. Ainsi le morceau de « The braying mule » du film  « Sierra torride » (« Two mules for sister Sara« ) (1970) de Don Siegel est-il réécrit par Hans Zimmer pour « Sherlock Holmes : jeu d’ombres » (2011) de Guy Ritchie.

Il cède parfois des morceaux utilisés pour des films pour illustrer d’autres films. Ainsi a-t-il cédé certains enregistrement de musiques de western (1967) pour « Kill Bill vol.1 » (2003) et « Kill Bill vol.2 » (2004) de Quentin Tarantino.

Sa tournée mondiale commence à le fatiguer ce qui à l’âge respectable de 87 ans est plus que compréhensible. Mais ayant toujours l’énergie pour composer, il alterne donc sessions en studio à Rome et quelques dates de concert à travers le globe.
Ainsi en 2015 il compose pour deux réalisateurs français. Laurent Merlin pour « L’enfant du Sahara » etrueducine.com-Hateful-eight « En mai fais ce qu’il te plaît » de Christian Carion. Les deux films ne trouvent pas leur public.

Cette même année après une légère brouille il se rabiboche avec Quentin Tarantino qui décidément ne peut se passer du maestro. Mais celui-ci exige d’être l’unique compositeur sur le film et impose au réalisateur une musique composée pour le film. Tope-là!
Ennio Morricone surprend tout le monde y compris Tarantino, pour lequel il compose une musique très éloignée des musiques de westerns italiens qui l’ont rendu célèbre et dont Tarantino piochait allègrement dedans pour illustrer ses films précédents. Mais la noirceur est bien dans la musique ainsi que la neige. Bref le maestro frappe fort.
rueducine.com-oscar1Résultat : Oscar de la meilleure musique de film décerné en 2016 pour le western « The Hateful eight« .
Cette statuette compense en partie l’incroyable injustice qui a sévi sur son œuvre outre atlantique pendant des années.
Et les deux hommes se quittent sur la promesse d’un prochain film illustré par la musique de Morricone mais composée bien en amont du tournage… Promesse non tenue.
Une chute fatale du maestro lui brise le fémur. Il décède en toute lucidité non sans avoir rédigé un adieu poignant à sa famille.

Parmi les trophées remportés par le maestro nous pouvons dénombrer: 3 Golden Globe, 6 BAFTA, 10 Davide di Donatello, 11 Nastri d’Argento, 2 European Film Award, 1 Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière, et 1 Polar Music Prize.

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